Konbini de Sayaka Murata

Publié le 22 février 2018 par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Konbini de Sayaka Murata (traduction par Mathilde Tamae-Bouhon)

Nombre de pages : 128 pages
Éditeur : Denoël
Collection : Denoël & d'ailleurs
Date de sortie : 11 janvier 2018
Langue : Français
ISBN-10 : 2207137201
ISBN-13 : 978-2207137208
Prix Éditeur : 16,50 euros
Disponible sur Liseuse : Oui à 11€99

De quoi ça parle ?
Depuis l'enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. A trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n'a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s'inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille. En manque de main-d'oeuvre, la supérette embauche un nouvel employé, Shiraha, trente-cinq ans, lui aussi célibataire. Mais lorsqu'il apparaît qu'il n'a postulé que pour traquer une jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu, il est aussitôt licencié. Ces deux êtres solitaires vont alors trouver un arrangement pour le moins saugrenu mais qui leur permettra d'éviter le jugement permanent de la société. Pour combien de temps...

Est-ce mal d'être en décalage par rapport aux autres ? Doit-on obligatoirement se fondre au moule que la société nous impose au risque de ne plus être soi-même?

Ces questions, je me les suis souvent posées et je pense être loin d'être la seule. D'ailleurs, prenons l'exemple de l'héroïne de ce roman, Keiko Furukura. Plus jeune, elle a plus d'une fois montré son côté "terre à terre" et ses réflexions qui ont tendance à laisser certains très perplexes. Puis en grandissant et suite aux conseils de sa petite soeur, Keiko se fait bien plus discrète et se comporte bien plus "comme tout le monde". Mais cela ne semble pas être suffisant. Célibataire, pas encore mère à 36 ans, travaillant dans un job d'appoint... Voilà que l'on continue à la pointer du doigt pour ses choix de vie. Une solution s'impose à elle par le personnage de Shiraha... Est-ce une bonne chose de céder à la pression de la société ? Keiko va très vite en avoir la réponse.

Bien qu'il soit court, l'autrice arrive à nous proposer un récit profond sur le poids d'être "dans la norme". Le style est simple, sans fioritures et calant son rythme sur le quotidien de la jeune femme.
Et avec son côté satirique frôlant par moments l'absurde, l'histoire de Keiko sert de prisme à une critique sur une société japonaise qui met plus en avant le collectif que l'individualité. Encore plus pertinent, celle-ci peut largement s'étendre au-delà des frontières. Concernant la question du célibat qui n'a jamais eu droit au "Il faut penser à fonder une famille", "Ce n'est pas bien d'être tout(e) seul(e)", "Attention, aux années qui passent" et autres "agréables" petits conseils de ce genre. Bref ! Toujours cette pression à vous faire grincer des dents.

Mais résumer le roman, simplement à cela, serait vraiment réducteur. Certes Keiko est une jeune femme assez déroutante par moments, mais c'est ce qui fait tout son charme. Alors, lorsqu'on la voit se mettre en couple avec Shiraha et s'éloigner de la "vraie elle", il y'a de quoi à vous faire pousser des soupirs !
C'est pourtant par ce fil de récit que l'autrice nous dévoile son message: Ne pas se renier pour se fondre dans la masse, au point de ne plus se reconnaître . Et elle arrive parfaitement à faire cela en seulement 130 pages.