L’enlèvement des Sabines
Emilie de Turckheim
Editions Héloïse d’Ormesson
2018
206 pages
Sabine démissionne et pour fêter son départ, ses collègues lui offrent une poupée aussi grande qu’elle, une sex doll, à la place du ficus attendu. Et cerise sur le gâteau, cette poupée s’appelle Sabine, comme elle. Après un temps d’étonnement teinté de honte, elle deviendra finalement sa confidente, son oreille attentive et peu à peu son instrument de libération.
Emilie de Turckheim m’étonne et m’enchante ! Je l’ai découverte avec son roman Popcorn Melody et j’avais été tellement emballée que j’ai sauté sur celui-ci sans réfléchir.
Et j’ai bien fait.
Ici elle joue avec tous les styles de parole : théâtre, poésie, interview, monologue à un répondeur téléphonique, dialogue au supermarché… C’est l’originalité de ce roman. Elle met en scène les petites violences théâtrales de la vie (comme cette dispute au supermarché entre un mari et sa femme pour du fromage râpé… C’est succulent) et se questionne, nous questionne sur le rapport de couple.
« Un couple est le plus bizarre des groupes humains. » nous dit-elle page 115 et illustre-t-elle à travers les différents tableaux qu’elle nous expose.
La violence est aussi bien présente dans le rapport mère-fille. Une mère érudite, qui fait constamment référence à la mythologie pour illustrer ses propos et peut-être pour rabaisser sa fille, une mère tyrannique, une mère abusive.
Ce texte est jubilatoire, j’ai ri, j’ai acquiescé, j’ai souligné la hardiesse, j’ai apprécié la justesse des réflexions, et j’ai retenu la profondeur sous la légèreté.
Brillant et dérangeant !