Allô Sorcières T1 : Viser la lune, d’Anne-Fleur Multon, illustrations de Diglee, Poulpes Fictions, 2017, 168 pages
L’histoire
Aliénor, Itaï, Azza et Maria ont 13 ans et habitent chacune aux quatre coins de la planète, mais de leur rencontre sur Twitter, naissent tout à la fois une grande amitié et une chaîne Youtube à succès !
Des vidéos sur l’astronomie, par Aliénor, aux conseils d’Itaï en jeu vidéo, d’Azza en pâtisserie et de Maria en photo, les filles partagent leurs passions et voient grossir leur confiance et leur communauté.
Quand Itaï se voit écartée d’un championnat d’e-gaming prétendument masculin, elles ont l’outil en main pour médiatiser l’affaire et lutter contre cette injustice !
Note : 5/5
Mon humble avis
La dernière sélection du club de lecture « Une chambre à nous » porte sur la littérature jeunesse, dont Viser la lune que j’étais ravie de commencer puisque j’avais vu passer la couverture et m’étais fait la réflexion que ce livre avait l’air bien chouette. Ce fut une impression tout à fait juste !
Si j’apprécie particulièrement la littérature jeunesse, j’en consomme finalement très peu pour cette tranche d’âge, donc je ne sais pas où se situe le genre actuellement… mais je trouvais le fait que la protagoniste soit une Française de Guyane absolument ravissant. Bien sûr, comme les origines des nouvelles amies d’Aliénor sont très diverses, c’était d’autant plus engageant, tout comme le fait que chacune d’elles s’intéressent à des sujets différents et qui déconstruisent complètement les clichés. Les intérêts de ces quatre filles sont variés, et ne se limitent pas au combo maquillage-cuisine-bouquins ; si cela en fait partie, le roman est bien clair à ce sujet : elles ne se limitent pas à ces intérêts là et sont bien plus entières.
Une seule chose m’a un peu chiffonnée : tout le début du roman, Aliénor insiste sur le fait qu’elle n’est pas comme les autres filles, parce qu’elle s’intéresse à l’astronomie et pas au maquillage. Je trouvais cette rengaine sacrément stéréotypée pour le coup, avec une pointe de « je suis meilleure que les autres » qui me plaisait guère. Mais quand elle rencontre Itaï, qui elle-même s’intéresse énormément au maquillage en plus d’être une hard-gameuse, elle change de regard et revient sur ses préjugés. C’est donc un peu réparé par le récit, ce qui m’a rassurée.
J’ai particulièrement apprécié l’ancrage du roman dans notre société actuelle avec les contributions culturelles qui vont avec : les références sont présentes tout du long et ont tout pour plaire. Ainsi, c’est sur Twitter que les quatre amies se rencontrent, et on a d’ailleurs accès à ces conversations en direct, à grand renfort de hashtags, gif et memes. Attaquée par un hater, Aliénor est vite défendue par celles qui deviendront ses amies.
Puisque c’est là l’un des principaux attraits du roman : en plus d’être une aventure drôle qui suit des jeunes filles intéressantes, complètes et soudées, l’histoire nous présente également des problèmes de société actuels. Le tout de façon diluée : il ne s’agit pas de s’étendre et d’ennuyer les lecteur·rice·s avec des analyses sociologiques, mais de mentionner ces choses et de les dénoncer dans la foulée. Harcèlement en ligne, sexisme, racisme, et la maladie (le diabète en l’occurrence) y passent.
Bien sûr, le fait que le groupe d’amies décide d’appeler leur chaîne Youtube « Allô Sorcières » a finit de me séduire, surtout à cette époque où la sorcière féministe moderne fait de plus en plus son apparition, bien que cette figure ait été réappropriée il y a des décennies de cela. Et puis, l’illustration de Diglee qui présente les personnages en sorcières est à tomber par terre.
Toutes les illustrations sont d’ailleurs merveilleuses et tout à fait pertinentes, en parfait accord avec le texte. J’ai vu une autre chronique qui reprochait le fait que Diglee ne soit pas mentionnée sur la première de couverture et je suis complètement d’accord (mais pardon j’ai pas conservé le lien…). D’ailleurs, elle n’est pas mentionnée non plus sur la quatrième, à part en tout petit, pour le crédit de couverture, mais certainement pas au même niveau que l’autrice Anne-Fleur Multon (ou que le nom de la série « Allô Sorcières). Et des aperçus qu’on a de la couverture du deuxième tome, ça ne va pas s’améliorer…
PS : Suis-je la seule à avoir eu la chanson d’Amel Bent en tête avant, pendant et après la lecture ? Je ne suis pas certaine d’avoir apprécié cette expérience là…