Histoire de ma vie, George Sand

Mon histoire d’amour avec George Sand est la Genèse de ma vie. Sans elle, je n’aurais pas compris si tôt qu’une femme n’est rien d’autre qu’un homme. Et ce livre n’est rien d’autre que moderne.

Il m’est parfois difficile de lire des classiques pour le style très-trop littéraire, où pendant trois chapitres t’es décrit la petite chambre bleue avec ses couffins bleus et son armoire en chêne, tu sais celle qui m’inspire les vagues… George Sand ne s’éternise pas, avec rien. Le nécessaire, la pointe de la plume va directement au but et c’est ça qui la rend aujourd’hui si fluide à lire.

Résumé

George Sand en 1830, par Candide BlaizeGeorge Sand a 42 ans quand elle commence le livre sobrement intitulé «Histoire de ma vie». Et son histoire de vie commence pendant la campagne espagnole de Napoléon dont son père fait partie. Elle n’a donc que quatre ou cinq ans quand commencent ses souvenirs.
Elle nous parle toujours avec modestie et sincérité de ses sentiments, jamais en longueur (Dieu merci).

Ce qui est passionnant est aussi d’entendre parler de Musset, de Chopin (petite chose fragile et colérique), de Balzac (un peu spéciale comme type) et de tous ceux qui appartiennent désormais à la légende littéraire, avec leur défaut et leur excentricité. Il n’y a par contre pas de détails sur les histoires d’amour et de sexe, cela ne semble pas appartenir au rythme du bouquin.

Un soir que nous avions dîné chez Balzac d’une manière étrange, … il alla endosser une belle robe de chambre toute neuve, pour nous la montrer avec une joie de petite fille, et voulut sortir ainsi costumé, un bougeoir à la main, pour nous reconduire jusqu’à la grille du Luxembourg. Il était tard, l’endroit désert, et je lui observais qu’il se ferait assassiner en rentrant chez lui. « Du tout, me dit-il ; si je rencontre des voleurs, ils me prendront pour un fou, et ils auront peur de moi, ou pour un prince, et ils me respecteront ». Il faisait une belle nuit calme. Il nous accompagna ainsi, portant sa bougie allumée dans un joli flambeau de vermeil ciselé, parlant des quatre chevaux arabes qu’il n’avait pas encore, qu’il aurait bientôt, qu’il n’a jamais eus, et qu’il a cru fermement avoir pendant quelque temps. Il nous eût reconduits jusqu’à l’autre bout de Paris, si nous l’avions laissé faire.

Ces moments où mon âme s’est sentie touchée, percutée je dois dire

Rarement dans un livre, je me sens à ce point mise à nue. J’ai l’impression que cette femme m’a comprise et dans certains passages, j’ai eu la sensation de me reconnaître. Je crois que c’est de ça qu’est fait le talent de cette dame de Nohant, sa faculté à ne pas faire d’histoire inutile.
L’écriture de George Sand est attachante. Elle n’est pas fantaisiste, pas compliquée. Elle traverse les époques sans vieillir.

George Sand, au-delà des genres

En grandissant avec les écrits de George Sand, en s’inspirant de sa vie, et surtout en ces temps où la parole des femmes se libère, George Sand m’a appris que je n’avais aucune autre différence que celle de l’anatomie. George Sand m’a toujours semblé libre de tout code et de toute rébellion. Elle était telle qu’elle était, ne laissant aucune porte ouverte aux scandales, comme si tout ça ne la concernait pas.

Parfois c’est si difficile à décrire, notamment maintenant alors que la guerre des genres s’est déclarée (et que je trouve fascinante), de ces femmes qui se masculinisent, de ces hommes qui se féminisent, de ces jeunes filles qui ne cherchent plus à confirmer leur beauté dans les yeux des autres, qui le savent, qui se plaisent avant tout.

Histoire de ma vie, George Sand

Je crois que dans la vie de George, il n’y a pas tellement eu l’envie de provoquer et de scandaliser, je crois que l’envie de vivre était plus forte. Laisse-moi te convaincre avec cette anecdote du pantalon. Elle ne s’est pas habillée en homme pour se comporter en homme, elle s’est vêtue ainsi parce qu’à Paris, les rues glissantes et boueuses n’étaient pas pratiques en robe longue. Certaines femmes demandaient donc un permis de travestissement à la mairie pour avoir le droit de s’habiller en homme. Ce fut choquant pour les autres, mais pour elle-même une évidence. De cette philosophie, il faudrait encore et encore s’en inspirer.

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