Chacun m'a parlé de sa lecture jeunesse la plus excitante de l'année. Sur le modèle de cet article paru chez Just A Word (critiques de littérature et cinéma), je déroule donc ici une liste de livres follement éclectique, généreuse et un peu dingo, représentative de la variété et l'exigence de l'édition jeunesse dans ce qu'elle a de plus génial.
Il y a de l'album, de la littérature et de la bande-dessinée à découvrir. Tout est pour toi.
C'est l'occasion de découvrir des titres dont tu as peu ou pas entendu parler. C'est l'occasion, aussi (soyons honnêtes) de te jeter comme un(e) fangirl/boy sur les livres recommandés par la voix aimée de ton auteur ou autrice préféré(e).
Récap de tous les livres à la fin de l'article.Inséparables de cœur, inséparables de corps, Grace et Tippi sont deux sœurs siamoises qui ne s'imaginent pas vivre l'une sans l'autre. Mais leur première rentrée au lycée pourrait bien compromettre toutes leurs espérances... Comment vivre sa propre vie lorsque notre sœur est toujours à nos côtés, collée à nous pour toujours ?
Lors de notre lecture de ce roman, nous sommes, nous et lui, inséparables aussi. C'est doux, poétique, juste et émouvant. Les vers libres nous entraînent, c'est exceptionnel. Grace et Tippi nous touchent énormément, nos différences nous rapprochent, nos questions trouvent des réponses, notre curiosité est à son apogée : comment vivre à deux, mais vraiment à deux, pas comme des âmes sœurs mais comme deux âmes enfermées dans un même corps ? Inséparables nous propose une histoire inoubliable, gravée en nous pour de nombreuses années. Pour ma part, gravée en moi pour toujours.
Précédée par un coup de cœur familial pour De cape et de mots, la lecture du dernier Flore Vesco s'imposait autant qu'elle s'avérait dangereuse. La barre était haute. Pourtant ce roman m'a cueilli dès son titre. E n plus d'un style très personnel, à la fois alambiqué et épuré, poétique et drôle, Flore Vesco a donc un sacré culot et un imaginaire des plus déconcertants ! Propulser Louis Pasteur, le vrai, en héros d'aventures fantastiques, intéresser le lecteur à son parcours scientifique tout en lui parlant de loups-garous, mêler la documentation pointue (ou les connaissances encyclopédiques ?) à une liberté de ton et de genre, faire peur et faire rire, être moderne dans un Paris de 1840 réaliste et crédible... Cette lecture a été un plaisir si rafraîchissant et dépaysant qu'elle m'a convaincu de suivre, non seulement le chemin de son autrice, mais aussi d'aller fouiller davantage la collection de romans dans laquelle il était publiée, chez Didier Jeunesse. C'est dire ! À suivre !
J'ai beaucoup parlé de Björn avec d'autres personnes, tout aussi fascinées que moi par les petites histoires de cet ours des forêts. Une question qui me hante : pourquoi ? Pourquoi est-il, avec ses amis - le lièvre, la belette, l'écureuil, la tortue - si étrangement fascinant ? Difficile de mettre le doigt dessus. Il y a le ton, d'abord, dans une espèce de tendre retenue qu'on voit rarement en jeunesse, et encore plus rarement dans les livres pour adultes. Quelque chose de l'ordre d'un discours intérieur que tiendrait pour lui-même quelqu'un qui est poète sans le savoir. Il y a le dessin : les traits simples, la ligne claire, les animaux de la forêt vus mille fois - de Béatrix Potter à Petit Ours Brun - oui mais là.... Une ligne avec de petits tremblotements qui terminent les animaux, comme sans le faire exprès, par une petite patte folle ou une queue qui gigote, un sourcil surpris, un poil de travers. Et il y a les aventures : ou plutôt les presque aventures. Björn va à la piscine, mais finalement il ne va pas à la piscine. Björn et ses amis prennent le bus, et puis ensuite ils rentrent à la maison. Rien de grave n'arrive, presque rien ne change, mais dans ce presque rien, mille choses se vivent.
- #4. Le coup de cœur de Luc Blanvillain - Écrivain jeunesse auteur notamment d'Un amour de geek, Dans le cœur d'Alice, La nébuleuse Alma, Le monde selon Walden et L'incroyable voyage de M. Fogg.
La contrainte est draconienne, parler de son coup de cœur jeunesse 2017 sur un paragraphe de cinq à dix lignes, mon dieu, une gageure, surtout que j'ai choisi Ne te fie à personne, de Villeminot, je ne mets pas le prénom, tout le monde le connaît, ça gagne un peu de place, donc allons à l'essentiel, inutile de dire à quel point les personnages sont immédiatement attachants, mystérieux surtout, attachants par leur mystère même, voilà, par tout ce qui est tu d'eux, cette ombre qui les ourle, c'est la matière de l'histoire, l'ombre, le nom de la série, la brigade de l'ombre, ces goules autour desquelles tout tourne et qui sont pourtant presque absentes du livre, ou cachées, traquées, obsédantes et fantasmatiques comme tout ce qui grouille dans le noir, c'est un très beau roman noir, une voix qui parle du noir dans le noir, avec les mots qu'il faut pour ça, précis et poétiques, sans effets ostentatoires, sans facilités, par petites phrases sèches et précises. J'ai adoré.
