Mon dernier film : Le Chat, adapté d’un livre de Georges Simenon, avec Jean Gabin et Simone Signoret.
Julien et Clémence se sont aimés, un jour. Aujourd’hui, peut-être se détestent-ils. Leur vie commune, en tout cas, est devenue d’une froideur glaçante. Pour seuls compagnons, lui a un chat qu’il adore, elle la bouteille comme unique refuge. Pour lui, elle a apparemment abandonné son monde, son métier dans le cirque, qu’une mauvaise chute a aussi contribué à lui arracher. Il croyait l’aimer toujours, il avoue s’être trompé… Ne leur restent que leurs aigreurs, comme si chacun renvoyait à l’autre le reflet des espoirs perdus et les lui faisait payer.
Ce film a une ambiance pesante, lugubre. Entre cet homme, cette femme et cet animal, la tension est palpable et perpétuelle. L’hostilité éclate parfois en une rage bouleversante, quand Simone Signoret explose et crie son désespoir. Mais la plupart du temps, c’est le mutisme qui prime ; les deux personnages en viennent à se parler par messages interposés. Dans une vieille maison vouée à la démolition, ils vivent en suspens, en sursis. Le passé n’est plus, l’avenir inexistant et leur présent ne leur offre nul réconfort. Sauf, pour Jean Gabin, dans son félin compagnon — ce que son épouse parvient de moins en moins à supporter.
Les deux acteurs portent avec force ce film tout en silence, en amertume, en sentiments refoulés, niés, douloureux. Ne s’aiment-ils vraiment plus, ou s’aiment-ils encore trop pour se supporter, tolérer le rappel de leur complicité perdue ? La haine ne peut être si forte que quand le cœur vibre encore… En tout cas, ils se détruisent, aussi incapables de vivre ensemble que séparés. Et on souffre avec eux, dans les cendres de cet amour depuis longtemps consumé.
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