Editeur : Jean-Claude GawsewitchNombre de pages : 351
Résumé : Comment communiquer la joie de vivre à son enfant lorsqu'il est atteint d'autisme ? C'est la question à laquelle se heurte, Julia, mère célibataire londonienne en élevant George, son fils de neuf ans, qui montre une grande violence envers les autres en général, et sa mère en particulier. L'arrivée d'un chaton aussi seul et perdu que lui va permettre au petit garçon de s'ouvrir aux autres et rendre à sa mère tout l'amour qu'elle lui a donné. Un témoignage bouleversant prouvant une nouvelle fois combien l'amitié entre l'homme et l'animal peut faire des miracles.
- Un petit extrait -
« Ben est arrivé chez nous à l'été 2006, peu après le dixième anniversaire de mon fils et quelques mois après qu'il eut enfin été diagnostiqué autiste. Durant les deux longues années nécessaires pour parvenir à ce diagnostic, après ma rencontre avec M. Schlesinger, j'avais pensé que l'une des nombreuses personnes qui avaient réfléchi à son cas, médecins, psychologues, professeurs et même un orthophoniste, détenait la clé qui permettrait de "déverrouiller" George. Mais la vie prend parfois des chemins très inattendus. Tous ces spécialistes reconnus, dotés d'une énorme expérience avaient déployé d'immenses efforts pour aider George, mais ce fut Ben et personne d'autre qui changea sa vie pour toujours- et du même coup, la mienne. »
- Mon avis sur le livre -
Cela faisait des années que je voyais passer ce livre sur la blogosphère, et des années que je le cherchais vainement dans les bibliothèques des environs. C’est finalement dans les rayonnages d’une bibliothèque spécialisée dans l’autisme que j’ai fini par le dénicher, comme quoi, l’acharnement, ça paye. Autant vous dire qu’il s’est aussitôt placé tout en haut de la pile à lire prioritaire, juste après les services de presse les plus urgents ! Et pour tout vous avouer, il n’a pas fait long feu … je l’ai dévoré en une seule après-midi, affalée sur le canapé avec un chat roulé en boule sur les genoux et l’autre en train de me grignoter les pieds. Je crois que mes deux boites à ronrons étaient attirées par le joli petit chaton de la couverture !
Ce témoignage, c’est celui de Julia, jeune maman célibataire qui se rend rapidement compte, en dépit des nombreuses affirmations de ses proches, que son petit George n’est pas un petit garçon comme les autres, et que le temps seul ne suffira pas à améliorer les choses. Violent, renfermé sur lui-même, ne supportant pas qu’on le touche et semblant ne pas remarquer l’univers qui l’entoure, Georges ne sera diagnostiqué autiste que très tardivement. Avant qu’un psychiatre n’énonce cette réalité, Julia s’est vue qualifiée à de très nombreuses reprises de mauvaise mère, incapable de gérer les caprices de son enfant. Déconcertée face aux comportements de Georges, ne sachant comment l’aider à sortir de ce cocon d’angoisse hystérique dans lequel il semble continuellement enfermé, Julia va être aidée par un chat errant, petite boule de poils au grand cœur qui va, sans qu’elle ne sache comment, réussir à percer la bulle de Georges et lui faire découvrir l’Amour.
Chroniquer un témoignage, c’est délicat. Ce n’est pas comme de la fiction, dont on peut se permettre de relever des incohérences, des lenteurs ou des clichés dans l’intrigue. C’est d’autant plus difficile lorsque l’on se retrouve à chroniquer un témoignage aussi émouvant, aussi poignant, aussi beau que celui-là. J’ai le sentiment que quoi que je dise, cela ne sera pas suffisant pour faire comprendre à quel point j’ai trouvé ce livre magnifique. Une belle histoire d’amour et d’espoir, voilà finalement ce que nous offre Julia Romp à travers cet ouvrage, que certains blogueurs ont trouvé bien trop romancé pour être sincère et spontané, mais que j’ai pour ma part trouvé vraiment superbement bien écrit … et rempli d’émotions. Je l’avoue sans honte : j’ai beaucoup pleuré au cours de ma lecture, au moins que les deux chats se sont mis à miauler comme pour me demander ce qui n’allait pas. Car il y a bien une chose que ce livre met en évidence, c’est bien que ces petites boules de poils sont terriblement attachées à leur maitre et qu’elles se préoccupent de leur bien-être !
L’auteure commence par nous raconter la naissance de Georges et toutes les difficultés qu’elle a rencontrées pour cohabiter avec cet « étranger » qu’est son enfant. Cette première partie est là pour « poser le contexte », pour nous montrer à quel point le quotidien était difficile avant l’arrivée de Ben, afin que les changements nés de la rencontre avec ce petit félin soient plus visibles. Elle exprime le désespoir, l’incompréhension, mais également la honte : à force de se faire regarder de travers par les voisins et les médecins, à force de se faire qualifier de mère indigne par les instituteurs et les services sociaux, Julia croyait vraiment que le problème venait d’elle, qu’elle était une mauvaise mère pour cet enfant, que tout était de sa faute. Personne n’a réellement cherché à l’aider, à aider Georges, tout le monde se contentait de juger sans savoir. Jusqu’à la rencontre avec un psychiatre un peu plus perspicace que les autres, qui pose enfin le diagnostic : autisme.