Pax et le petit soldat, Sara Pennypacker (Gallimard, 2017) L'un des plus beaux romans de cette année pour son histoire universelle, sensible, humaniste. L'amitié entre un garçon et un renard, séparés par la guerre, qui tentent de se retrouver.
L'écriture de Sara Pennypacker, tendre et émouvante, nous transporte littéralement et les illustrations en noir et blanc de Jon Klassen - que j'adore - ponctuent superbement le récit. Une histoire d'amitié intemporelle et délicate.
- #6. Le coup de cœur d'Anne-Laure Bondoux - Écrivaine, autrice notamment du Destin de Linus Hoppe, des Larmes de l'Assassin, de La Princetta et le Capitaine, Le temps des miracles, Tant que nous sommes vivants et L'Aube sera grandiose, en littérature jeunesse, et Et je danse, aussi, en littérature générale.
Je l'avoue, j'ai souvent un train de retard (voire deux ou trois) dans mes lectures et je n'avais encore pas lu Clémentine Beauvais jusqu'à cet automne. J'ai été immédiatement conquise par l'écriture et par l'intelligente malice qui se dégage de ce roman. J'adore prendre des claques en lisant mes collègues ; ça a été le cas. Pourquoi ? Parce que je ne sais pas écrire comme Clémentine, avec cette vivacité, cette inventivité, cette modernité, cette liberté. J'ai admiré le rythme, l'efficacité du propos, et la dérision tendre avec laquelle elle traite ses personnages. J'ai beaucoup ri, je me suis esclaffée (mention spéciale à la mère de Mireille), j'ai eu envie de tourner les pages, et son roman m'a fait réfléchir à ma propre écriture, ce qui ajoute beaucoup à mon coup de cœur.
Allons plus loin, je me suis sentie un peu " vieille " aussi, en lisant Les petites Reines. C'est le genre de lecture qui me remet en question, et je trouve ça intéressant, dynamique et nécessaire. Comment fait-elle pour écrire une si chouette comédie ? Comment fait-elle pour s'autoriser autant de liberté à la fois langagière et narrative ? Bref, les petites Reines, ça décoiffe et c'est mon coup de coeur 2017... même s'il est paru en 2015 !
La fourmi rouge, merveille de roman chez Sarbacane, c'est : un humour décapant, une écriture ciselée et aussi rythmée qu'une salsa sous acide, une adolescente au prénom hygiénique, Vania, et à la répartie cinglante (dont je suis encore jalouse), des personnages non conformistes, un brin marginaux, pas franchement bien aidés par la vie, qui luttent, avec dérision et moult sarcasmes pour votre plus grand plaisir !
L'histoire, réaliste avec juste ce qu'il faut de fantaisie, va vous émouvoir et vous amuser, c'est certifié par un brocoli. Émilie Chazerand nous pond là un roman jeunesse qui plaira à tous et à tous les âges et j'ai, grâce à elle, enfin trouvé mon mantra : " Je ne veux plus me laisser pisser dessus par le destin ". Je suis une fourmi rouge, épicétou.
- #8. Le coup de cœur de Marine Carteron - Professeure de français et écrivaine jeunesse, autrice notamment de la série des Autodafeurs et de Génération K.
Le copain de la fille du tueur, j'ai aimé. Vraiment. Beaucoup. C'est un roman inclassable. Un sale gosse. Entre le thriller et l'histoire d'amour, à la fois drôle et merveilleusement poétique. Le genre de roman où tu ne peux t'empêcher de te dire " Nan, mais là, il exagère ", mais où tu ne peux t'empêcher de tourner la page. Et d'être un peu jalouse aussi. Parce que cette sensualité, quand même, c'est beau, et c'est rare.
Bon, je suis nulle en critique. Je ne sais pas faire, je marche à l'affect. Du coup, si vous vouliez que je vous résume l'histoire, c'est mort. Mais sachez que je vous envie. Parce que j'aimerais bien être à votre place. Pour le relire, ce putain de roman. Comme une première fois.
Bonjour, les coups de cœur jeunesse 2017, c'est ici ? Pour moi, ça sera Songe à la douceur de Clémentine Beauvais (éditions Sarbacane) et une grenadine, s'il vous plaît. La bête est un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) immensément classe, épatamment beau, fabuleusement émouvant et étonnamment drôle, qui ni vu ni connu, avec l'air de ne pas y toucher, te propose une réécriture moderne de Eugène Oneguine de Pouchkine et de Tchaïkosvki (donc déjà prends-toi ça dans la poire). Oscillant entre modernité et classique ; poésie et humour ; fond et forme (d'une complémentarité folle) ; tragique et comique, le roman te prouve, s'il le fallait encore, qu'il n'y a pas de limites dans l'écriture et qu'exigence swingue avec littérature jeunesse. Bref, une belle claque qui m'a laissée sonnée et admirative sur le plancher (j'y suis toujours d'ailleurs).
- #10. Le coup de cœur de Coline Cribue - Chargée de communication chez L'École des Loisirs
VOUS SAVEZ LORSQU'ON ÉCRIT EN MAJUSCULE, ON A L'IMPRESSION QUE L'ON CRIE, C'EST TRÈS AGRESSIF. Imaginez un monde où le bruit est omniprésent. (Y a beaucoup de bruit, comme dirait Shakespeare).
