En vente sur Amazon et Evidence éditions
Aquilegia Nox Auteur :
paru le : 02 Décembre 2017
223 pages numérique (epub)
Thème : fantastique
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Fait partie de la série
Résumé :
" Adjaï est un changeling, il peut prendre l'apparence qu'il souhaite. Homme ou femme, il change selon les besoins de la situation. Et ment comme il respire. C'est un voleur. Un assassin. Par cette voie, il est sorti de sa condition de gamin des rues. Il a aussi appris que le prix de l'ambition, dans ce monde ruiné par la guerre, se paie trop souvent en douleur et trahison.
Marqué d'un tatouage brûlant comme stigmate de ses erreurs de jeunesse, Adjaï va devoir reconstruire sa vie en usant de multiples identités. Cheffe de guilde débutante, dandy manipulateur, marchande retorse, les masques s'accumulent et un vrai visage se dessine. L'individualisme est-il l'unique chemin de l'accomplissement ? "
16/20
Je remercie la maison d'éditions Evidence pour cette lecture. La couverture m'a attiré l'œil. Impossible de savoir si c'était un homme ou une femme et pour cause. En lisant le résumé je comprends mieux mes interrogations.
Adjaï est un changeling. Homme, femme, avec ou sans oreilles pointues, il (ou elle) peut être n'importe qui. Se souvient-il de sa véritable apparence ? Difficile, mais pas impossible. À force de vouloir se dépêtrer de la misère dans laquelle il vit, Adjaï fait le choix d'entrer dans une guilde. Aller le plus loin possible, faire partie des meilleurs, être LE meilleur. Mais vient le jour où être le meilleur ne signifie rien. Une seconde chance lui est accordée, mais jusqu'où peut-il aller ?
" Alors qu'eux-mêmes se définissaient par leur sexe, leur appartenance à une ethnie, une tribu, une communauté, je n'ai jamais pu avoir ces attaches. C'est peut-être la raison de mon cynisme quant à aux prétendues " valeurs " attribuées à ces catégories que personne ne choisit mais dont tout le monde se revendique. Quand on a la possibilité d'être ce qu'on veut, de ressembler à qui l'on veut, de changer d'aspect comme d'autres de pantalon, il est facile de s'imaginer que l'on ne peut pas savoir " qui l'on est ". Je ne me suis jamais posé cette question. Je sais qui je suis. Je suis un être changeant, physiquement c'est entendu, mais aussi psychiquement, comme vous tous. Et je connais les limites de mes transformations. Même si je me rends bien compte que je ne pense plus maintenant comme je pensais à dix ou vingt ans, ma personnalité profonde n'a pas tellement évolué. Ni finalement mes valeurs les plus importantes. "
Nous suivons ce personnage hors du commun dans des péripéties qui sont plus ou moins dangereuses. Il veut être au sommet, être vu, sortir du ruisseau en volant, pillant, truandant tout ce qu'il peut. Être dans une guilde est ce qu'il lui faut. Il lui faut la meilleure d'entre toutes et va se débrouiller pour l'intégrer. La plume noire. Cette guilde qui est la meilleure d'entre toute. Respectée, crainte elle permettra à Adjaï d'être celui ou celle qu'il désire. Malheureusement une scène va lui prouver qu'il doit disparaître pour survivre. Traverser un miroir ouvrant sur un autre monde et ainsi recommencer une nouvelle vie. Avoir une nouvelle chance de vivre sans encombre, à moins que tout ne soit qu'un piège ?
Que ce soit le premier monde ou celui dans lequel il est propulsé, l'auteur décrit avec précision les ruelles, les gens, les personnages principaux. Même si par moment certains passages sont trop rapide, nous avons le strict minimum pour ressentir ce que notre changeling ressent. La différence. Cette différence qui le met dans une position délicate à chaque instant de sa vie. Il va devoir apprendre à se souvenir de qui il est devant telle ou telle personne. Il devra rester cohérent face aux différentes situations. Un stress permanent l'entoure. L'auteur a crée un personnage qui doit s'adapter à chaque instant de sa vie. Des conditions qui ne sont pas sans faille. Des lieux improbables, des bouges, des ruelles mal famées. Et le fait d'avoir le texte à la première personne du singulier nous plonge aux côtés d'Adjaï.