Mais la jeune maman va également se rebeller face aux affirmations de ces médecins spécialistes : elle refuse d’accepter que son fils soit incapable de faire preuve d’amour et d’empathie pour autrui. Elle refuse de baisser les bras, de s’avouer vaincue face à cette maladie, de laisser les terribles pronostics médicaux se réaliser. Alors elle va se battre, encore une fois, non plus contre le regard des autres mais contre cet autisme qui empêche son petit garçon d’apprécier ses démonstrations d’amour, qui l’enferme dans son monde en ne lui laissant pas de fenêtre vers l’extérieur. Elle ne sait pas encore comment elle va parvenir à tenir cette promesse qu’elle s’est faite à elle-même, qu’elle a faite à son fils, mais ce serment est désormais son seul moteur. Et c’est là que Ben entre dans leur vie. Un petit chat apparemment banal, mais qui va accomplir des miracles. A ses côtés, Georges va progressivement s’ouvrir, s’épanouir, s’apaiser. Ses efforts vont être plus que spectaculaires, et il va même finir par accepter de bouleverser ses habitudes, ses rituels, d’être en contact avec de nombreux inconnus, pour aider sa mère à soutenir une collecte en organisant une animation de Noël dans son jardin. Si ce n’est pas de l’altruisme, il va falloir dire à Julia ce que c’est ! Grâce à Ben, la jeune maman va réussir à dialoguer avec son enfant. Grâce à Ben, Georges va progressivement apprendre à exprimer ses émotions. Preuve en est ce passage, écrit de la main de Georges :
« Avant l’arrivée de Ben, je ne voulais aimer personne. Je ne savais pas ce que c’était que l’amour. Je n’y pensais pas vraiment. Je me souviens juste que je savais que Maman était là pour veiller sur moi. Mais c’est différent maintenant. »
Puis arrive le drame, la tragédie, le désastre. Ben disparait, du jour au lendemain. Et Georges se renferme à nouveau sur lui-même, s’enferme dans sa chambre, refuse de manger, d’aller à l’école, de discuter avec sa mère qu’il affirme détester. Dévastée par le repli de son fils, mais également par l’absence du soutien silencieux que lui apportait le petit chat, Julia Romp se lance à la recherche de leur sauveur à quatre pattes. Pendant des mois, jours après jours, elle va distribuer des tracts, coller des affiches, se rendre partout où des gens affirment avoir vu Ben … J’ai tellement pleuré pendant cette partie. Parce que c’était terrible que de voir cette belle harmonie être brisé en mille morceaux, c’était terrible que de voir ce petit garçon en pleine évolution retomber dans son apathie et sa violence de départ, c’était terrible que de voir cette maman chercher sans relâche cette petite boule de poils indispensable à leur foyer. Une fois encore, Georges exprime à merveille la douleur née de cette disparition :
« Quand Ben est parti, j’ai cru qu’il était mort. Mort, disparu pour de bon. Je ne sais pas pourquoi j’ai cru ça. Maman l’a cherché, des gens ont appelé et l’ont fait pleurer. On aurait dit que la maison était vide. Je n’avais plus personne pour jouer avec moi et je restais dans ma chambre. Il me manquait terriblement. Les larmes sortaient de mes yeux et elles me brulaient quand je me disais qu’il était parti pour toujours. »
En bref, je pense que cela ne sert à rien de m’éterniser plus longtemps : vous l’aurez compris, ce témoignage a été un véritable coup de cœur. Pour moi qui était déjà persuadée depuis bien longtemps que les animaux avaient bien plus de cœur et de compassion que les humains, pour moi qui était déjà convaincue qu’ils étaient capables de résoudre bien des maux et bien des problèmes, cet ouvrage n’a fait que me conforter dans mes certitudes. Ce témoignage est vraiment bouleversant, Julia Romp est à la fois une maman extraordinaire qui fait vraiment tout son possible pour aider son fils et une écrivaine fantastique qui fait naitre des ouragans d’émotions à travers ses mots. Ce livre n’est pas uniquement un témoignage sur l’autisme, c’est avant tout une déclaration d’amour pour ce chat qui a réussi là où tout avait échoué, pour ce petit animal qui a sauvé non seulement ce petit garçon des abimes où il se trouvait, mais également sa maman qui sombrait peu à peu dans la dépression. Si vous n’avez pas peur de verser des torrents de larmes, n’hésitez vraiment pas à lire ce très bel ouvrage !