La voix du Couteau est le premier tome de la trilogie Le Chaos en marche. On suit un jeune garçon Todd qui vit sur la planète Nouveau monde. Un monde où sévit un virus appelé Le Bruit. Toutes les femmes ont été tuées par ce virus... et à cause de lui les pensées des hommes sont entendables par tous. Imaginez, toutes vos pensées, quelles soient vraies ou fausses, sont entendues, ça crépite, c'est une grande purée de son, de pensées, d'images. Jusqu'au jour où Todd va découvrir un être humain silencieux, secret, qui n'a pas de bruit... Une fille. Il va devoir fuir avec elle et c'est tout son monde qui s'écroule. Le chaos en marche est une dystopie postapocalyptique qui je peux vous assurer est digne des meilleures séries, tant l'art du suspense est maîtrisé. C'est violent, on a envie à chaque instant d'aller lire la fin juste pour s'assurer qu'ils vont s'en sortir... L'auteur a un style aiguisé tel un couteau où chaque mot est effilé et pointu. Une lecture qui ne laisse pas indemne.
- #11. Le coup de cœur de Sarah Crossan - Écrivaine britannique autrice notamment de The Weight of Water (nt), Breathe (nt), Apple and Rain (nt), Inséparables et Moonrise (nt).
Perfectly Norman (nt), de Tom Percival
(VO 2017 Bloomsbury)
Un livre que j'ai adoré en 2017, c'est Perfectly Norman, de Tom Percival, paru chez Bloomsbury.
C'est un album superbement illustré, qui raconte l'histoire d' un garçon soudainement doté d'une paire d'ailes multicolores - dont il a honte, et qu'il tente de dissimuler par tous les moyens. Ça parle d'être soi-même et de trouver des personnes qui vous ressemblent et vous aiment pour vous-même. Et bien qu'il soit destiné au jeune public, c'est un livre que tout le monde devrait avoir en sa possession selon moi !
- #12. Le coup de cœur de Xavier D'Almeida - Éditeur de littérature chez Pocket Jeunesse
Mon grand coup de foudre cette année c'est : Le Jour où le grand chêne est tombé de Marie Caudry et Gauthier David. Un arbre monde trône au-dessus d'une vallée. Il est arrachée par une tempête et tous les habitants de ce vaste territoire qu'il dominait de sa taille et de sa sagesse vont tenter de s'unir pour le redresser et ne pas perdre l'équilibre que sa solidité symbolisait. Mais rien n'y fait. Et le désespoir guette. Jusqu'au matin où une vielle femme raconte l'histoire des géants qui ont créé cet univers. Des mots éternels, qui donneront la force à tous les êtres de se mêler pour créer une sorte de golem puissant, qui relèvera l'arbre. Seules resteront les empreintes des racines arrachées et des branches tombées où joueront des générations d'enfants.
L'album est porté par le trait subtil de Marie Caudry, toujours à la frontière de l'étrange, de l'inquiétant, malgré des tons pastels très doux qui créent une foule de contrastes émotionnels. Surtout qu'il suscite toujours des discussions avec les petits êtres auxquels on le raconte. Et c'est quand même une sacrée réussite quand un album emporte enfants et adultes sur le dos de l'aventure vers des pensées nouvelles...
- #13. Le coup de cœur de Anahita Ettehadi - Libraire passionnée spécialisée en jeunesse à la librairie
À la frontière entre " Peter Pan " et " Miss Peregrine ", Bertrand Santini imagine une fabuleuse épopée sur la Lune. Élise, 10 ans, est enlevée par une sorcière à dos de dragon chinois et emmenée sur la lune. Là-bas, la fillette va devoir combattre toutes sortes de créatures des ombres, tels que des vampires et des faunes. " Miss Pook ", paru chez Grasset Jeunesse, est une parfaite alchimie entre noirceur et tendresse, angoisse et humour, servie par une écriture ciselée restituant toute l'élégance du XXème siècle. Un début de série très prometteur, idéal pour les amoureux de magie et d'aventure avec un grand A !
- #14. Le coup de cœur de Timothée de Fombelle - Écrivain, auteur notamment de Tobie Lolness, Vango, Le Livre de Perle en littérature jeunesse, et Je danse toujours et Neverland en adulte.
Il y a un auteur que j'admire beaucoup qui a sorti un paquet de livres cette année. Il fêtait ses trente ans de publication, et je me demande comment c'est possible parce qu'il a l'air d'avoir quinze ans et demi. Il s'appelle Vincent Cuvellier. Mon livre coup de cœur de l'année est écrit par lui, c'est Mon Fils, paru au printemps, je crois. Il est illustré par Delphine Perret qui est vraiment très forte aussi. C'est un album dans lequel un père parle de son fils. Comme toujours avec Vincent Cuvellier l'écriture est extraordinairement simple et directe. Quand on écrit, il faut grimper très dur et très longtemps pour atteindre cette clarté. C'est comme en montagne. Et là-haut, on voit tout avec précision. Depuis dix ans, j'attendais une suite à La Première fois que je suis née, un autre livre qui parle de la vie entière qui est roulée à l'intérieur d'un enfant qui naît. Avec Mon fils j'ai l'impression que cet enfant a grandi et parle à son propre fils.
