Résumé:
La famille prit la direction de la mer le premier matin d’août. Ce fut un grand déménagement. Chacun muni d’une valise, d’un chapeau ou d’une casquette se vit également doté d’un attirail spécial à porter : un parasol, confectionné par Martha pour éviter d’en acheter un «les yeux de la tête» près de la plage, une canne à pêche, deux épuisettes et une bouée qu’on avait déjà gonflée pour être sûr qu’elle n’était pas percée mais qu’on n’osait plus dégonfler de peur d’endommager le système. La famille au complet sortit de l'appartement en short et en sandales. On n’avait d’ailleurs pas pris le temps de tester ces dernières et elles firent mal aux pieds avant même d’atteindre la bouche de métro. Tout le monde savait ce qu’il devait faire mais chacun criait à l’autre de faire quelque chose. Le casse-croûte fut donc scrupuleusement oublié sur la toile cirée élégante du salon.» Dans la famille Bernstein, Squatsh est le deuxième des trois enfants : avant lui il y a Ludovic, après lui Marie. Ses parents se nomment Simon et Martha. Ils tiennent une boutique, La Vie moderne, située au 393, rue des Pyrénées à Paris. Outre une famille, Squatsh Bernstein a des principes, comme de s'enfermer aux toilettes pour réfléchir ou de ne jamais porter d’imprimé fleuri. Il fait de la boxe et aime la danse. Pour le reste, il possède peu de choses : un scarabée dans une boîte en carton, des livres, une solide réputation et, quelque part, nichée dans un creux, la mélancolie des gens qui se cognent au monde.Mon avis:Ce roman de la rentrée littéraire de janvier m'avait interpellé par la douceur et l'humour de son résumé. De plus, je lis en ce moment beaucoup de romans aux sujets plutôt difficiles, j'avais donc envie d'une lecture plus simple, plus légère, et divertissante. Je remercie donc les Editions Denoël pour l'envoi de ce titre.On rentre dans ce roman sans vraiment savoir à quoi s'attendre car le résumé nous en dit finalement très peu. On rentre au coeur de la famille Bernstein, une famille parisienne somme toute banale à la fin de l'année 1946 où la vie reprend doucement son court après des années et des années de guerre. C'est Squatsh qui est au centre du roman, il est le deuxième des trois enfants et c'est lui qui nous raconte sa vie, les grands évenements qui ont rythmé son enfance et son adolescence jusqu'à sa vie d'adulte. C'est un roman beaucoup plus profond que ne laisse le présager le résumé. J'ai apprécié justement qu'il nous laisse la surprise des rebondissements que nous réserve ce livre auxquels finalement on ne s'attend pas, et qui permettent de rythmer le récit parfois monotone de cette vie de famille. Il est vrai qu'après quelques chapitres j'ai eu un peur que ce récit linéaire sans véritable fil conducteur mise à part les jours et les années qui passent m'ennuie à la longue, mais Emilie Houssa arrive à maintenir notre intérêt tout au long du livre pour l'histoire de cette famille qui va traverser des épreuves bien difficiles.Squatsh est un petit garçon au début du roman, mais un petit garçon qui se pose déjà énormément de questions sur le monde qui l'entoure, sur les grands mystères de la vie comme la mort qui frappe ses proches sans crier gare. J'ai beaucoup aimé ce personnage un peu à part qui a souvent besoin de s'isoler pour réfléchir, pour tenter de comprendre ce qu'il voit et ce qu'il entend de la bouche des grands. On comprend vite que c'est un enfant très intelligent, très vif, très ouvert d'esprit, et qui comme tous les enfants de son âge croque la vie à pleines dents. C'est avec beaucoup d'émotions qu'on le voit apprendre et découvrir les choses de la vie, vivre avec parfois beaucoup d’insouciance les joies de l'enfance comme les peurs des premières fois. J'ai été émue par certains passages comme l'arrivée de sa petite sœur qui va réveiller chez lui un instinct protecteur, de son émerveillement pour l’océan qu'il voit pour la première fois et de son désespoir à ne pas savoir nager. On se retrouve un peu dans cette naïveté enfantine, dans ses souvenirs, ses apprentissages, ses questions, ses colères et ses erreurs également qui ne peuvent que nous toucher.Je m'attendais à un roman plutôt léger et drôle, en réalité il ne l'est pas vraiment. Emilie Houssa nous livre un premier roman émouvant qui nous raconte avec beaucoup de sensibilité les tentatives désespérées d'un petit garçon et de sa famille pour garder tant bien que mal la tête hors de l'eau, pour surmonter les épreuves qui leur tombent dessus au rythme des mouvements sociaux du XXème siècle. C'est aussi l'histoire d'un petit garçon qui devient peu à peu un homme et qui se cherche, qui se rend compte qu'il n'est pas comme les autres, et qu'à force de porter les siens à bout de bras il est en train de passer à côté de sa propre vie. C'est un récit de vie qui aborde énormément de thèmes différents comme la guerre, le deuil, l'homosexualité, les attentats, les manifestations de mai 68, la dépression... qui moi a su me toucher par la profondeur des réflexions sur notre existence qu'il amène, et par la dureté parfois des événements évoqués dans lesquels chacun peut se retrouver. Il y a malgré tout un point qui m'a dérangé et que je n'ai pas vraiment compris c'est l'allusion au film Victor Victoria et son métier de garde du corps abordé dans le premier et le dernier chapitre. Je n'ai pas compris du tout où l'auteure voulait en venir et c'est un peu dommage car j'ai terminé le roman dans l'incompréhension et donc sur une pensée négative. Je suis cependant ravie d'avoir pu découvrir cette auteure prometteuse dont le roman laisse présager de bonnes choses pour la suite.Pour conclure:Un roman assez linéaire qui nous raconte à travers les yeux du petit Squatsh la vie des Bernstein, une famille parisienne qui malheureusement va devoir faire face à de nombreuses épreuves. Un récit assez nostalgique qui peut paraître monotone, ennuyant par moment, et dont je n'ai pas compris certaines allusions, mais qui est cependant émouvant grâce notamment à ce petit garçon qui porte un regard très mature sur ce qui l'entoure. Un joli récit sur la recherche de soi, sur la perception de la vie et de la famille, mais aussi sur la capacité de l’être humain à supporter les drames que la vie nous réserve. Ma note: 14/20.