Jean François Billeter.
Le titre est une allusion à l'"Aurélia" de Gérard de Nerval où le poète raconte sa quête d'une femme inconnue et la folie qui s'empare de lui. Ce drame personnel lui ouvrit de nouvelles portes à la connaissance des "mystères de notre esprit", nota-t-il. Jean François Billeter raconte, lui, une femme qui a existé, qu'il connaît intimement, qui est bien présente, et un homme sain d'esprit même si cette mort le bouleverse complètement. Il parle bien sûr de lui et de Wen mais de façon universelle. "De tels bouleversements", écrit-il, sont riches en enseignements d'une portée plus grande. Ils nous apprennent de quoi nous sommes faits."
On lit cette succession de notes, parfois plusieurs par jour, la plupart du temps assez brèves, quelques lignes formant un court paragraphe, mais s'étendant de temps en temps sur l'espace d'une page. On y découvre une femme exceptionnelle et aussi humaine, un homme désemparé, plein de souvenirs, l'amour qui les a unis, les projets qu'ils ont eus. Pas d'exhibitionnisme dans la douleur mais l'impression qu'elle nous est donnée en partage, comme une étape avant une acceptation du destin et une capacité à vivre à nouveau. Parce que les épreuves, si on accepte de nous y confronter, nous apprennent "de quoi nous sommes faits". Avec le temps de l'apaisement, les notes s'espacent mais Wen reste toujours aussi présente. Quel couple que celui qui se dessine en filigrane!
Pour lire le début d'"Une autre Aurélia", c'est ici.
Et aussi
1. "Tout un monde lointain", Célia Houdart, P.O.L.
2. "Madone", Bertrand Visage, Seuil
3. "Point Cardinal", Léonor de Récondo, Sabine Wespieser Editeur
4. "Mon autopsie", Jean-Louis Fournier, Stock
5. "La beauté des jours", Claudie Gallay, Actes Sud
6. "Traité des gestes", Charles Dantzig, Grasset