Faisons du tri. Mettons à la poubelle tout ce qui ne relève (au mieux) que de " l'activité de lecture " - adieu donc : romans policiers cucul la praline ; historiettes de gamines niaises qui font de la danse, etc. Ce qui fonde la littérature jeunesse, c'est la double compétence de nous enrôler avec talent dans des histoires et d'y glisser à l'intérieur des clefs de compréhension du monde. Plus le lecteur visé est jeune, plus l'exercice est difficile. Léo cœur d'indien, d'Anne-Galle Balpe (L'École des Loisirs) y parvient avec brio. En surface, le propos et l'histoire sont légers, tristes et joyeux à la fois, rudement bien menés. En profondeur, ça parle de la filiation, du temps qui passe et de l'amour qui transcende le tout. Quand on referme le livre, on a beau avoir l'âge du lecteur visé multiplié par puissance deux ou trois, on a beau penser que rien ne pourra plus jamais nous surprendre, nous égayer ou nous séduire... notre cœur de pierre est emporté par la danse du feu qu'Anne-Gaëlle Balpe fait tourner dans nos têtes et son cœur d'indien nous emporte bien plus loin qu'il n'en a l'air.
Je suis ton soleil, de Marie Pavlenko
(Flammarion, 2017)
Mon coup de cœur de l'année, c'est Je suis ton soleil de Marie Pavlenko paru chez Flammarion en mars dernier. Ça raconte l'année de terminale de Déborah, une adolescente parisienne qui va devoir surmonter une série de crises : sa meilleure copine prend ses distances, ses parents se déchirent, le garçon qui l'attire n'est pas libre, son chien caractériel lui complique la vie.
Ce qui fait la force de cette histoire, c'est Déborah, qui est très incarnée et très loin des clichés sur l'adolescence. Elle est excessive, drôle et sensible. Je me suis beaucoup amusé à suivre ses aventures catastrophiques racontées dans un style très imagé. Mais, je me suis aussi parfois laissé surprendre par l'émotion. Au cours d'un récit passionnant, Déborah va découvrir l'amitié avec des garçons et va percer un mystère qui entoure sa mère. En résumé, c'est un roman drôle, juste et brillant (à l'image de sa belle couverture dorée avec des coquillettes).
Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte, d'Annet Huizing
(Syros, 2016)
Difficile de choisir LE coup de cœur en littérature jeunesse de mes lectures de ces douze derniers mois ! La passe-miroir de Christelle Dabos ou La douane volante de François Place, ces merveilleux romans qui furent d'immenses plaisirs de lecture ? Ils sont en ballotage avec Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte, de Annet Huizing, aux éditions Syros... C'est ce dernier roman que je choisis finalement, car je pense qu'il peut être une découverte pour davantage de curieuses et curieux.
L'héroïne, Katinka, n'a que 12 ans, et le roman s'adresse aux lecteurs et lectrices de tout âge, petites ou grandes, dès 10 ou 11 ans, jusqu'à au moins 110 ans. Et personnellement c'est cette universalité que je recherche en littérature jeunesse, autant dans mes lectures que dans mon écriture, telle la pierre philosophale. Peu d'auteurs et d'autrices trouvent cet endroit universel en eux pour pouvoir le restituer ensuite. De plus, le roman d'Annet Huizing nous offre une très belle métaphore de l'écriture que l'on cultive, qui pousse, mûrit, grandit et sort de terre. Cette métaphore est d'autant plus forte qu'elle s'accompagne d'un deuil, exprimé avec une pudeur propre à l'enfance. Et puis chaque chapitre donne lieu à un véritable conseil d'écriture, précieux et pertinent. La petite fille finit en effet par écrire un vrai bon roman, aidée par des ateliers d'écriture informels donnés par sa voisine écrivaine. C'est passionnant, profond, sensible, doux, sensuel et silencieux, et entoure le cœur d'un voile d'enfance qui flotte, léger, prêt à s'envoler, sans oublier de nous caresser l'âme au passage, tout en l'élevant.
Tu seras ma princesse, c'est comme un trou noir de poésie. On se fraye un chemin jusqu'à sa première page, on en déguste les premiers mots avec insouciance, et on comprend rapidement que l'on va se faire happer par les émotions sans pouvoir leur opposer une quelconque résistance.
Le livre raconte l'attente d'un enfant, d'une petite fille déjà aimée inconditionnellement avant même qu'elle vienne au monde, mais résonne bien au-delà de la simple histoire de grossesse. Ce livre donne une furieuse envie d'aimer et surtout de le dire !
- #19. Le coup de cœur de Tom Lévêque - Assistant d'édition chez Talents Hauts, rédacteur du site de critique de littérature jeunesse La Voix du Livre et vidéaste pour la chaîne Youtube .
