Vous ai-je déjà parlé de ma toute récente carte de bibliothèque, ce multipass qui me donne accès à TOUT CE QUE JE VEUX. Je vous ai dit que je n'en pouvais plus de joie ?
Bah voilà c'est fait.
Et qui dit accès à tout, dit " je n'ai plus peur de prendre des bouquins au risque d'être déçue PUISQUE JE NE PAIE RIEN "
Ainsi, à chaque début de mois, je vais faire mes emplettes dans ma grande bibliothèque, tellement ultra moderne que tu as l'impression de rentrer dans un gigantesque vaisseau spatial, et ce mois-ci, je me suis prise quelques nouveautés jeunesses dont le Prix Vendredi 2017 qui a une " hype " assez sévère depuis octobre.
Une couverture d'une classe folle et des avis élogieux, il n'en fallait pas plus pour que Super Mimine se jette dessus et lise le tout premier Prix Vendredi de l'Histoire de l'Humanité.
Et...au final
mwé
De ce que de quoi ça parle
Titiana emmène sa fille Nine un soir, sans rien lui dire, dans une cabane près d'un lac. C'est le moment de lui raconter une histoire et ça c'est un truc qu'elle sait faire, Titiana. Auteure de romans policiers, elle ne compte pourtant pas raconter de la fiction. Non, cette fois-ci, c'est une histoire vraie, celle de sa famille que Nine va découvrir pour la première fois.
Ainsi, durant toute une nuit, mère et fille vont retracer l'enfance de Titiana et de sa drôle de famille, Rose-Aimée la mère hippie et les jumeaux Octobre et Orion, jusqu'au secret qui les a séparés pendant de si longues années.
Mimine, elle en a pensé quoi en vrai ?
Partant sur de la bonne base " roman à suspens qui te tient jusqu'à la fin, jusqu'à la clé du mystère " , je ne peux pas dire que la lecture fut désagréable. Bien au contraire. Même si la première moitié a été un poil compliquée - j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans - la seconde est inlâchable alors que les réponses aux questions commencent enfin à se dévoiler.
Les qualités stylistiques du bouquin sont INDENIABLES. Le récit oscille entre la littérature jeunesse et la littérature adulte avec l'équilibre d'un funambule et on comprend assez aisément pourquoi L'aube sera grandiose a reçu le prix. A travers un univers un peu loufoque, on traverse les époques 70's à 90's avec tout ce que ça comporte de goodies, de musique et de politique et c'est sympa. Pour ça, je dis OUI.
Mais caillou dans la basket j'ai senti, caillou il y a.
Et c'est le moment où je me sens partagée, parce que tout ce que je vais dire relève d'une subjectivité absolue, je m'en rends bien compte. Car s'il y a eu couillette dans le potage c'est à cause des personnages féminins avec qui j'ai eu beaucoup, beaucoup de mal. Dès le départ, j'ai senti venir l'antipathie pour Titiana mais surtout pour sa mère Rose-Aimée. Figure assez typique de la hippie fin 60's, libre et qui n'en fait qu'à sa tête, elle possède néanmoins un petit côté excentrique qui aurait pu être drôle. Mais voilà, son comportement vis à vis de ses enfants puis envers les hommes de sa vie (Jean-Ba et Vadim, pauvres choux), cette nonchalance et cet égoïsme qu'elle incarne m'ont profondément débectée à mesure que j'avançais dans le récit.
Petite parenthèse ↓
[Pour être honnête, j'ai réécris cette critique deux fois, tellement je m'emballais dès que je me mettais à parler de Rose-Aimée. Je ne sais pas exactement ce que ce roman a fait naître en moi ni d'où ça sort, mais ça m'a étonnée moi-même, j'vous avoue.]
Fin de la parenthèse ↑
Pour Titiana, c'est un poil différent, quoique les reproches pourraient être un peu les mêmes en fait. Plus que son rôle de mère, c'est son rôle de narratrice qui m'a agacée. Titiana raconte à sa fille Nine l'histoire de sa famille et le secret qui les a séparés pendant plus de 20 ans. Pourtant, elle prend son temps et nimbe son récit à plusieurs reprises de mystérieux " Héhé, ce détail, je ne te le dis pas tout de suite, ça sera pour plus tard *clin d'oeil* ", à l'image de la romancière à suspens qu'elle est, adorant créer l'attente chez son public (ici => sa fille). Alors je sais qu'on est dans un roman et que ce n'est pas la vrai vie, hein, et que ces petits artifices sont justement là pour faire monter la sauce et le suspens. Mais personnellement, je me mets à la place de la gamine : on m'oblige à tout quitter en pleine nuit pour me retrouver dans une cabane perdue, on m'apprend qu'on m'a menti toute ma vie et par dessus le marché on me fait patienter parce que faut garder du mystère jusqu'à la fin... Comment vous dire que la maman se serait retrouver la tête dans le lac à faire des bulles ?
A contrario, j'ai trouvé le personnage de Nine en adolescente plutôt crédible dans ses réactions (j'ai appris qu'Anne-Laure Bondoux avait demandé conseil à sa propre fille. CQFD), mais surtout j'ai adoré les personnages masculins. Mais genre beaucoup beaucoup. Les jumeaux Orion et Octobre ; et les beaux-pères Jean-Ba et Vadim. J'ai éprouvé pour eux, victimes de l'emprise de Rose-Aimée d'une certaine manière, une tendresse folle. Ils m'ont émue ces mecs-là, avec leurs maladresses, leur âme un peu cabossée et leurs excentricités. Je les ai même trouvés plus intéressants, dans leur intériorité, que nos deux héroïnes.
Tant pis nini
Comme je le disais dans un précédent article, moi et les personnages faut que ça matche rapidement. Il suffit d'un petit grain de sable pour que mon mécanisme de lectrice se crispe. D'autre part, si le récit est sympathique et prenant, il m'a quand même manqué un petit je-ne-sais-quoi, une petite épice, quèque chose qui relève le goût, peut-être un souffle romanesque plus puissant qui aurait rééquilibré ma petite aversion pour les héroïnes. Je ne sais pas, sans doute ai-je été un peu déçue par la résolution finale, après autant de mystères et de ficelles narratives. Ça m'a semblé un peu forcé tout ça. Un peu artificiel pour un résultat pas si ouf.
Donc bon je n'ai pas été emballée par ce Prix Vendredi 2017,
qu'à cela ne tienne !
J'ai mis de côté la liste des finalistes et je compte bien me faire un petit rattrapage pendant l'année. Grâce à qui ?
Y en a deux-trois qui me font gentiment de l'oeil :
- La loi du phajaan, de Jean-François Chabas (Didier Jeunesse)
- Rage, d'Oriane Charpentier (Gallimard Jeunesse)
- Magnetic Island, de Fabrice Colin (Albin Michel Jeunesse)
- Naissance des cœurs de pierre, d'Antoine Dole (Actes Sud Junior)
- Power club. Vol. 1 : L'apprentissage, d'Alain Gagnol (Syros)
- Dans la forêt d'Hokkaido, d'Eric Pessan (L'Ecole des loisirs)
- Star trip, d'Eric Senabre (Didier Jeunesse)
- Sirius, de Stéphane Servant (Le Rouergue)
- Colorado train, de Thibault Vermot (Sarbacane)