Libres pensées...
Claudine a quinze ans, de l'impertinence à revendre, et adore s'immiscer dans les conversations et les relations de son entourage. A Montigny où elle vit avec son père, son quotidien est avant tout celui de l'école, auprès de ses amies, de son institutrice et de l'inavouable lien qui la lie à sa jeune adjointe, des garçons qui leur tournent autour, et du brevet qui marquera la fin d'année.
On se délecte à lire la prose de Colette, qui déborde d'insolence et de vie, et donne à voir une Claudine indocile, drôle, téméraire. C'est certainement le personnage le plus abouti, et le plus intéressant, dans la mesure où les autres sont surtout des personnages secondaires, une toile de fond pour laisser libre cours à l'imagination de l'auteur et aux intrigues qui se cachent derrière les murs de l'école...
Le contexte s'apprécie également, car l'on voit à travers les yeux de Claudine l'école du XXe siècle naissant, une école non mixte donc, où les relations avec les garçons sont très surveillées et encadrées, et où la relation sulfureuse entre les deux institutrices donne à penser au joli scandale qui a dû accompagner la parution du roman, certainement très moderne pour l'époque.
La trame est intéressante, pour un premier roman, et la lecture donne envie de se replonger dans l'oeuvre de Colette !
Pour vous si...
- Vous n'avez pas de problème avec les gamines effrontées ;
- Vous trouvez que la littérature de 1900 manquait un peu d'audace.
Morceaux choisis
"J'ai vécu dans ces bois dix années de vagabondage éperdus, de conquêtes et de découvertes ; le jour où il me faudra les quitter j'aurai un gros chagrin."
"_Claudine, au tableau. Extrayez la racine carrée de deux millions soixante-treize mille six cent vingt.
Je professe une insupportable horreur pour ces petites choses qu'il faut extraire. Et puis, mademoiselle Sergent n'étant pas là, je me décide brusquement à jouer un tour à mon ex-amie ; tu l'as voulu, lâcheuse ! Arborons l'étendard de la révolte ! Devant le tableau noir, je fais doucement : "Non" en secouant la tête.
_Comment, non ?
_Non, je ne veux pas extraire de racines aujourd'hui. Ca ne me dit pas.
_Claudine, vous devenez folle ?
_Je ne sais pas, Mademoiselle. Mais je sens que je tomberai malade si j'extrais cette racine ou toute autre analogue."Note finale3/5(cool)