Comme tout le monde, de Charlotte Erlih et Marjolaine Leray
(Talents Hauts, 2017)
Beaucoup de gens - qui dénigrent les chaussures à scratch - croient qu'il est facile d'écrire et illustrer un album jeunesse. Charlotte Erlih et Marjolaine Leray prouvent avec talent, et une grande classe, à quel point ces personnes ont tord - parce que franchement, qui n'a jamais surkiffé les chaussures à scratch ? (Merci Julia pour cette métaphore filée de génie.) Dans Comme tout le monde, une petite roulotte bariolée et un peu boulotte sillonne le vaste monde. Elle s'arrête un jour à l'orée d'un joli bourg fleuri où, très vite, les maisons cancannent et les ragots fusent. Trop colorée, sans cheminée ou avec des roues, cette roulotte n'est décidément pas comme tout le monde... Elle répond aux perfides critiques en s'adaptant jusqu'au jour où, vraiment, c'en est trop. Cette fable moderne mais universelle est le parfait exemple d'un album jeunesse réussi. Que dis-je ? D'un futur CLASSIQUE de la littérature jeunesse. Grâce à un texte musical et rythmé - où chaque mot est finement choisi - et une illustration énergique qui donne vie en quelques traits à maisons et roulottes, cette parabole faussement enfantine de la différence et de l'intégration est aussi riche que subversive et aussi tendre qu'essentielle. Cet album singulier et expressif, est à mettre entre toutes les mains, petites et grandes !
- #20. Le coup de cœur de Nathan Lévêque - Libraire passionné au Merle Moqueur, rédacteur du site de critique de littérature jeunesse Le cahier de lecture de Nathan et vidéaste de la chaîne Youtube Le cahier de lecture.
Sirius est sans aucun doute le livre qui m'aura le plus marqué, fasciné et bouleversé en 2017 (oui, rien que ça).
Je voudrais saluer l'intense poésie de l'écriture de Stéphane Servant, la justesse de ses personnages ou encore l'immense palette d'émotions qui nous traversent dans cette aventure post-apocalyptique (oui, oui, c'est bien Stéphane Servant qui est aux manettes de ce livre de science-fiction, puisque, par extension, c'est en un !). Mais l'ayant déjà fait à maintes reprises, par écrit ou en vidéo, j'insisterai plutôt sur l'importance du message qu'il transmet aux jeunes (ou pas !) lecteurs. Avec douleur mais beauté, il nous montre que si l'Homme abandonnait la sauvagerie, pour redevenir sauvage, à l'instar des animaux qu'il est en train de tuer en même temps que la planète, le monde serait à nouveau beau. En paix. Et si, en 2018, on prenait soin d'eux ?
- #21. Le coup de cœur de Lucie - Bibliothécaire et corédactrice du site de critique et recommandations de littérature jeunesse Dans ta page.
de Rony Hotin et Jonathan Garnier
(Casterman, 2017)
Choisir, c'est renoncer, et quand ce monstre qu'est Lupiot m'a demandé de choisir mon coup de cœur de l'année, une bonne dizaine de titres me sont venus en tête : Camille et Jeanne pour l'humour et la tendresse ? Grand Ami pour la poésie ? Le Renard et l'étoile pour le travail graphique incroyable ? Et beaucoup d'autres encore... Finalement, je me décide pour Momo, qui allie humour, tendresse, poésie et graphisme remarquable. Cette BD en deux tomes nous entraîne dans le quotidien de l'espiègle Momo, qui, dans son petit village, partage la vie de sa grand-mère en attendant le retour de son père. Cette petite fille au caractère bien trempé vous attache par le bout du cœur et vous mène par le bout du nez, comme dirait l'autre, et c'est les yeux plein de larmes et le palpitant essoré qu'on referme le 1er puis le 2e tome de la série, parce que même quand la vie est pas facile et vous pique comme une fourchette, il y a toujours une Momo quelque part pour vous prendre par la main et vous mener vers le ciel bleu.
- #22. Le coup de cœur de Michaël Mathieu - Libraire passionné à la Librairie de Paris.
- #23. Le coup de cœur de Christophe Mauri - Écrivain jeunesse, auteur notamment de la série Mathieu Hidalf, des Saisons de Peter Pan, Je veux manger un lion, La famille royale et Le Petit Poucet, c'est moi.
J'adore Le Chevalier de Ventre-à-Terre pour sa composition, pour le fourmillement de l'image, pour sa malice décapante et sa tendresse baveuse. Rien de mieux qu'une bonne bataille pour remplir sa journée, c'est certain, mais inutile de jouer le jeu jusqu'au bout. Si chacun défendait son fraisier avec autant d'élan que cet escargot, il y aurait plus de contes de fées à raconter aux enfants.
Mais ce qui me plait le plus, chez ce héros, c'est son nom : " Le Chevalier de Ventre-à-Terre ". Comment a-t-on une idée pareille ?
- #24. Le coup de cœur d'Hélène Mével - Libraire passionnée à la Fnac de Sainte Geneviève des Bois.
La Belle Sauvage, c'est le genre de lecture qui vous emporte dans un univers à part entière. On suit Malcolm, attachant gamin de douze ans et de son dæmon, dont la vie va être bouleversée quand l'abbaye du coin accueille un bébé (la petite Lyra) dont la vie est en danger. S'ensuit une foule de péripéties épatantes qui mènera le garçon jusqu à Londres...
Un moment vous êtes dans votre lit, dans votre canapé, emmitouflé dans un plaid bien chaud, et celui d'après vous êtes dans l'Angleterre de Pullman, dans le canoë de Malcolm. C'est le genre de lecture qui vous capture le temps de ces 600 quelques pages, et vous en ressortez un peu triste car vous seriez bien resté en compagnie de ces personnages.
