Un an déjà que je refermais la page du troisième opus de la saga affolante d'Elena Ferrante, et voici déjà le temps de la fin, de la conclusion, le dernier tome de l'amie prodigieuse !
Libres pensées...
Nous avions quitté Elena et Nino convolant avec une légèreté toute adultérine, nous les retrouvons amoureux, mais confrontés aussi à la triste réalité : Elena est taxée de mauvaise mère, rejetée par sa propre mère qui condamne fermement son départ du foyer conjugal, et même Lila ne se prive pas de lui dire qu'elle fait "une belle connerie". Elena se sépare officiellement de Pietro, ses filles restent plusieurs mois chez leurs grands-parents, le temps pour Elena de mettre de l'ordre dans sa vie. Elle décide finalement de revenir vivre à Naples, où elle tombe enceinte en même temps que Lila.
Lorsque sa relation avec Nino se détériore, elle se rapproche de son amie, et elles donnent naissance à quelques semaines d'intervalle à deux petites filles, Imma et Tina, qui grandissent près l'une de l'autre, puisque Elena emménage bientôt dans le même immeuble que Lila, à l'étage supérieur.
Difficile de décider quoi dire du synopsis, pour ne rien vous en gâcher, et toutefois restituer les grands pans de l'intrigue...
Les vies d'adulte de Lina et Lila les mènent là où elles n'auraient jamais cru se retrouver. Pour la première, à Naples, en écrivain à succès mais mère divorcée, souffrant de l'éloignement et du ressentiment de ses filles, et pour la seconde, en mère éplorée lorsqu'un drame la touche qui détruit tout ce que l'on connaissait d'elle.
La moindre des choses à dire, c'est que l'on ne s'attendait pas à de tels développements. Certains passages sont douloureux, laborieux, et l'on retrouve ici la plus grande qualité de la plume d'Elena Ferrante : elle imite la vie avec une puissance inouïe. Lina et Lila avancent à l'aveugle, rien n'est garanti, rien n'est acquis, et leur vision des choses est sans cesse modelée par les événements qu'elles traversent, qui les affectent.
Ainsi, la relation entre Elena et Nino se révèle toxique, là où l'on s'attendait à voir se concrétiser un amour de jeunesse tendre. Nino dévoile un visage inquiétant, détestable, et cela n'est cependant pas incompatible avec ce que l'on savait de lui : il s'agit de réinterpréter le passé au travers d'un prisme nouveau.
Lina évolue, et avec le temps, on apprend à déceler chez elle certains mouvements d'humeur, certaines pensées noires mesquines qui l'accaparent dès lors que Lila entre dans le tableau : elle craint sans cesse la supériorité de Lila, une rivalité jamais dépassée, alors que Lila ne semble pas même vouloir jouer. C'est cette Lina que l'on devine, lors de l'entrevue réunissant les trois protagonistes, Lina, Lila et Nino, en début de roman, une Lina maladivement jalouse, qui ne peut se réjouir de retrouver son amie, et craint d'entrée de jeu de paraître moins à son avantage que Lila, et que Nino ne se rappelle la passion jadis éprouvée pour Lila.
La dernière partie de l'intrigue désarçonne : Lila n'est plus elle-même, et l'on comprend pourquoi, tandis que Lina suit le cours de sa vie et devient une femme âgée obsédée par cette amitié qui l'a suivie depuis son enfance, et dont elle s'est éloignée, laissant Lila disparaître dans la nature, s'interrogeant sur ce qu'il reste d'elles deux.
Difficile, de terminer une telle saga. Je vous mentirais si je vous disais que je n'étais pas restée sur ma faim, que les dernières pages ne m'avaient pas laissé un sentiment d'inachevé. Quelle tristesse, de voir cette amitié complexe, teintée de mille couleurs et d'autant de sentiments paradoxaux, se diluer ainsi, prendre un visage qu'on ne lui connaissait pas... Une pointe de déception, une pointe d'amertume.
Ce qui est sûr, c'est qu'Elena Ferrante parvient, une fois de plus, à ne pas nous laisser de marbre. Un point final différent de ce que j'espérais, mais il n'est jamais facile de dire au revoir à un roman, n'est-ce pas ?
Pour vous si...
"Une fois, je tentai de le démasquer devant tout le monde, avec une ironie affectueuse :
"N'écoutez pas ce qu'il dit ! Au début il m'aidait à débarrasser et faire la vaisselle, aujourd'hui il ne ramasse même plus ses chaussettes !
_Ce n'est pas vrai ! protesta-t-il.
_Mais si, c'est exactement ça. Il veut libérer les femmes des autres, mais pas la sienne.
_La libération, ça ne doit pas forcément passer par la perte de ma liberté." (OO.... #lejouroùNinoaperdutoussespoints)
"_C'est une expérience.
_Une expérience de quoi ?
Nous nous trouvions dans son bureau, Tina lui tournait autour et Imma jouait de son côté. Je lui dit :
_Une expérience de recomposition. Tu as réussi à garder toute ta vie ici, pas moi : je me sens faite de morceaux éparpillés."
"Je me dis, comme toujours dans ces cas-là : Maintenant qu'il n'est pas obligé d'être père tous les jours, c'est un excellent père, et même Imma l'adore ! Peut-être que les choses ne peuvent se passer qu'ainsi avec les hommes : il faut vivre un peu avec eux, leur faire des enfants, et puis voilà. S'ils sont superficiels comme Nino, ils s'en vont sans éprouver aucune sorte d'obligation. S'ils sont sérieux comme Pietro, ils ne manqueront à aucun de leurs devoirs, et, à l'occasion, donnent le meilleur d'eux-mêmes. De toute façon, l'époque des fidélités et des longues vies communes est finie, pour les hommes comme pour les femmes."
