Grossir le ciel de Franck Bouysse

Par Krolfranca

Grossir le ciel

Franck Bouysse

Editions La manufacture de livres

2014

Lu sur liseuse

Dans un coin perdu des Cévennes, deux hommes, deux agriculteurs, deux voisins un peu éloignés mais pas trop. Gus est plus jeune qu’Abel mais tout aussi brut, tout aussi économe de paroles.

Des indices, des petits événements dévient Gus de son chemin ordinaire, il se met à douter, à soupçonner. Les non-dits, et la description des menus actes du personnage, de son quotidien amplifient la tension. C’est un roman qui se lit entre deux respirations, qu’on ne peut reposer tellement il est haletant. L’auteur joue avec les nerfs du lecteur. Il l’emmène sur une voie, puis le laisse reprendre son souffle avant de l’emmener sur une autre voie encore plus sombre et sans issue celle-là.

Classé polar ? Pas d’accord, ce roman est inclassable. C’est un roman noir qui décrit la vie âpre des gens de la campagne qui ne sortent pas de chez eux et qui n’ont pour toute relation qu’un chien, et qu’un voisin fait du même bois, et pour seule ouverture sur le monde que la télévision.

C’est du lourd, c’est du noir et j’aime ça.

L’écriture efficace, les mots choisis, quelques métaphores, certaines un peu osées (voire limites), d’autres plus justes, des dialogues savoureux, emprunts de rudesse, tout ça participe à la réussite de ce roman.

Et puis ces retours en arrière, mine de rien, au détour d’une pensée du personnage, un fait entraînant un souvenir, et nous voilà partis quelques années en arrière, dans la mémoire du personnage, la mort de ses parents, la mort d’un faon… et l’on comprend au fur et à mesure la situation, les rapports entre les personnages jusqu’à la révélation finale.

Je ne suis pas sûre de garder longtemps en mémoire ce roman mais il a su me faire passer un excellent moment de lecture.