Avenue des mystères
Traduit de l’anglais par Josée Kamoun et Olivier Grenot
John Irving
Le Seuil
Mai 2016
514 pages
D’ordinaire, j’aime bien l’univers de John Irving et j’ai acheté ce livre, il y a un an, confiante. J’avais bien lu ici ou là des avis très mitigés, des avis négatifs mais cela ne me faisait pas peur. Irving, je connaissais, ça ne pouvait pas être mauvais !
Je m’étais régalée à la lecture de son précédent, A moi seul tous les personnages. Je ne pouvais pas être déçue.
Certains reprochent à ce dernier roman d’Irving son côté débridé. Moi, c’est ce que j’ai le mieux apprécié. Un écrivain vieillissant revit en rêves sa jeunesse au Mexique et parallèlement, le lecteur suit son périple aux Philippines. On se retrouve donc trimballé d’un endroit à un autre, d’un temps à un autre, au gré des pensées et des rêves de l’écrivain. Il s’endort n’importe où, à n’importe quel moment, ce qui permet au lecteur de replonger dans l’enfance du narrateur, au détour d’un paragraphe, d’une phrase. On pourrait en être déstabilisé, je ne l’ai pas été. Ca m’a plutôt amusée. D’ailleurs, comme il le dit, page 387 :
« Dans notre mémoire, dans nos rêves, les derniers moments de nos chers disparus prennent malgré nous le pas sur le reste de leur histoire. Dans les rêves, la chronologie n’existe pas, ni l’ordre des événements qui ont marqué les souvenirs des uns et des autres. Dans notre esprit comme dans nos rêves, il n’est pas rare que l’histoire commence par son épilogue. »
Malgré ça, j’ai eu bien du mal à finir ce roman, je me suis forcée, toujours à deux doigts de l’abandonner. Mais pourquoi donc ? Je me suis ennuyée, bien trop souvent, j’ai trouvé ça long, très long et répétitif. L’écriture (même si c’est une traduction) ne m’a pas séduite du tout. Je n’ai pas retrouvé la verve et l’humour de l’auteur, je n’ai guère aimé les passages centrés sur le narrateur aux Philippines. Seule son enfance au Mexique m’a accrochée, et encore, pas tout le temps. J’ai lu pas mal de passages en diagonale, espérant toujours des pages captivantes… que je n’ai pas vraiment trouvées. Bon, d’accord, j’exagère un tant soit peu, j’ai avalé certaines pages avec plaisir.
Et pourtant, les ingrédients étaient là : deux enfants vivant dans une décharge publique, puis dans un orphelinat, puis dans un cirque, une mère prostituée, une statue de vierge qui tue, un couple composé d’un prêtre et d’un travesti… Le garçon arrache les livres du bûcher pour les lire et traduit les paroles incompréhensibles de sa sœur extra-lucide… C’est barré, c’est fou, ça frise le surnaturel, et pourtant… Sexe, religion et mort sont aux programme et pourtant…
J’ai évidemment apprécié ce qu’Irving disait de la création romanesque, p 390 :
« Il s’était inspiré de ce qui leur était arrivé, mais jamais il n’écrivit un seul mot sur les êtres qu’ils étaient. Autodidacte, le-lecteur-de-la-décharge avait appris tout seul à faire fonctionner son imagination. Et cet aspect de son initiation à la littérature se retrouvait dans sa conviction qu’un écrivain crée ses personnages et construit son récit. Il ne suffit pas de raconter l’histoire des gens qu’on a connus, ou la sienne propre, pour qu’un texte mérite le nom de roman. »
Irving écrit des romans, il a une imagination débordante, et pourtant, avec ce dernier roman, il n’a pas réussi à me distraire, à me séduire, à m’emmener dans son univers.
Je suis tellement désolée de ne pas avoir aimé, malgré des personnages hauts en couleurs et quelques situations cocasses, voire extravagantes, tellement désolée !
Lu dans le cadre du challenge PAL.