Frappe-toi le cœur de Amélie Nothomb

Par Caroline @Lounapil

Publié aux éditions Albin Michel,

" Frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie. " Alfred de Musset

C'est par cette phrase sibylline qu'Amélie Nothomb nous invite à tourner les pages de son dernier roman. Si je n'ai pas été totalement conquise par cet opus, j'ai néanmoins passé un (court) bon moment de lecture.

Le début du roman ne m'a pas vraiment plu. Encore une histoire de famille, encore une histoire où les personnages désincarnés à l'extrême sont mal en point. Certes! Tel est le point de départ. Marie est une belle jeune femme, la plus belle peut-être de la ville. Mais voilà qu'à 20 ans, elle se marie, tombe enceinte. Adieu tous ses rêves d'élévation céleste et de lendemains glorieux. Elle donne ainsi naissance à une petite Diane qu'elle n'aime pas ou plutôt qu'elle jalouse car Diane est belle et l'emporte bientôt sur l'image de la beauté sensuelle de sa mère. Alors comme tout enfant très douée pour son âge, Diane accepte le désamour de sa mère. Mais bientôt Marie donne naissance à un petit frère et pire encore une petite sœur, qu'elle adore et idolâtre cette fois-ci. Cette première partie romanesque m'a peu inspirée. Diane est détachée, lointaine et son histoire d'une tristesse implacable.

En revanche, dans la seconde partie du roman, l'auteur donne plus d'épaisseur à son personnage mais surtout à sa réflexion. Diane s'engage dans des études de médecine afin de devenir cardiologue. Elle va rencontrer Olivia, professeur éminente et charismatique. Ces deux-là vont s'allier pour le meilleur et le pire. Dans une relation qui devient bientôt toxique, Diane va s'abîmer et renouer avec le fil de la jalousie.

Amélie Nothomb met donc l'un de sept péchés capitaux à l'honneur et explore le thème de la jalousie sur différents modes. Telles de funestes Jocaste, Olivia et Marie deviennent jalouses maladives de Diane jusqu'à vouloir la détruire ou du moins lui nuire. Alors oui, cet opus prend plus de profondeur et sa dimension nerveuse et vive finit par l'emporter. Je regrette juste le style Nothomb de plus en plus court qui laisse le lecteur sur sa faim.

Avec ce roman, Amélie Nothomb renoue enfin avec les grands romans qu'elle a pu écrire auparavant. Pas un coup de cœur pour moi mais assurément une belle lecture.