Love Drama..
Catherine (jetant un coup d’oeil sur ma tablette): Tu regardes quoi ?
Moi (mettant pause et me tournant vers elle): C’est un vieux drama que je prends plaisir à regarder de temps à temps, « Gokusen ».
Catherine (curieuse): Ça parle de quoi ?
Moi (lui montrant un personnage): Elle, c’est la petite fille d’un grand yakuza. Elle a décidé de devenir professeur comme ses parents défunts. Mais elle doit garder ses origines secrètes pour ne pas être renvoyée.
Catherine (avec un petit sourire): Je parie que cela va être source de quiproquos.
Moi (riant): Comme tu dis ! Je trouve juste dommage que l’on ne voit pas grand-chose du monde des Yakuzas d’un point vu féminin, d’autant plus qu’elle est la première sur la liste à reprendre les rênes du clan à la mort du grand-père…
Catherine (posant un doigt sur l’écran de la tablette): Je comprends, mais tu peux voir des mecs super mignons
Moi (riant de nouveau): Oui, cela donne presque envie d’être à nouveau au lycée… Je dis bien presque !
AUTEUR: Shoko Tendo (traduction française d’Aurélie Dudeffand, adaptation Sean Michael Wilson et dessins de Michiru Morikawa)
TITRE: Yakuza Moon
ÉDITEUR, ANNÉE: Graph Zeppelin, 2015
NOMBRE DE PAGES: 192 pages.
Reçu lors de la précédent Masse Critique de Babelio, j’ai pu découvrir l’histoire forte en émotions de « Yakuza Moon » de Shoko Tendo.
Résumé:
Ce récit à la fois déchirant et instructif des mémoires d’une femme au coeur du crime organisé japonais est choquant et incroyablement émouvant, d’autant qu’il s’agit d’une histoire vraie (…)
« L’histoire vraie d’une fille de gangster japonais »… Je vous avoue que cette phrase d’accroche avait tout de suite retenu mon attention. Tirée de l’autobiographie de Shoko Tendo, j’avais envie de voir enfin le « monde des yakuzas » à travers le regard d’une femme.
Nous suivons Shoko de sa tendre enfance à la jeune femme trentenaire qui va enfin prendre un tournant salvatrice pour sa vie. Mais avant d’arriver à cette note d’espoir, elle va nous dévoiler ses peurs, ses blessures, sa colère, ses hontes ainsi que ses petits instants de bonheurs, les liens avec sa famille et le désir d’être en harmonie avec elle-même.
On ne peut qu’être touché par toutes les épreuves que Shoko a dû vivre, au point même que je me suis demandée où elle trouvait la force pour tenir face à cela. Le mépris de certains parce qu’elle est la fille d’un yakuza, les dettes que la famille a du mal à honorer, son échappatoire dans « les paradis artificiels » durant son adolescence, ses relations amoureuses chaotiques, voire très violentes… Cela s’enchaîne très vite au fil des pages, entrecoupés avec quelques brefs moments plus sereins.
Et tout en se dévoilant, elle nous montre l’image qu’ont les Yakuza sur la Femme: soit soumise, restant à la maison et s’occupant des enfants comme on peut le voir à travers la mère de Shoko ou bien comme un objet sexuel pour leurs amusements. Je peux vous dire que j’ai bien grincé des dents !
Pourtant, bien que j’aie apprécié cette lecture, je ne peux pas manquer de relever quelques points qui me laissent perplexe.
J’ai trouvé que l’on avait pas assez d’approche avec les membres de sa famille. On a peu d’interaction entre Shoko et ses parents, ce qui est dommage, car sa force et ses failles prennent source de l’amour qu’elle a pour eux. Quant à son frère et à ses sœurs, je vous avoue de les avoir oublié vu au peu de connexion avec eux.
Pour ce qui est de ses relations amoureuses, elles sont centrales dans le récit. Au-delà de l’aspect psychologie qui va dans le sens que Shoko cherche un homme proche du profil de son père (un beau complexe d’œdipe), j’ai plus tendance à y voir plusieurs facettes masculines chez les yakuzas: on a l’exemple de celui qu’il la prend carrément pour un jouet sexuel et un autre bien plus fidèle au code d’honneur et aux promesses faites au père de Shoko qu’à entretenir leur relation.
Et nous arrivons à mon principal reproche:
– Alors que je m’attendais à découvrir des choses sur les clans de Yakuzas à travers le regard d’une personne féminine et cela depuis son enfance, j’avais la vie d’une femme qui a été maltraitée autant physiquement que mentalement, qui a dû affronter de nombreuses épreuves, vaincre ses vieux démons, avant de pouvoir enfin s’épanouir.
C’était une de mes grosses attentes pour ce manga et, malheureusement, je fus déçue de ce côté-là.
Pour finir, côté dessin, j’ai apprécié les traits de la dessinatrice qui a su retranscrire les différents sentiments qui traversent les personnages, surtout ceux de Shoko qui m’ont parfois troublé et mis mal à l’aise. Il y’a vraiment très peu de chances que vous y soyez insensibles.
Je regrette juste le manque d’arrière-plan, de décors derrière les personnages donnant une sensation de vide.
Conclusion:
Bien que l’histoire ne fût pas vraiment celle à laquelle je m’attendais, je n’ai pas pu rester de marbre face à ce que Shoko Tendo a vécu. Ce n’est pas les différentes facettes du clan des Yakuzas que j’ai découvert, mais celle d’une femme complexe, forte et courageuse qui a su vaincre ses vieux démons et trouver une certaine sérénité d’après les dernières interviews que j’ai pu lire.
C’est un récit qui pourra heurter la sensibilité de certains par sa dureté et sa touche de violence, mais elle est salutaire par sa note positive à sa fin. Selon moi, son message est que:
– notre vie est composée d’infinis chemins. Que l’on se soit égaré ou bien tombé sur une impasse, il suffit de prendre une nouvelle route. Rien n’est défini, tout est possible.