Note finale3/5(cool)
Libres pensées...
Nous avions quitté Elena et Nino convolant avec une légèreté toute adultérine, nous les retrouvons amoureux, mais confrontés aussi à la triste réalité : Elena est taxée de mauvaise mère, rejetée par sa propre mère qui condamne fermement son départ du foyer conjugal, et même Lila ne se prive pas de lui dire qu'elle fait "une belle connerie". Elena se sépare officiellement de Pietro, ses filles restent plusieurs mois chez leurs grands-parents, le temps pour Elena de mettre de l'ordre dans sa vie. Elle décide finalement de revenir vivre à Naples, où elle tombe enceinte en même temps que Lila.
Lorsque sa relation avec Nino se détériore, elle se rapproche de son amie, et elles donnent naissance à quelques semaines d'intervalle à deux petites filles, Imma et Tina, qui grandissent près l'une de l'autre, puisque Elena emménage bientôt dans le même immeuble que Lila, à l'étage supérieur.
Difficile de décider quoi dire du synopsis, pour ne rien vous en gâcher, et toutefois restituer les grands pans de l'intrigue...
Les vies d'adulte de Lina et Lila les mènent là où elles n'auraient jamais cru se retrouver. Pour la première, à Naples, en écrivain à succès mais mère divorcée, souffrant de l'éloignement et du ressentiment de ses filles, et pour la seconde, en mère éplorée lorsqu'un drame la touche qui détruit tout ce que l'on connaissait d'elle.
La moindre des choses à dire, c'est que l'on ne s'attendait pas à de tels développements. Certains passages sont douloureux, laborieux, et l'on retrouve ici la plus grande qualité de la plume d'Elena Ferrante : elle imite la vie avec une puissance inouïe. Lina et Lila avancent à l'aveugle, rien n'est garanti, rien n'est acquis, et leur vision des choses est sans cesse modelée par les événements qu'elles traversent, qui les affectent.
Ainsi, la relation entre Elena et Nino se révèle toxique, là où l'on s'attendait à voir se concrétiser un amour de jeunesse tendre. Nino dévoile un visage inquiétant, détestable, et cela n'est cependant pas incompatible avec ce que l'on savait de lui : il s'agit de réinterpréter le passé au travers d'un prisme nouveau.
Lina évolue, et avec le temps, on apprend à déceler chez elle certains mouvements d'humeur, certaines pensées noires mesquines qui l'accaparent dès lors que Lila entre dans le tableau : elle craint sans cesse la supériorité de Lila, une rivalité jamais dépassée, alors que Lila ne semble pas même vouloir jouer. C'est cette Lina que l'on devine, lors de l'entrevue réunissant les trois protagonistes, Lina, Lila et Nino, en début de roman, une Lina maladivement jalouse, qui ne peut se réjouir de retrouver son amie, et craint d'entrée de jeu de paraître moins à son avantage que Lila, et que Nino ne se rappelle la passion jadis éprouvée pour Lila.
La dernière partie de l'intrigue désarçonne : Lila n'est plus elle-même, et l'on comprend pourquoi, tandis que Lina suit le cours de sa vie et devient une femme âgée obsédée par cette amitié qui l'a suivie depuis son enfance, et dont elle s'est éloignée, laissant Lila disparaître dans la nature, s'interrogeant sur ce qu'il reste d'elles deux.
Difficile, de terminer une telle saga. Je vous mentirais si je vous disais que je n'étais pas restée sur ma faim, que les dernières pages ne m'avaient pas laissé un sentiment d'inachevé. Quelle tristesse, de voir cette amitié complexe, teintée de mille couleurs et d'autant de sentiments paradoxaux, se diluer ainsi, prendre un visage qu'on ne lui connaissait pas... Une pointe de déception, une pointe d'amertume.
Ce qui est sûr, c'est qu'Elena Ferrante parvient, une fois de plus, à ne pas nous laisser de marbre. Un point final différent de ce que j'espérais, mais il n'est jamais facile de dire au revoir à un roman, n'est-ce pas ?
Pour vous si...
- Vous voulez connaître le fin mot de l'histoire.
"Une fois, je tentai de le démasquer devant tout le monde, avec une ironie affectueuse :
"N'écoutez pas ce qu'il dit ! Au début il m'aidait à débarrasser et faire la vaisselle, aujourd'hui il ne ramasse même plus ses chaussettes !
_Ce n'est pas vrai ! protesta-t-il.
_Mais si, c'est exactement ça. Il veut libérer les femmes des autres, mais pas la sienne.
_La libération, ça ne doit pas forcément passer par la perte de ma liberté." (OO.... #lejouroùNinoaperdutoussespoints)
"_C'est une expérience.
_Une expérience de quoi ?
Nous nous trouvions dans son bureau, Tina lui tournait autour et Imma jouait de son côté. Je lui dit :
_Une expérience de recomposition. Tu as réussi à garder toute ta vie ici, pas moi : je me sens faite de morceaux éparpillés."
"Je me dis, comme toujours dans ces cas-là : Maintenant qu'il n'est pas obligé d'être père tous les jours, c'est un excellent père, et même Imma l'adore ! Peut-être que les choses ne peuvent se passer qu'ainsi avec les hommes : il faut vivre un peu avec eux, leur faire des enfants, et puis voilà. S'ils sont superficiels comme Nino, ils s'en vont sans éprouver aucune sorte d'obligation. S'ils sont sérieux comme Pietro, ils ne manqueront à aucun de leurs devoirs, et, à l'occasion, donnent le meilleur d'eux-mêmes. De toute façon, l'époque des fidélités et des longues vies communes est finie, pour les hommes comme pour les femmes."
Note finale3/5(cool)