Nos disparus de Tim Gautreaux

Par Isa S.

Éditeur : Points
Parution : 27/08/2015
Nombre de pages : 573
Traduction : Marc Amfreville
Genre : littérature américaine

L'auteur : 





















Né en 1947 en Louisiane, Tim Gautreaux est professeur émérite à la Southeastern Louisiana University. Il est devenu romancier après avoir suivi les ateliers d'écriture dispensés par l'écrivain Walker PercyTim Gautreaux qui s'est vu décerner Le prix John Dos Passos en 2005 est également l'auteur de deux autres romans : Le dernier Arbre (2013) et Fais-moi danser, Beau Gosse (2016). 
Quatrième de couverture : 


De retour à La Nouvelle-Orléans après la Grande Guerre, Sam Simoneaux assiste impuissant à l'enlèvement d'une petite fille. À la recherche de l'enfant, il embarque à bord de l'Ambassador, bateau à aubes qui sillonne le Mississippi au rythme endiablé des concerts de jazz. Au gré des escales et des bagarres, Sam ne tarde pas à mettre au jour un fructueux commerce d'enfants animé par la pègre des bayous.
Mon avis :
« Le jazz était encore une denrée rare au long du Mississippi, et les amateurs, les jeunes gens, les mordus de danse - huppés ou péquenauds, ouvriers de scieries et beautés de plantations - descendaient jusqu'à la rive le soir venu pour prendre d'assaut le vapeur éclatant de lumière et se glisser à la nuit tombée sur le pont afin de respirer la brise, et exécuter les pas, ou plutôt se laisser guider par cette étrange et puissante musique qui remontait le fleuve à leur rencontre depuis La Nouvelle-Orléans. »
Nous sommes dans les années 1920, à l'époque où la prohibition a été mise en place aux États-Unis. L'Ambassador, modeste bateau d'excursion parcourant les eaux fluviales du Mississippi, représente un lieu de distraction très couru par les populations qui vivent sur les rives avoisinantes. En ces temps d'austérité où les hommes s'épuisent souvent à la tâche, ce nouveau courant musical qu'est le jazz fait de plus en plus d'adeptes. S'enivrant de danse et d'alcools de contrebande, les hommes trouvent en ces lieux un moyen d'échapper à la morosité ambiante, transportés par le rythme effréné des morceaux hardiment interprétés par les jazzmen. Sam Simoneaux, un homme hanté par son passé douloureux, est chargé de faire régner l'ordre sur ce bateau où les bagarres sont fréquentes car favorisées par l'abus des alcools frelatés. Culpabilisé par le kidnapping d'une petite fille dans le grand magasin où il était chargé de la sécurité, ce dernier s'est fait embaucher sur l'Ambassador afin d'assister les malheureux parents dans leurs recherches, la police ne faisant pas grand cas de la disparition d'une enfant pauvre. Pourquoi la petite Lili a-t-elle était enlevée ? Qui sont ses ravisseurs ? Sam réussira-t-il à la retrouver ?

Dans la même veine que les écrits des sudistes Pat Conroy ou Tom Franklin, Tim Gautreaux nous dresse un portrait captivant du sud des États-Unis. Son roman qui se situe à l'époque des années folles nous dépeint une décennie marquée par le puritanisme et l'accroissement du banditisme. D'une plume vivante et colorée, l'auteur met en relief un contraste saisissant entre la misère la plus noire et l'opulence des possédants, au lendemain d'une première guerre mondiale qui marqua profondément les soldats américains qui participèrent aux combats. 
Sur fond de musique jazz, l'auteur nous brosse le portrait d'un personnage rongé par des événements sanglants et en quête de filiation, un homme partagé entre son intégrité et son désir de vengeance. Entre marécages et coupe-jarrets, le Mississippi de Tim Gautreaux est loin d'être un long fleuve tranquille !