La Belle Sauvage, c'est le genre de lecture à côté de laquelle il ne faut pas passer, parce que ça vous rappelle pourquoi vous adorez lire. Note : on peut apprécier le voyage sans avoir lu À la croisée des mondes.
- #25. Le coup de cœur de Stéphane Michaka - Écrivain jeunesse auteur notamment des Enfants du Docteur Mistletoe et du diptyque Cité 19.
La Ballade de Mulan, de Chun-Liang Yeh et Clémence Pollet
(Hong Fei, 2015)
Mon coup de cœur de l'année en jeunesse est La Ballade de Mulan, un album illustré par Clémence Pollet. Il est paru chez HongFei, un éditeur passionnant qui vient de fêter ses dix ans. Je ne connaissais pas le travail de l'illustratrice avant de la rencontrer grâce à Didier Jeunesse, chez qui nous avons publié ensemble le livre-disque Alice & merveilles. J'ai très vite été séduit par les illustrations de Clémence, son talent multiforme et sa façon de plier son dessin à chaque histoire tout en restant elle-même. La Ballade de Mulan est un conte chinois vieux de dix-sept siècles, très actuel aujourd'hui. Je n'en dirai pas plus, pour laisser aux lectrices et lecteurs de tous âges le plaisir de se plonger dans cette fable. Mais surtout de goûter les illustrations et les couleurs de l'illustratrice, car cet album est une pépite de la littérature jeunesse - quand récit, image et format se marient avec évidence, beauté et simplicité. La Ballade de Mulan a été publiée il y a deux ans. Comme tous les grands albums jeunesse, elle fait maintenant partie du paysage de façon inamovible et inoubliable.
Les années 50, une bande de gamins à vélo, un croquemitaine qui les traque... Il n'en fallait pas plus pour me plaire. Mais attention, dans le domaine, on me l'a fait pas. De Ça à Nuits d'été de Dan Simmons, en passant par Le mystère du lac de McCammon, je suis exigeant sur la thématique et la qualité. Et ce premier roman de Thibaut Vermot se pose comme une nouvelle référence en matière de roman horrifique et d'adolescence. Déjà parce qu'il digère parfaitement ses aînés, et ensuite parce qu'il y a une plume incroyable, un styliste qui fera date. En fait, il y a même plus de Poe que de King dans ce roman que j'ai adoré, et il y a surtout l'émergence d'un romancier dont on suivra les prochains romans avec impatience et immense intérêt. Romancier qui réussit ce que j'aime, un roman à la frontière des genres et qui peut et doit être lu par les ados autant que par les adultes - et tous ceux qui en fait voudront lire un bouquin génial.
C'est l'histoire de Jengo Longomba, jeune boxeur congolais qui arrive à Berlin pour livrer un combat décisif. Le roman est un va-et-vient entre l'approche du combat, heure par heure, et des flash-back qui nous ramèrent à l'enfance de Jengo, à Kinshasa.
Enfance difficile car son père était Sénégalais et pas Congolais, Walof et pas Bantou, musulman et pas chrétien. Ce père toujours absent, Jengo l'admire parce qu'il est grand, fort et généreux - mais à la maison, c'est la grand-mère autoritaire qui dirige. Elle voit en Jengo un enfant-sorcier (ces enfants qui peuvent être battus à mort sans qu'on s'en offusque). Malmené, humilié Jengo ne trouve de raison de vivre que dans l'apprentissage de la boxe, et est fasciné en particulier par le combat du siècle ayant eu lieu justement à Kinshasa en 74 entre Ali et Forman.
La ville est omniprésente. On s'y croit, avec les rues défoncées, les embouteillages, l'odeur du plastique qu'on brûle, la chaleur, la rumba congolaise. Et surtout les nombreux détails qui montrent que l'auteur connaît son affaire. Elle évoque par exemple les arbres qui servent de terrains d'atterrissage aux âmes des défunts.
La langue du roman est parlée, spontanée, orale. La traduction est selon moi particulièrement réussie. Très brillante. Le traducteur recourt aux expressions idiomatiques réelles comme " avoir la sorcellerie ".
Cœur de bois est sans aucun doute le livre qui m'a le plus marquée cette année - la lecture dont je me souviens, la claque qu'a été de découvrir cette histoire. L'album s'ouvre sur Aurore, une femme qui se regarde dans le miroir. Elle vient de se maquiller, de se parfumer. Elle s'apprête à se rendre en forêt pour une promenade avec un " vieillard impotent ". Mais c'est six doubles-pages plus tard que le vieillard apparaît enfin à l'image - et c'est un choc. Ce serait dommage d'en dire plus, tant cet album, destiné aux grands - voire aux très grands, est tout entier construit sur le trouble. Les images de Régis Lejonc - cette couverture, déjà ! - sont des tableaux sombres et fascinants, et le texte d'Henri Meunier est parfait, déroulant à la manière des contes une fascinante histoire de pardon. Pour moi, la littérature jeunesse, dans ce qu'elle fait de mieux, offre cet espace de liberté et de création à des albums hors normes comme celui-ci.
