14-14, Silène Edgar et Paul Beorn

« Ce ne sont pas les paroles qu’il voudrait prononcer mais, quand on est en colère, on a pas le choix des mots. Ceux qui nous viennent à la bouche, ce sont les plus pointus, les plus méchants, ce ne sont jamais les plus vrais. »

14-14, Silène Edgar et Paul BeornTitre : 14-14
Auteur : Silène Edgar et Paul Beorn
Édition : Castlemore
Nombre de pages : 269 pages
Genre : Jeunesse
Où le trouver ? Fnac, Club, Amazon

14-14, Silène Edgar et Paul BeornHadrien et Adrien, deux garçons de 13 ans, habitent à quelques kilomètres l’un de l’autre en Picardie. Tous deux connaissent des problèmes à l’école, des troubles sentimentaux, des litiges avec leurs parents. Une seule chose les sépare : un siècle. Leurs destins vont se mêler et une faille temporelle leur permet d’échanger du courrier… (Source : Livraddict)

14-14, Silène Edgar et Paul Beorn

14-14, Silène Edgar et Paul BeornNée en 1978. Fille et sœur d’auteurs, Silène Edgar est nourrie depuis sa naissance par le plaisir de la lecture et la richesse du savoir. Elle a suivi tout naturellement des études de lettres et a beaucoup voyagé pendant cette période. Auteure, Silène Edgar est aussi enseignante dans un collège breton. Côté écriture, Silène Edgar imagine tout particulièrement des romans d’anticipation pour la jeunesse, et des textes érotiques, fantastiques, d’anticipation aussi pour les adultes.

 Paul Beorn, de son vrai nom Paul Couaillier, est un auteur français de fantasy et de 14-14, Silène Edgar et Paul Beornlittérature jeunesse. C’est très jeune que Paul Couaillier se passionne pour la littérature et que son désir d’écrire s’ancre dans son quotidien. Marqué par le personnage de Beorn du livre pour enfants Bilbo le Hobbit, il utilisera plus tard le nom comme pseudonyme.

14-14, Silène Edgar et Paul Beorn

Vous connaissez je pense maintenant mon amour pour les livres historiques. Alors quand j’ai vu ce roman, je n’ai pas hésité. La correspondance épistolaire et l’Histoire ! Que demander de plus ? J’étais donc toute enjouée de commencer cette lecture. Et là, les montagnes russes ont commencé. Tantôt je trouvais pas mal de défauts qui me chiffonnaient, tantôt je surkiffais ma lecture et la lisait à la vitesse de la lumière. Bref, je vous explique tout ça.

Premier point qui m’a étonnée (sans pour autant que ce soit un défaut) : le livre n’est pas un roman épistolaire. Vous savez, quand toute l’histoire est décrite par les lettres que s’envoient deux protagonistes, un peu comme « Inconnu à cette adresse » de Kressman Taylor. Certes, on retrouve quelques passages des lettres d’Adrien et Hadrien, mais le principal du roman est un récit tout à fait… Banal.

Ainsi, on retrouve notre Adrien de 2014 qui doit écrire à son cousin… Hadrien. Comme par magie, grâce à une nouvelle boîte aux lettres, cette lettre va se retrouver en 1914 auprès d’un garçon nommé… Hadrien. Ça vous semble pas un peu facile comme coïncidence ? Le même prénom ? Écrit de la même manière ? Alors oui, si Adrien avait écrit à quelqu’un d’autre, Hadrien n’aurait jamais répondu et il n’y aurait peut-être jamais eu d’histoire. Mais je trouve ça un peu simple comme début.

Suite à cet « incident » magique, leur entourage respectif se posent des questions sur les lettres reçues. Qu’est-ce ces timbres ? D’où viennent ces lettres ? Ce n’est pas normal d’avoir un vocabulaire aussi différent ! Dans cette optique, l’intrigue se concentre plus sur « Est-ce qu’une correspondante avec quelqu’un du futur/du passé est possible » au lieu, comme promis dans le résumé, sur le fait que la guerre va les séparer. En ce sens, le roman m’a un poil déçue.

Puis je dois vous avouer que le caractère de Simone, la fiancée de Hadrien, ne m’a pas vraiment aidée à apprécier le début du bouquin. De temps en temps, c’est vraiment la petite amie parfaite : attentionnée, gentille, douce, fragile. Le problème est qu’elle se transforme vite en petite peste qui râle beaucoup pour pas grand chose et qui exagère quand, par exemple, Hadrien fait plus attention à ses études ou à Adrien, son nouveau correspondant fétiche, qu’à elle. Elle lui claque la porte au nez, ne lui adresse plus la parole ou toute autre chose plus extravagante. Viennent alors les excuses de son chéri, ses attentions pour se rattraper et ses demandes de pardon. Et là, d’un seul coup, comme elle était venue, sa colère repart, calmant la bête et ses crises. En fait c’est ça le mot. Elle a des crises de jalousie, des crises de peste, comme je les appelle. Et je vous avoue que non sans la détester, c’était surtout de l’incompréhension qui me traversait l’esprit quand elle rentrait en action.

Et puis aux alentours de la page 150, ça a été le déclencheur. La guerre 1914 commence à faire son apparition dans l’intrigue et les moments de stress intenses qui nous murmurent à l’oreille « Ne lâche pas le bouquin ! Continue ! Il est deux heures du matin mais on s’en fout ! » font de même. Exactement comme dans « 42 jours« , Silène Edgar utilise, j’ai l’impression, une structure en deux parties : la première se concentre sur l’aspect enfantin du point de vue, elle nous met dans l’esprit d’un gosse afin que l’on comprenne comment lui voit les choses ; dans la seconde partie, l’enfant évolue en fonction des évènements qui secouent sa vie et ceux-ci apportent une touche de suspens et de tension supplémentaire. Et cette deuxième partie m’a vraiment transportée. Les auteurs avaient activé le turbo de Mario Kart. Suspense, peur, tendresse (avec le père de Hadrien) et stress, tout ça mélangé avec un dosage absolument parfait.

De plus, le récit nous décrit quand même deux jeunes qui se parlent en lettres, qui lient une amitié sur le papier et non par écrans interposés (ben oui parce qu’en 1914, des ordinateurs, y en avait pas beaucoup !). Et ça, je vous avoue que ça me touche personnellement parce que depuis quelques mois maintenant, je corresponds par lettres avec des personnes formidables, notamment Les Livres de Rose et ma petite Sue-Ricette d’amour. Et vous n’imaginez pas à quel point les relations tissées par virtuel ou par lettres peuvent être différentes !

Je dois vous avouer également que certains passages m’ont fait rire, notamment quand Hadrien imagine le futur et le monde dans lequel Adrien vit. Et ce qui m’a fait sourire, c’est quand il invente des trucs qui existent à notre époque ! Par exemple les ordinateurs, les téléphones portables ou même le lave-linge ! Il dit « Si ça se trouve, dans le futur, on pourra communiquer directement, sans même attendre » ou encore « Peut-être que dans des années, le linge se lavera tout seul ». Dans la bouche d’un enfant de 1914, ces choses paraissent magique. Alors que pour nous, c’est juste le quotidien !

En résumé, le début de 14-14 m’a un peu laissée perplexe. Mais la fin m’a totalement remuée et, dans les deux cas, ce fut un réel plaisir de lire ce roman !

14-14, Silène Edgar et Paul Beorn4 trèfles / 5 !

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