En vente sur Amazon Auteur : Luc Doyelle Édition Laura Mare Paru le : 01 Décembre 2010 296 pages numérique (mobi) Thème : Polar selon Lucius (autant dire avec une belle pointe d'humour!) ******* Résumé : « Le polar selon Lucius... |
17/20
J'ai découvert l'auteur ou plutôt l'un de ses livres par le biais du site simplement. J'ai beaucoup aimé son style et la manière d'écrire un livre sans prise de tête, enfin je le vois ainsi. C'est donc tout naturellement que j'ai accepté sa seconde proposition pour ce polar/policier/humoristique.
Le polar selon Lucius...
« Aujourd’hui. Le temps s’étire comme Véronique et Davina avant une séance d’aérobic. Ma cellule accueille tous les matins quelques rayons de soleil, lorsque celui-ci daigne me faire l’honneur de sa présence. Je saute alors de ma couche et enchaîne quelques centaines de pompes et autant d’abdominaux. Bon, je vous l’accorde : quelques dizaines de pompes. Allez, quelques pompes, et c’est mon dernier mot. Je pense à l’Amie. Souvent. Je sais qu’elle m’attend, qu’elle sera là lorsque je sortirai. J’espère qu’elle sera là. Je me demande si elle sera là ! Alors je m’octroie à nouveau quelques centaines… quelques pompes. Les non sportifs doivent comprendre que la pompe est une merveilleuse invention consistant à puiser le sang du cerveau pour le pulser dans les triceps et pectoraux, mettant de ce fait quelques neurones au repos. Cela fonctionne aussi avec le vélo, ce qui explique que l’on puisse doper certains coureurs à l’insu de leur plein gré. Le phénomène est heureusement réversible. Ainsi, Arnold Schwarzenegger, lorsqu’il a cessé de pomper tous azimuts, est devenu gouverneur de Californie. Ce qui m’inquiète le plus est que l’Amie est frileuse à l’excès.»
Je n'aurais pas débuté avec L'ennui du mort-vivant : Le vrai con malté je pense que je me serais posé des questions sur l'état mental de l'auteur. En fait, je m'en pose toujours, mais passons. Lucius, écrivain à l'abandon des mots, ne sait plus quoi faire pour écrire le livre tant convoité par son éditrice. Dire qu'elle le tanne est un faible mot. La menace de l'éplucher vivant ne fonctionne pas non plus. Il va revoir un de ses amis d'enfance : Nestor. Surnommé Nestor Boyaux (et le plus important, c'est que nous apprenons pourquoi il s'appelle ainsi, grâce à un jeu dans leur passé). Nestor lui propose de le tuer, en faux, ainsi Lucius pourra imaginer la manière de le tuer et ainsi poser des mots sur des feuilles de papier. Et contenter l'éditrice qui se mord les doigts de n'avoir rien à mettre sous la dent. Pas de bol, Nestor est réellement tué. Lucius est embarqué bon gré malgré, mal gré, maux de grès, mot de grec ? dans un road bouquin. Affaire en cours !
Fuir ou se rendre, telles sont les questions que notre cher Lucius se pose. Enfin quand il en a le temps. Le pauvre petit chéri, il vit un enfer (et j'ai mangé un de mes ongles tout du long de l'histoire) Nous savons qu'il n'a pas tué, enfin nous le pensons car nous ne sommes pas avec lui nuit et jour et matin et après-midi. Son ami, Nestor boyaux aurait-il des ennemis ? Pas le temps de vérifier cela, Lucius est embarqué dans sa propre voiture par un clodo. Clodo, c'est son prénom, enfin celui qu'il se donne depuis... X années, est en mode "je m'incruste". Il décide pour Lucius qui est complètement désemparé. Il n'a pas buté son pote, mais la police le crois et la radio Franche info le confirme. Les informations lui montent au nez, comme la moutarde et il se voit faire des choix guidés. Une voiture plus tard, laissée dans un racoin, volant celle d'un honnête homme (ou femme, enfin honnête, cela se pose aussi en question), une rencontre avec le chablis. La rencontre avec Eko et Webcam va être mouvementée. Sans compter les divers périples que notre héros d'un autre temps va subir.
« — C’est un nouveau feuilleton ? demanda-t-il en se retournant, et en déchargeant son haleine morgonnée dans l’habitacle.
— Nouveau ? Oh non, pas vraiment. Ce soir, c’est le 2465e épisode. Et chaque jour, il y a un coup de théâtre.
— On ne va rien comprendre, alors, si on prend ça en route.
— Mais si, assura Eko, c’est facile, nous allons te faire un petit résumé. N’est-ce pas, Web ?
— Oui, en fait, c’est simple : ça se passe dans un quartier de Marseille. Mélanie est serveuse, elle est amoureuse de Helmut, qui est en réalité un terroriste d’Al Qaida impliqué dans l’éruption du volcan islandais…
— Eyjafjöll ? »
L'auteur alterne entre le passé, dans les années 1980, une période que les jeunes de moins de 20 ans ne connaissent pas... bref, le passé d'hier, d'avant-hier et avant avant-hier et le présent. Ainsi nous découvrons les folles péripéties de Lucius et de ces compagnons d'infortune en tout temps. La "poursuite" après le non-lieu non-dit. Le stress n'a pas le temps d'apparaître bien longtemps. Les mots, les phrases, les lettres qui forment ce que nous lisons nous emportent dans un récit drôle, drôlement détourné sans complexe, enfin pour le lecteur. Concernant les personnages, c'est un autre problème. L'humour est présent tout du long, pas l'humour simple, non. C'est un humour qui est recherché, quoique parfois la recherche ne sert pas à grand-chose. Il suffit de lire certains passages pour se demander si l'auteur n'est pas fou (sur les bords, au milieu, les côtés et au fin fond de la pampa !)
Les quiproquos sont nombreux, les mots s'emmêlent pour devenir des drôles de choses. Le double sens, le triple sens voire plus loin inspire le lecteur qui ne sait plus par quel bout prendre les personnages. Pas de mauvaises idées, merci ! Il faut garder à l'esprit que tout est possible, que rien ne se perd, tout se transforme et qu'au final, justement le final, j'ai eu des doutes et je me suis dis non, pas possible ! Je suis certaine que... Et au final c'est bien cela, mais les indices sont faciles et peu faciles à dénicher, surtout dans ce tel imbroglio. Le fameux personnage de Lucius ne serait pas une représentation de notre auteur à quelque chose près ? Bien des mystères entourent cet homme et soeur marie-thèrese-point-com n'a qu'à bien se tenir.
« Ma vie me paraissait fragmentée, et ce n’était rien en comparaison de ce que l’Amie devait ressentir. Ces allers-retours n’arrangeaient pas mes affaires, d’autant plus que je n’avais aucune idée de la façon d’y mettre un peu d’ordre. Jusqu’ici, mon instinct d’auteur avait pallié mon manque de méthode, mais à présent, je naviguais en plein brouillard. J’espérais que mes pérégrinations m’ouvriraient la voie de l’inspiration. Je commençais toutefois à regretter de m’être engagé dans la voie du roman policier, si éloigné de mon univers. La rigueur n’était pas mon fort, et je voyais mal, si tant est que je parvinsse à aligner trois lignes de ce roman, proposer une structure suffisamment cohérente pour m’aligner face aux pointures du genre. »
Suspense, humour à la limite de la comédie... En conclusion, un polar à la Lucius pourrait bien faire découvrir le polar même à ceux qui n'aime pas ce thème. Car le fameux polar à la Lucius est tout sauf un polar traditionnel !