Tomas est un enfant contrariant, plutôt gauche, tête de mule, impertinent mais débrouillard, saisi en 1944 par la déportation, dans l’insouciance de ses 14 ans. Ce jeune hongrois juif, se retrouvera alors dans le même camp de concentration que son père, séparés du reste de leur famille. Lui qui n'a jamais voulu suivre les traces de son paternel, se retrouvera pourtant affecté à l'atelier de réparation des uniformes rayés, alors qu'il ne sait pas enfiler une aiguille. Il y découvre le pire de l'homme, mais aussi, un métier qui deviendra son échappatoire.
Les livres se déroulants pendant la guerre, ne font habituellement pas partie de mes habitudes de lectures. Exception faite, puisque ce livre m'a interpellé pour sa narration du point de vue d'un enfant, et également pour les choix que ce dernier semblait avoir fait. Et en effet, l'histoire racontée s'étale en trois grandes étapes, avec un avant, un pendant et un après, la déportation. Un choix dans le récit, qui met en avant l'après-guerre pour les jeunes adolescents, marqués à vie par la violence et le manque d'humanité qu'ils ont subit.
Le récit est particulièrement réaliste, notamment parce que le style de l'auteure évolue au fil de l'âge du protagoniste, laissant penser qu'auteur et narrateur, se mêlent en une seule personne. Mais ce n'est pas le seul élément qui apporte de la qualité au roman ; le sens du détail est particulièrement important ici. Tant dans la chronologie, que dans le rapport au monde de la mode et plus précisément, de la haute couture. L'auteure utilise des termes spécifiques à cette profession et mentionne des personnages importants dans l'histoire de la mode, qui suivront Tomas le reste de sa vie.
On ressent beaucoup d'émotions à la lecture de ce livre. Les moment difficiles sont forts, oppressants, sans jamais passer dans un vocabulaire cru, laissant imaginer la violence qu'ils n'avaient d'autres choix que de subir. Les moments de bonheur d'après-guerre eux, restent toujours décrits avec une certaine distance, comme si les anciens déportés ne savaient plus être heureux, rappelant sans cesse, ce passé qui les hantent. Une écriture maîtrisée, travaillée, qui pourtant, laisse transparaître quelque chose de différent : comme si l'auteure l'avait vraiment vécu.
Cette histoire m'a laissé une boule dans la gorge, tant elle est forte. Me laissant également avec une question en suspend à la dernière page du livre "quelle est la part de réel et celle de fiction ?". Les dernières pages donnent un sens à ce livre : ce n'est pas l'histoire de Véronique Mougin, non, mais celle de son cousin. Alors autant le dire, j'ai été très sensible à ce témoignage romancé.
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