Éditeur : Dupuis (édité dans plusieurs collections)
Langue : Français
Mise en contexte : La série de bandes dessinées Jérôme K. Jérôme Bloche est née dans les années 80 et compte à ce jour 25 tomes reliés. Chaque tome peut être lu indépendamment, à l’exception de certains qui fonctionnent par paire (un peu à l’instar de Tintin).
Le personnage principal, Jérôme K. Jérôme Bloche, doit son nom à l’écrivain britannique Jerome Klapka Jerome. C’est un petit détective ordinaire : sans ambition, un brin maladroit, parfois malchanceux, mais toujours sympathique et terriblement proche du lecteur.
Résumé :
C’est connu, Jérôme a trop bon coeur ! Mais le jour où le jeune détective recueille un clochard par une froide nuit d’hiver, il ignore encore qu’il va se retrouver mêlé au plus formidable des complots, recevoir par procuration le prix Goncourt, élucider le mystère de l’assassinat de Kennedy, se retrouver entre les feux de deux tueurs à gages prêts à tout pour en finir et devoir sauver Babette, prise en otage par l’un des deux…
Mon avis
Que cela soit en littérature ou en bande dessinée, il y a des histoires qui vous marquent et ce, pour plusieurs raisons : un personnage charismatique ; un univers riche et innovant ; des retournements de situation surprenants. Dans le cas de ce tome, « Le coeur à droite », ce qui m’a marqué, c’est avant tout l’ambiance, le ton de l’histoire et la tension scénaristique qui va crescendo jusqu’au dénouement final. Une vraie ambiance « polar » très réussie, ce qui est assez rare en bande dessinée originale pour être souligné.
Dès le résumé, ce tome nous propose de découvrir la vérité sur l’un des plus grands mystères du XXè siècle : l’assassinat de Kennedy ! Un sujet risqué car déjà traité à maintes reprises par le cinéma, la télévision et la littérature en générale. Pourtant, ce tome s’en sort avec brio.
Tout part d’un détail, d’un acte du quotidien, puis l’intrigue se déroule, tel une pelote roulant sur le sol. Chaque pièce du puzzle s’imbrique avec une logique implacable jusqu’à la révélation tant attendue : l’identité du tueur !
Le travail sur ce personnage est, comme souvent dans la série, très juste, subtile. Il s’agit d’un être en demi-teinte. Un assassin pour lequel on éprouve toutes sortes d’émotions, s’échelonnant du dégoût à la compassion. Un personnage réellement touchant qui nous donne envie de croire à son histoire, même si on sait pertinemment qu’elle est fictive.
L’atmosphère du volume est renforcée par le style très particulier de Dodier, qui se veut réaliste (l’auteur reprend notamment des paysages connus de Paris où se déroule l’action) mais qui reste relativement épuré, ce qui rend la lecture fluide et agréable. Les textes, riches mais courts, vont généralement à l’essentiel, ce qui donne une vraie dynamique et une vraie cohérence à l’ensemble.
Le tout est magnifié par les couleurs de Cerise, variées mais ternes, qui contribuent superbement à l’ambiance qui se dégage de l’oeuvre.
En bref, bien que la série ait déjà plus de 30 ans, ce tome n’a pas pris une ride : il est toujours capable de transporter le lecteur dans l’intrigue et, une fois accroché, impossible de lâcher le livre sans l’avoir terminé. Bien sûr, les dessins ainsi que la palette de couleurs pourront paraître datés aux yeux de certains, mais une fois dans l’ambiance, vous constaterez qu’ils en font partie intégrante et vous ne les jugerez plus aussi sévèrement. Un excellent tome pour découvrir l’univers de cette série méconnue.