L'île des secrets.Patricia Wilson.Editions City.464 pages.En librairie depuis le 10 janvier 2018.Résumé:Du soleil et des oliviers, un village de carte postale... c’est magnifique. Mais Angelika n’est pas venue en Crète en touriste. La jeune femme veut découvrir l’histoire de sa famille dans ce pays où sa mère a grandi avant de partir définitivement en Angleterre. Pourquoi sa mère a-t-elle si violemment tiré un trait sur ce passé et refuse-t-elle d’en parler ? Une douloureuse découverte attend Angelika lorsqu’elle frappe à la porte de sa grand-mère qu’elle n’avait encore jamais rencontrée. Après des années de silence, la vieille femme ouvre son cœur et remonte le fil de ses souvenirs. Commence alors un voyage déchirant qui plonge dans l'histoire de la Crète occupée par les Nazis. Une histoire cachée révélant les heures sombres et, surtout, la force d'une femme prête à tout pour protéger ses enfants...Mon avis:Au vue de son résumé L'île des secrets avait tout pour me plaire. Secrets de famille et retours dans le passé dans les années 1940 pendant l'occupation nazie sont en effet des thèmes que j'aime retrouver en littérature. Je remercie donc les Editions City pour l'envoi de ce titre.C'est un roman qui met en avant la quête d'identité, et l'importance des liens familiaux qui quelque soit les secrets et les rancœurs accumulés au fil des années doivent être préservés. C'est ce que Angélika, londonienne de 37 ans d'origine crétoise qui est sur le point de se marier, va s'appliquer à mettre en oeuvre. La jeune femme qui n'a jamais connu son père décédé alors qu'elle n'était qu'un bébé ainsi que ses ancêtres brouillés avec sa mère Poppy depuis des années, décide de partir en Crète afin de percer les mystères autour de sa famille et tenter de trouver des réponses à ses questions. Pourquoi sa mère a-t-telle quitté précipitamment la Crète pour ne plus jamais revenir ? Que s'est-il passé de si tragique pour que celle-ci n'ait plus de contact avec sa famille ? Et surtout pourquoi refuse-t-elle d'en parler à Angélika ?C'est grâce aux souvenirs de sa grand-mère Maria que l'on va retourner en 1943 et comprendre petit à petit l'histoire de cette famille brisée par la guerre. Les passages du passé racontés par Maria sont extrêmement intéressants et prenants, bien que par moments très difficiles. On apprend avec effroi les atrocités commis par les nazis à Amiras un jour de septembre 1943 sur des civils innocents sous les yeux de la jeune femme à l'époque et des centaines de villageoise, un drame terrible puisqu'elles ont perdu ce jour là beaucoup de leurs proches, mari ou enfants. On assiste également au dur combat qu'elle a mené pour sauver la vie de ses enfants et pour échapper aux griffes des soldats allemands déterminés à tuer. La seconde guerre mondiale est une période de l'histoire qui m'intéresse énormément j'étais donc ravie de pouvoir retrouver ces faits historiques d'autant plus en Crète, car on ignore souvent que cette île a également été touchée par la montée du nazisme.J'ai cependant regretté les énormes longueurs qui jalonnent le roman. En effet il se passait parfois plus de cinquante pages pour que Maria reprenne le fil de son récit, car l'auteure s'est appliquée également à développer la vie d'Angelika. Le roman alterne donc passé et présent mais de façon trop espacé. Les passages qui concernaient Angelika m'ont moins intéressé et m'ont souvent ennuyé, que se soit son mariage imminent avec Nick l'amour de sa vie, leurs difficultés professionnelles, ou encore ses doutes sur une possible liaison de celui-ci avec une de ses collègues de travail. Je me suis sentie tout au long de ma lecture frustrée de ne pas voir le récit de sa grand-mère avancer, car il y avait toujours un événement parfois inutile à l'intrigue qui venait s'interposer entre les deux femmes, et qui nous faisait encore attendre des pages et des pages avant d'avoir plus d'éclaircissement à ce sujet. Pour autant je dois avouer que l'histoire autour de la famille de sa mère et de son père est bien plus compliquée que ce à quoi je m'attendais. J'ai été surprise à de nombreuses reprises des rebondissements et des liens que l'on découvre entre certaines personnes que je ne soupçonnais pas du tout. A travers eux on se rend compte des erreurs que l'on peut commettre à cause de la douleur et de la détresse, mais l'on comprend surtout que les secrets font au final beaucoup plus de mal qu'ils ne préservent. C'est un des points positifs à mon sens du livre qui nous réserve au final pas mal de surprises, mais qui est aussi très bien développé en ce qui concerne ses personnages. Ainsi chaque individus à son importance, son histoire et a eu un rôle important dans le conflit qui oppose les deux familles. J'ai énormément aimé la grand-mère Maria pour le courage dont elle a dû faire preuve en l’absence de son mari parti au front, pour la foi qu'elle garde en elle malgré tout, pour son désir de se réconcilier avec sa fille avant de mourir, pour sa capacité à pardonner et pour sa persévérance à préserver les liens familiaux coûte que coûte malgré les tragédies et les non-dits. Je me suis moins attachée à Angelika qui au début m'a semblé égoïste malgré elle. Sa volonté de réunir sa famille au complet pour son mariage sans tenir compte des souhaits de sa mère ou du mal qu'elle pourrait faire en faisant resurgir le passé m'a au début dérangé. Finalement c'est une jeune femme qui va changer peu à peu au contact des crétois, qui va apprendre à faire passer les besoins des autres avant les siens, qui va comprendre que parfois les événements ne peuvent pas se dérouler exactement comme on les avait prévu au départ, mais que le plus important c'est de se battre pour l'amour de ses proches. Outre une intrigue très bien ficelée de la part de l'auteure c'est un formidable voyage en Crète qu'elle nous fait vivre à travers les yeux d'Angelika. On n'a vraiment l'impression d'être nous aussi dans le petit village d'Amiras parmi les maisons à la chaux perdues au cœur des oliveraies, avec ses ruelles étroites, ses escaliers, ses chèvres en liberté, ses bougainvilliers et ses citronniers. Ce n'est pas seulement un voyage visuel, mais aussi sensoriel avec ses épices et culturel avec ses traditions auxquelles on assiste à de maintes reprises au cours du récit. Je n'ai jamais visité cette île mais Patricia Wilson m'a donné envie un jour de la découvrir.Pour conclure:Un roman passionnant par moment en ce qui concerne les passages sur le passé, mais souvent ennuyant dans les moments présents. Cependant j'ai trouvé les personnages extrêmement bien développés, l'intrigue très bien ficelée et plus complexe qu'il n'y parait avec des rebondissements assez étonnants, et j'ai surtout apprécié voyager à travers les paysages de Crète qui sont complètements dépaysants. Ma note: 14/20.