Si vous lisez de temps en temps mon blog (voire ma page Facebook) il y a des chances pour que vous sachiez que la chick-lit n’est plus vraiment mon truc, le genre compte un bon paquet de merdes qui racontent toutes pratiquement la même chose et qui tombent facilement dans le sexisme, l’homophobie, et autres joyeusetés, et très franchement tout ça ça me pète les ovaires !
Donc au lieu de râler encore un coup j’ai plutôt envie de parler de quelques livres qui font partie du genre de la chick-lit mais qui offrent des histoires creusées, de bons personnages et qui surtout ne nous prennent pas pour de grosse cruches en nous servant des héroïnes avec l’intelligence d’un haricot qui n’existent que par, et pour, leur vie amoureuse !
J’ai déjà eu l’occasion de chroniquer certains bons titres (et aussi des mauvais) donc forcément je ne vais pas en reparler ici mais si ça vous intéresse vous pouvez toujours cliquer ici pour rattraper tout ça : https://lataniereauxlivres.wordpress.com/category/chick-lit/ .
Donc, question con (ou pas d’ailleurs si vous ne trainez pas dans ma tanière d’habitude et / ou que vous ne connaissez pas ce genre) la chick-lit c’est quoi ? C’est en quelques sortes un sous-genre de la comédie (voire de la comédie romantique) à destination des femmes (sic) et écrit par des femmes, mais vous verrez que je vais faire des petites entorses à cette dernière règle (parce que fuck the rules !) (oui bon surtout les règles stupides qui nous disent que telle chose est pour tel sexe en fait !), et ce genre a été vraiment lancé grâce notamment à Sex and the city de Candace Bushnell en 1996 et au Journal de Bridget Jones d’Helen Fielding en 97. (Voilà, ça c’est la partie où je fais ma journaliste en carton et où je vous évite une recherche de trois secondes sur Google, ne me remerciez pas !)
Alors je précise que comme pour toutes mes autres chroniques les avis qui suivent son purement subjectifs, je trouve ces livres-là bons (voire très bons) mais vous avez le droit de ne pas être d’accord, et en passant ce n’est pas un top non plus et mes avis seront plutôt courts, ce ne sont que de petites présentations pas des chroniques « complètes », et pour finir je ne m’en tiens qu’à la chick-lit, donc pas de romance (même s’il y en a dans les titres que je présente) et pas de contemporain non plus, ce qui explique surement pourquoi je n’ai pas non plus des masses de bouquins à conseiller !
Bref, on commence avec Réponds, si tu m’entends de Marian Keyes qui fait partie de la série des sœurs Walsh avec Watermelon (pas encore traduit en français apparemment), Chez les anges et Les vacances de Rachel dont je ne parlerai pas vu que je ne les ai pas encore lus.
Donc dans Réponds, si tu m’entends nous suivons Anna qui vient d’avoir un accident qui l’a laissée en morceaux et qui est retournée chez sa famille en Irlande mais sans son mari dont elle n’a pas de nouvelle depuis l’accident sans qu’on sache vraiment pourquoi et du coup une partie du livre tourne autour de cette absence et je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler…
Bon, avec une héroïne qui a donc morflé et se retrouve plus ou moins seule, on peut penser que le bouquin est déprimant mais ce n’est pas le cas, il y a des passages très drôles grâce notamment à la famille d’Anna qui est franchement perchée et qui vit des histoires assez… épiques on va dire !
Mais il y a aussi beaucoup d’autres émotions dans ce texte, c’est une lecture forte et très touchante et dire que j’ai failli verser ma petite larme n’est pas exagéré.
C’est bien construit question intrigue, l’héroïne est juste et crédible dans ses réactions vis-à-vis de l’accident et tout ce qui l’entoure, et je trouve que c’est franchement rare que la psychologie des personnages d’un livre classé en chick-lit soit aussi soignée, j’ai vraiment apprécié le travail fait de ce côté-là et cela rend la lecture encore plus saisissante. Sans parler de toute la tendresse ambiante qui fait du bien au moral.
On enchaine avec Tout ton portrait d’Isabel Wolff, mais j’aurais pu citer Rose à la rescousse, Un amour vintage ou Accroche-toi Anna qui sont aussi excellents.
