Lumberjanes Volume 1, de Noelle Stevenson, Grace Ellis et Shannon Watters (scénario), Brooke Allen et Carey Pietsch (dessin), Maarta Laiho (couleur), traduit par Irène Brive, Urban « Kids », 2017 (originale : 2014-2015), 279 pages
L’histoire
Cinq copines, très différentes mais unies comme les doigts de la main, sont bien déterminées à passer le meilleur été de leur vie. Peu importe les attaques de loups à trois yeux, de yétis et autres manifestations surnaturelles qui semblent se manifester dans leur camp de vacances.
Note : 5/5
Mon humble avis
Depuis le temps que Lumberjanes était sur ma liste de souhait… Des jeunes femmes indépendantes qui partent à l’aventure afin de déjouer des mystères et combattre des créatures toutes droit issues de la fantasy, voire de l’horreur, j’étais conquise. Après lecture, je le suis plus encore.
Urban avait édité en France le premier tome en 2016 dans la collection « indies » où la série avait toute sa place mais l’année suivante, c’est une réédition, cette fois en volume (avec plus de chapitres), avec une couverture souple et dans la collection « Kids ». Je suis un peu inquiète de cette réédition, je crains que ça ne signifie que la série n’a pas eu le succès qu’espérait Urban… mais surtout je doute de la pertinence d’étiqueter Lumberjanes comme uniquement pour les enfants ou adolescents.
Certes, l’intrigue tourne autour de jeunes filles scouts, mais si vous n’êtes pas du tout intéressé pas le principe des scouts, nulle inquiétude. Déjà, ces scouts sont spéciales et ensuite, tout le principe des badges, de l’apprentissage et de l’entraide est retranscrit dans un lieu où partir en canoë peut devenir une lutte terrifiante contre un monstre des rivières. En plus, les personnages n’aiment que moyennement suivre les règles, et ne rechignent pas à enfreindre ces dernières si c’est pour une cause qui leur semble juste. Les personnages sont merveilleux, d’abord parce que c’est enfin un groupe exclusivement de filles qui part à l’aventure, mais surtout parce qu’elles ne sont pas stéréotypées. Chacune a son caractère bien particulier, des relations avec les autres personnages qui sont personnelles et qui évoluent au cours de l’histoire. Elles ne sont pas parfaites non plus, mais justement, c’est grâce à leur complémentarité et sororité qu’elles se sortent de toutes les mauvaises situations.
Le tout saupoudré généreusement d’humour, de magie, de créatures loufoques et de dieux et déesses olympien·ne·s. J’aime énormément les dessins, les couvertures de Noelle Stevenson sont aussi de toute beauté et les couleurs… époustouflantes. Je pense qu’elles font beaucoup à l’histoire, elles sont pétillantes, flamboyantes et donnent un aspect cartoony au comics qui est bienvenue.
D’ailleurs, je trouve l’édition magnifique. Je suis habituellement une bonne partisane des couvertures cartonnées mais je trouve qu’elle ne manque pas du tout sur cette édition, qui serait certainement moins pratiques à lire avec (et plus chère). Le comics est précédé de textes aussi drôles qu’engageants, dont un « Message du grand conseil des Lumberjanes » qui présente l’esprit de ces scouts toutes particulières et un « Manuel de terrain des Lumberjanes » par Raina Telgemeier, autrice (et non « auteur » Urban hein, va falloir sérieusement se mettre à jour) de En scène ! et Fantômes. Enfin, chaque chapitre est sous le signe d’un badge à obtenir, avec une petite explication des enjeux du badge. Pour finir, on trouve à la fin une postface de Shannon Watters, d’autres badges, une description du camp des Lumberjanes, des personnages, un carnet de croquis, des scènes commentées, des playlists, des couvertures et une description des « auteures » (ah ben en fait, faut juste harmoniser votre édition, je retire ce que j’ai dit).
Cette lecture a été un plaisir du début à la fin et j’attends très impatiemment la sortie du prochain volume !
Pour aller plus loin : « ‘Girl’ is Not a Personality Type: An Interview with the Creators of Lumberjanes » par Juliet Kahn sur Comics Alliance, 2014.