Une histoire qui surprend, de la beauté et du sens... Avec Le Bois Dormait, Rébecca Dautremer réenchante un conte rebattu. Ici, ni fée ni princesse mais un monde endormi qui interroge le nôtre : " ... Il n'y en a pas un qui ait envie que ça change ? Allez hop, debout là d'dans ! "
Sous le titre, deux personnages dessinés au trait nous attendent. Un précepteur et son élève ? Leur dialogue va alterner avec des pages couleurs muettes traitées à la façon d'images fixes sur pellicule argentique : coins arrondis, second plan flou, traces de doigts sur un fond surexposé... Du baiser, on ne saura rien. Mais les papillons s'envolent... et le peuple du Bois est là, réveillé. " La poussière dans le vent, ça ne fait pas beaucoup de bruit " constate le vieil homme. On entre dans Le Bois Dormait comme dans un film muet. Sur la route, un lapin dort sous le panneau du village et une affiche de cirque. Ici, tout fait sens, le choix des personnages figés dans leur sommeil comme les plus infimes détails. C'est le mot " amour " qui décide le jeune homme à agir. Il avance vers nous, sort de la page pour basculer du côté couleur où il rejoint la fleuriste du Dans cet album écrit comme un film, avec intelligence, tendresse et maestria, Rébecca Dautremer nous donne à entendre la musique de la poussière dans le vent... Bois Dormait.
- #30. Le coup de cœur de Bertrand Santini - Écrivain et dessinateur jeunesse auteur du Yark, du Journal de Gurty, de Hugo de la nuit et de Miss Pook et les enfants de la lune.
Je suis tombé amoureux d'Earl et Mooch au premier coup d'œil. Je veux vivre avec eux, partir dans leur monde, les couvrir de bisous et leur balancer des boules de neige à la gueule en riant. Ce duo de chat et de chien déglingué se nomme Mutts en anglais et j'ai toujours été étonné que ce fantastique petit monde créé par Patrick McDowell ne soit pas plus connu en France. À découvrir, donc, toutes affaires cessantes ! Et si vous ne me croyez pas, alors croyez Charles Schulz, le papa de Snoopy qui a qualifié Mutts " d'un des meilleurs comics de tous les temps ".
Honor Girl (nt), de Maggie Thrash
(VO 2015 Candlewick Press)
Michelle, doit-on t'en vouloir d'avoir fait un selfie à Auschwitz ?, de Sylvain Levey
(Éditions théâtrales, 2017) (pièce de théâtre jeunesse)
Lors d'un voyage scolaire, une adolescente se prend en photo, tout sourire, à l'intérieur du camp de concentration d'Auschwitz et poste son cliché sur les réseaux sociaux, déclenchant un torrent d'insultes des internautes. Ce fait divers, qui avait suscité une polémique aux États-Unis, a inspiré à Sylvain Levey cette pièce de théâtre jeunesse très originale qui met en scène des adolescents, mais aussi leurs avatars. On suit simultanément les actions des personnages et leur activité sur les réseaux sociaux. Les élèves commentent en temps réel leur excursion : remarques et photos sur leurs habits, leurs repas, leur trajet vers hashtag Birkenau. Alors, pourquoi pas un selfie à Auschwitz ?
Mise en abyme passionnante de notre société numérique où le réel et le virtuel s'entremêlent en permanence, où chacun est à la fois acteur et spectateur de sa vie, ce récit nous plonge dans une double dimension. Troublant et profond.
Extrait : " Ils se filment, ça tchatte et ça tchatche. Dehors tout est calme. À quelques battements d'ailes d'ici, le camp de concentration et ses fantômes, clic, une photo de la campagne polonaise la nuit. "
Watership Down, de Richard Adams
(VO 1972, VF Flammarion 1976,
réédition chez Toussaint Louverture en 2017)
" WTF ?? Une histoire de LAPINS ?? "
(Yosemite Sam, in Library Rabbit, 1942, dir. Mel Noir)
Arma cuniculosque cano... La traversée d'un ruisseau, d'une lande de bruyères, les hauteurs d'une colline de la campagne anglaise prennent les couleurs d'une lutte pour la survie, rendue sensible par Richard Adams qui oscille entre réalisme (on peut mourir écrasé par une voiture ou étranglé par un collet), aperçus linguistiques (les lapins, comme les trolls, ne savent pas compter au-delà de trois) et mythologiques (meet Shraar'ilsha, légendaire génie lapin). L'incipit ne traîne pas : sous la menace de bulldozers, un pack de lapins décide de se tirer de la garenne qu'ils connaissent depuis toujours et de fonder, contre leur nature paisible, un autre patelin (anagramme au passage de " lapinet ") dans un coin plus tranquille. Mais quelle initiation - et quel voyage ! De garennes en couverts boisés, les paysages, les atmosphères et les lumières sont, dans la lignée de Constable, à couper le souffle et donnent à cette aventure l'ampleur d'une épopée à hauteur de lapins.
- #34. Le coup de cœur de Flore Vesco - Écrivaine jeunesse, autrice de De cape et de mots et de Louis Pasteur contre les loups-garous.