Alors dans Tout ton portrait on suit Ella qui est peintre et doit faire le portrait du fiancé de sa sœur qu’elle ne peut pas sacquer !
Du coup ça ne vous étonnera pas si je vous dis qu’on voit venir la romance entre eux mais même si elle reste mignonne ce n’est pas ce qui est le plus intéressant dans ce livre parce que ce que j’aime chez Isabel Wolff c’est la profondeur de ses histoires, ici Ella a été abandonnée par son père il y a 30 ans et il réapparait d’un coup comme une fleur pour essayer de connaître Ella, personnellement je n’ai pas vécu ce genre de trucs (enfin si, dans un sens, mais ce n’est pas mon père qui a ignoré mon existence, bref…) mais ce qu’en fait l’auteure me semble bien traité, encore une fois ça sonne juste, c’est touchant, ça ne tombe pas dans le pathos et ça prouve que ce n’est pas parce que la littérature soi-disant pour filles est un genre réputé léger qu’on ne peut pas utiliser des thèmes plus sérieux et plus graves.
Et encore une fois il n’y a pas que ça, le livre est plus riche qu’il n’y parait avec des histoires secondaires (vu que les personnages que peint Ella leur racontent des passages de leurs vies), l’ensemble est un brin mélancolique et très touchant.
Bon, la chick-lit est donc censé être écrit par les femmes pour les femmes mais je vous avait prévenu que je n’allais pas me tenir à cette définition toute nulle et donc surtout parce qu’entendre que telle chose est pour les hommes et telle autre pour les femmes ça me gonfle (surtout si c’est pour l’utiliser comme prétexte en nous refilant des trucs comme Cinquante nuances de conneries) donc si les hommes peuvent lire de la chick-lit ils peuvent très bien en écrire aussi, ce qui explique la présence dans ma liste de L’homme qui a oublié sa femme de John O’Farrell.
Dans ce livre nous rencontrons Vaughan qui est victime d’amnésie, c’est le black-out complet, son nom, sa famille, sa vie entière est oubliée, il ne se souvient de rien et il essaie tant bien que mal de retrouver quelques souvenirs jusqu’à ce qu’il tombe amoureux d’une jolie rousse… qui est en fait sa femme… sa femme qui le déteste tellement qu’elle a demandé le divorce !
L’idée de départ est donc un poil dramatique mais le livre devient vite amusant parce que Vaughan a un humour pince sans rire bien efficace et parce qu’il se retrouve parfois dans des situations vraiment absurdes.
Mais le livre n’est pas que drôle, il est aussi prenant car Vaughan va avoir pas mal de flash-back qui donnent envie de voir la suite et de découvrir sa personnalité d’avant son amnésie et comment il va profiter de sa seconde chance.
Personnellement j’ai adoré cette lecture même la fin est tout de même un peu décevante, pas parce qu’elle est mauvaise mais parce qu’elle est trop vite expédiée, et ça gâche un peu le reste, c’est dommage…
Et d’ailleurs ça me fait penser que le thème de l’amnésie est courant en chick-lit, je l’ai déjà croisé trois fois et à chaque fois ça a été des réussites, en dehors de L’homme qui a oublié sa femme donc il y a aussi eu Arnaque à l’amnésie de Caprice Crane (qui met en scène une héroïne qui n’est pas amnésique mais fait semblant de l’être en fait) et Lexi Smart à la mémoire qui flanche de Sophie Kinsella, mes lectures datent et je ne vais pas m’attarder dessus du coup mais j’en garde de bons souvenirs et peut-être qu’un jour je les relirais et que je pourrais en reparler correctement !
En parlant vieilles lectures, je voulais quand même mettre un titre de l’auteure avec laquelle j’ai découvert la chick-lit il y a une bonne dizaine d’années, à l’époque j’étais ado et j’adorais ce genre de lectures, aujourd’hui j’ai grandi et mon attachement pour le genre s’est sévèrement atténué mais je garde de l’affection pour les bouquins d’Agnès Abécassis, ses livres sont imparfaits mais j’ai relu Le théorème de Cupidon ces jours ci et je me suis bien amusée, c’est le titre le plus léger dont je parle dans cette chronique et pourtant ce n’est pas niais, nous suivons Adélaïde et Philéas qui ont le même âge, travaillent dans le même milieu et ne cessent de se croiser mais soit ils ne se remarquent pas, soit leurs rencontres finissent dans de gros malentendus et j’ai franchement ri pendant ma relecture (autant que pendant ma première découverte).
