La naissance du sentiment – Jean-François Kervéan

Par Museaurania @MuseaUrania

Nous sommes avant Socrate, Platon, Aristote et dans la Grèce du Ve siècle avant J.-C. À Sparte, la citoyenne Carthas, veuve de grand guerrier, met au monde un fils, Aphranax. L’enfant présente une malformation invisible, dans une société qui élimine les faibles. Victime d’un sentiment maternel interdit chez les siens, la veuve Carthas va dissimuler cette faille. Sa conduite hors la loi provoque le Destin. Le vieux monde vacille : Athènes poursuit son envol démocratique, les cités doivent s’unir face à l’envahisseur perse, les Dieux semblent lâcher les Grecs. Les rois, les peuples, les Pythies, la pensée basculent vers les temps nouveaux…


Je suis passée trois fois devant avant de me décider à le prendre. Avec une couverture dans ce style, j’ai cru tomber sur un livre gnangnan. Il ne faut jamais s’arrêter à un a priori car vraiment, La naissance du sentiment n’a rien à voir avec le naïf.

La naissance du sentiment, c’est un voyage dans cette belle et célèbre ville de Sparte, ou Lacédémone de son second nom. Nous sommes propulsés quelques années avant la fameuse bataille des Thermopyles à travers le personnage de la Veuve Carthas, une Spartiate qui, on peut le dire, représente plutôt bien sa condition à l’époque. Gorgophonnée, citoyenne spartiate vient de perdre son mari, heureusement pour elle, cette dernière est enceinte. Son devoir de Spartiate est ainsi rempli, mais manque de chance pour elle, Aphranax son fils né atteint des poumons. Sauf qu’à Lacédémone, un enfant différent ne saurait rester en vie. Le livre tourne donc ainsi autour de la vie d’Aphranax et de sa mère prête à tout pour cacher la tare de son fils. Au-delà de la relation maternelle attendu, c’est tout un pan de la vie de Sparte et ses us et coutumes qui sont dévoilé.

Je me suis très vite attendu à une fiction dans la plus pure tradition jusqu’à me rendre compte qu’ici, j’avais plutôt affaire à un savant mélange entre essai et fiction. A travers la naissance d’un citoyen, on découvre énormément de la vie spartiate, que ce soit par sa politique interne mais aussi (et surtout) par les yeux des autres. L’écriture avec une pointe d’humour légère rend la lecture plus abordable et ne tombe pas dans l’essai lourd et permet à la fiction de prendre le pas. Un juste-milieu en somme où le lecteur est toujours intéressé, et cherche à en découvrir encore plus.

Gorgophonnée est une femme surprenante à la fois tiraillé entre son devoir de citoyenne et celui de mère. C’est sûrement un des personnages que j’ai aimé le plus avec Léonidas, bien loin de ce que je pensais savoir de lui.

En conclusion, un très bon moment de lecture où la fiction devient essai et où Sparte arrive à prendre forme sous nos yeux. Un livre qui permet de comprendre cette ville militariste à travers les yeux de ses protagonistes, ayant pour la plupart existé. Des personnages forts bien loin des clichés sanguinaires.


Edition Robert Laffont

362 pages (hors lexique)

janvier 2017


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