Gling, un amour de supermarché, de Bertrand Ferrier
(Hachette Jeunesse, 2003)
En 2017, j'ai découvert Bertrand Ferrier. Il publie depuis 15 ans mais n'était jamais passé dans mon radar. C'est bien dommage, et j'ai rattrapé mon retard. Bertrand Ferrier écrit des romans tous différents les uns des autres (ça va du Chair de poule à la romance, c'est vous dire), et toujours surprenants. Mon coup de cœur va à Gling, un amour de supermarché. Mais ATTENTION : Ne vous fiez pas à la couverture. (On m'a appris à être polie, et à ne pas dire " c'est pas bon ", mais plutôt " je n'aime pas ça ", donc je me contenterai, de manière litotique, de préciser que cette couverture ne rend pas justice au roman).
Le roman raconte un rencard entre deux ados dans un supermarché, qui tourne au périple farfelu, avec un côté un peu picaresque, voire franchement déjanté. Mais en fait ce n'est pas l'histoire qui accroche le lecteur, mais les mille et une trouvailles qui viennent la ralentir : les néologismes, les notes de bas de page, les ratures (l'éditrice intervient sur l'histoire, supprime les longueurs et efface les gros mots)... Il y a aussi un générique qui ouvre le roman. Les numéros de page figurent dans des petits caddies. Une phrase sur cinq est une parole de chanson connue. Alors, oui, tous ces jeux brouillent un peu l'histoire, et je pense que ce récit ne plaira pas à tous les lecteurs : il y en a que ces écarts agaceront, ou lasseront. Mais moi, je surkiffe, si vous voulez bien me passer l'expression !
Nell et Eva, 17 et 18 ans, vivent à l'orée de la forêt, dans une maison isolée, avec leurs parents, depuis l'enfance. Elles ont des rêves d'études brillantes ou de danse. Mais autour d'elles, le monde semble progressivement s'effondrer. C'est d'abord la mort de leur mère, puis l'électricité qui disparaît en ville, les communications coupées, les rumeurs de pillages, partout...
Si ce roman d'une beauté, d'une intelligence, d'une force inédites est mon choix de l'année, alors qu'il est paru en " générale ", c'est parce qu'il a tous les ingrédients d'un immense roman young adult : héroïnes qui sortent de l'adolescence ; récit initiatique (on y apprend avec Nell et Eva l'ivresse, l'amour, le désir, le désespoir, la survie, l'endurance, la forêt, bien entendu, et tant d'autres choses que je ne peux révéler sans spoiler...) ; genre post-apocalyptique ; forme choisie (celle du journal). Et, passé le premier tiers, tout peut arriver, à chaque instant, la mort, la vie, l'éblouissement, l'horreur, l'effroi, accueillis avec une sorte d'égalité d'âme.
Au-delà, Dans la Forêt raconte l'indicible, ne dispense aucune leçon moraliste, mais ne se dispense pas d'une haute rigueur morale dans sa recherche obstinée de la beauté et de la vérité du monde.
- #36. Le coup de cœur de Nicolas Winter - Rédacteur du site de chroniques littéraires et cinématographiques et membre de l'équipe critique de Bifrost.
Quelques minutes après minuit, de Patrick Ness et Siobhan Dowd
(VO 2011, VF Gallimard Jeunesse, 2012)
Le sublime métrage de Juan Antonio Bayona paru en début d'année m'a logiquement poussé à mettre la main sur le roman original.
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La sélection complète des 36 ouvrages coups de cœur,
classés par ordre de difficulté de lecture croissante (grosso modo) :
Certains te donnent envie ?
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En te souhaitant de belles découvertes pour 2018 !
Liste des participants (et leur lien au monde du livre jeunesse) :
- Audrey (Booktubeuse / Attachée de presse)
- Gaël Aymon (Écrivain)
- Clémentine Beauvais (Écrivaine / Chercheuse)
- Luc Blanvillain (Écrivain)
- Bob (Blogueuse / Bibliothécaire)
- Anne-Laure Bondoux (Écrivaine)
- Broco (Blogueuse)
- Marine Carteron (Écrivaine)
- Charmant Petit Monstre (Blogueuse)
- Coline Cribue (Chargée de communication)
- Sarah Crossan (Écrivaine)
- Xavier D'Almeida (Éditeur)
- Anahita Ettehadi (Écrivaine / Libraire)
- Timothée de Fombelle (Écrivain)
- Hervé Giraud (Écrivain)
- Yves Grevet (Écrivain)
- Florence Hinckel (Écrivaine)
- Lucie Kosmala (Journaliste)
- Tom Lévêque (Blogueur / Assistant d'édition)
- Nathan Lévêque (Booktubeur / Libraire)
- Lucie A. (Blogueuse / Bibliothécaire)
- Michaël Mathieu (Libraire)
- Christophe Mauri (Écrivain)
- Hélène Mével (Libraire)
- Stéphane Michaka (Écrivain)
- Benoît Minville (Écrivain / Libraire)
- Jean-Claude Mourlevat (Écrivain)
- Madeline Roth (Écrivaine / Libraire)
- Cécile Roumiguière (Écrivaine)
- Bertrand Santini (Écrivain)
- Kate Scelsa (Écrivaine)
- Caroline Solé (Écrivaine)
- Flore Vesco (Écrivaine)
- Thibault Vermot (Écrivain)
- Vincent Villeminot (Écrivain)
- Nicolas Winter (Blogueur / Journaliste)