Certaines scènes ; comme le speed-dating où Adelaïde tombe sur une belle brochette de guignols -et qui reste ma préférée-, m’ont vraiment fait pouffer de rire pendant plusieurs minutes au point de devoir faire une pause avant de continuer !
Pour en revenir aux personnages, il y a non seulement une bonne alchimie entre les deux, mais séparément ils sont aussi très drôles et attachants, même si je n’aime pas forcément tous les titres d’Agnès Abécassis à chaque fois je trouve ses personnages pétillants et avec beaucoup de bonnes répliques qui font mouche, ce qui rattrape bien les défauts qu’on peut trouver à ses livres.
Et pour finir un titre qui mélange chick-lit et horreur avec le tome 1 (vu que je n’ai pas encore eu le temps de (re)lire la suite) de Zombie thérapie de Jesse Petersen.
Sarah et David sont à deux doigts du divorce et suivent une thérapie qui a l’air de tellement bien leur réussir qu’ils ont envie de s’entretuer à peu près trente fois par jour. Alors qu’ils s’apprêtent à assister à une énième séance ils trouvent un autre couple qu’ils croisent à chaque fois mort et couvert de sang (tant pis ils étaient énervants de toute façon !) et en train de se faire boulotter par leur thérapeute.
Après n’avoir pas eu d’autre choix que de buter leur médecin (de toute façon elle faisait payer trop cher !) pour qu’elle ne les dévore pas avec des fèves et un petit verre de chianti, Sarah et David comprennent bien vite qu’une invasion de morts-vivants a commencé…
Encore une preuve qu’on n’est pas obligé de s’en tenir aux clichés et histoires resucées (oui j’aime bien ce mot) (oui j’ai 5 ans et demi) de la chick-lit et piocher des idées dans d’autres genres !
On reste dans un registre léger là aussi, pas de grandes émotions et pas autant de rires qu’avec Le théorème de Cupidon il faut avouer mais une aventure fun.
Je raffole des histoires avec des zombies donc cette lecture partait avec un avantage et s’il n’y a rien de bien novateur l’intrigue fonctionne, surtout quand on y ajoute les réflexions des deux personnages, l’autodérision ambiante ou une secte de gros tarés pour mettre un peu plus de piment (toujours plus flippant d’affronter des illuminés fanatiques que de se battre contre des morts-vivants !), finalement c’est l’ajout d’éléments tirés de la chick-lit qui donne son originalité et son côté rafraichissant à Zombie thérapie. C’est un peu cliché sur certaines choses (quelques personnages qu’on trouve tout le temps dans les histoires d’horreur ou quelques rebondissements qu’on voit venir) mais il y a tout ce qu’il faut pour passer un bon moment et c’est un bon titre quand on veut de la chick-lit mais qu’on veut quand même voir des pignoufs se faire dégommer ou des beaufs se faire éclater le crane contre une cuvette de chiottes !
Voilà, pour l’instant je n’ai pas d’autres titres dont je pourrais parler, il y a bien quelques titres sympas que je pourrais évoquer mais vu que je n’en ai plus assez de souvenirs je préfère m’abstenir et puis ce n’est pas exclu que je refasse une autre chronique sur le sujet un jour quand j’aurais (re)découvert suffisamment de bons livres en chick-lit (d’ici 8 ou 10 ans) (faut pas se leurrer, la chick-lit est quand même un immense champ de fientes) (et tomber sur l’une d’elle est à peu près aussi agréable que de se faire chier dessus par un pigeon d’ailleurs) (j’ai testé les deux, je peux comparer !).
En attendant si vous avez plus ou moins la même opinion que moi sur la chick-lit j’espère que j’aurais réussi à vous donner envie de jeter un œil à ces titres pour peut-être vous réconcilier un peu avec le genre, parce que ce serait un peu dommage de tout rejeter en bloc !