D'ailleurs la Plume noire est omniprésente surtout dans les pensées de notre changeling. Mais également sur sa peau. Comment ont-ils réussi à créer cet exploit ? Qui sont-ils vraiment ? Une secte de fous, ou bien beaucoup plus organisés ? Nous avons des éléments de réponses, mais il y a des manques qui se font ressentir. Des questions sans réponses et la fin qui laisse présager que le pire reste à venir.
" La Plume noire me cherchait-elle ? Serait-elle capable de me retrouver un jour ? Les séquelles du rituel, elles, ne faiblissaient pas, au contraire, elles se faisaient même plus fréquentes. Particulièrement en été, les marques sombres que j'essayais d'oublier, dans mon dos, me rappelaient douloureusement son souvenir avec leur cortège de cauchemars. Chaque soir d'orage, les lignes se chargeaient de feu. D'abord annoncé par un léger picotement, l'incendie me ravageait l'esprit à chaque coup de tonnerre et me laissait épuisée quand la tempête se décidait à passer. Je ne m'y habituais pas, mais je le chassais de ma tête dès que la douleur cessait, au moment où le soleil du petit matin dissipait les terreurs oniriques de la nuit. Il faudrait que je m'en occupe un jour, mais j'avais toujours d'autres préoccupations, plus immédiates. "
Les protagonistes sont nombreux tout au long du récit. Ils apportent tous un petit quelque chose au principal. Cela peut être un besoin de materner, de protéger, ou au contraire de le tuer. Les envies d'Adjaï vivent au gré de ses besoins et aussi de ceux de ces proches. Ils ne font pas partie de sa famille proprement dite mais ils se serrent les coudes. Le monde dans lequel ils évoluent n'est pas faits pour de jeunes hommes ou femmes faibles. Ils doivent se renforcer, devenir un autre pour faire partie des meilleurs. Une fois de plus ce mot revient. Et entre deux, il y a l'histoire douce d'Adjaï qui découvre l'amour. Un lien fragile qui nous dévoile un autre aspect de notre héros, si on peut le qualifier ainsi. Un voleur, il crée sa propre guilde, ses propres vols, ses propres aspirations. Détestant le fait d'être le second.
J'ai adoré le personnage d'Agone. Elle évolue rapidement même si on ne la voit pas tout le temps. Elle a des questions simples, efficaces et ne comprends pas le monde dans lequel elle vit. Pourtant elle n'hésite pas à aider, à apprendre et à laisser les choses se faire naturellement. Elle est douée et apporte beaucoup de fraîcheur au texte, au personnage principal, à l'intrigue en elle-même.
" " Pourquoi ils nous ont attaqués ? "
Je grimace et je réfléchis un moment à ce que je dois répondre. Ils m'ont pris pour un monstre, mais si je le lui dis, quelle image cela va-t-il lui renvoyer d'elle-même ? Et de moi ?
" Ils ont cru que... Tu sais, Agone, quand on s'amuse à changer de visage ?
- Oui.
- Eh bien, ça fait souvent peur aux gens qui ne peuvent pas le faire.
- Ils ont peur qu'on se fasse passer pour eux ?
- Exactement. Ou qu'on les trompe sur qui l'on est.
- Mais c'est ça qui est drôle, non ?
- Quand on joue, oui, mais tout le monde n'a pas tout le temps envie de jouer[...] "
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. L'auteur ne laisse pas son personnage sans de quoi se battre, se défendre. Sa condition de changeling est un poids si cela se sait. C'est une bénédiction si personne n'est au courant. Tromper l'ennemi est un choix, non un art que Adjaï met à l'oeuvre. Son histoire est fragile comme sa vie qui ne tient qu'à un fil, au bon vouloir des plus puissants de ses pays. il y a toujours quelqu'un au-dessus de soi, il vaut mieux ne pas l'oublier.
Un bémol que je retrouve dans certains livres, le fait que le personnage nous parle directement. Le "vous" est quelque chose que je n'aime pas, à petites doses oui, mais quand il y en a trop cela m'énerve et je m'arrête dans la lecture. C'est un point que j'ai du mal à dépasser, pour l'instant.
En conclusion, un premier tome qui apporte beaucoup d'éléments. Le personnage d'Adjaï évolue considérablement. Il n'est plus égoïste comme au tout début du texte. Il prend de l'envergure, se préoccupant des autres. Son parcours était semé d'embûches, mais je pense sincèrement que ce n'était que le début, car la fin laisse que les ennuis sont bien plus proche qu'il ne le croit. Une belle découverte !
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