Gwendoline, vingt ans, a une silhouette idyllique. Alanguie au bord de la piscine des « Lauriers Roses », la propriété cossue de BP – c’est ainsi qu’elle et sa mère le prénomment – elle se laisse caresser par les rayons d’un soleil généreux, savourant chaque minute avec délectation. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Gwendoline… Au bord de la piscine, elle se laisse porter par la douce quiétude de l’endroit et se réjouit d’une très belle surprise, la publication prochaine de son livre.
Pourtant, BP, auteur célèbre, personnage glorieux qui fut ministre puis Grand officier de la Légion d’Honneur, ne partage pas la joie de Gwendoline. Pour elle qui n’est ni « bien née », ni nantie, mais simplement une fille dotée d’une plastique de rêve, les lendemains n’auront pas la couleur du succès espéré par la publication de son livre. Cet événement va quelque peu ternir la renommée de BP, du moins le pense-t-il, lui, cet homme prestigieux à l’ego démesuré. Lui qui considère que Gwendoline est juste une belle plante capable de réussir dans la vie « avec le corps qu’elle a… », et qu’elle n’a guère besoin de se hisser dans les hautes sphères, ni de marcher dans les plates-bandes d’un beau-père, auteur déjà réputé de longue date et issu de l’intelligentsia parisienne.
C’est alors que commence la valse des affrontements sulfureux avec un beau-père odieux qui se targue d’avoir élevé la mère de Gwendoline au rang des personnes élégantes et raffinées, en l’ayant simplement épousée…
Ainsi depuis lors l’existence de la jeune fille auteure va basculer et la conduire sur les chemins de la détresse.
Un roman tout en émotion et sensibilité, où l’auteure, coutumière de l’analyse des sentiments humains, sonde les écorchures du cœur, les plaies invisibles plus meurtrières encore de l’âme d’une jeune femme bafouée et les cicatrices que le monde artificiel ont laissées à jamais, la vie d’une jeune femme à l’avenir prometteur, pas celui qu’elle avait tant espéré, mais les lendemains dorés et factices tout tracés sous le joug d’un beau-père qui la domine et ne s’émeut non de ses talents d’écrivaine mais de sa silhouette de sylphide.
Une très belle analyse de l’autorité d’un homme peu respectueux et sans scrupules, entraînant une jeune femme dans un monde où ne règnent que futilités et sournoiserie. Certes un roman coup de poing, quelque peu troublant, qui parle de domination masculine, d’humiliation larvée d’une femme de vingt ans qui finit par sombrer dans le désarroi.
Une belle plume mais un récit embarrassant, voire agaçant parfois par la lourdeur du propos…
Avec le corps qu’elle a… de Christine Orban
Date de parution : 1/2/2018