Ruth Hogan
Traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf
Actes Sud
2017
347 pages
Une boîte contenant des cendres humaines, dans un train, a été oubliée là, et ramassée par un collectionneur d’objets perdus.
Je n’en dirai pas davantage. Ce livre, au rythme lent, va et vient entre deux époques, entre deux histoires parallèles liées entre elles par un médaillon mais aussi par les histoires nées des choses perdues.
Il y a un peu de Yoko Ogawa dans ce roman, avec son univers si particulier, avec ses petits mystères de la vie et de la mort, ses personnages atypiques et tellement attachants, sa narration qui prend le temps de poser les choses, de décrire les situations, de peindre les atmosphères à petites touches sensibles, cette manière douce d’évoquer notre rapport aux objets et aux souvenirs.
J’ai aimé être bercée dans cette ambiance feutrée, avec ses pointes d’humour so british, avec sa « bonne petite tasse de thé » consolatrice, j’ai aimé être effleurée par les fantômes de la grande maison, ouvrir des tiroirs pour y découvrir des objets et des histoires insolites.
La construction du roman est subtile, et incite le lecteur à tourner les pages. Comme quoi, il n’est nul besoin d’abreuver un texte de rebondissements et de péripéties pour susciter de l’intérêt.
Et j’avoue que certaines pages m’ont touchée tout particulièrement, faisant rejaillir en moi des souvenirs douloureux, avec les mêmes mots prononcés, il est « temps de lâcher prise », mots que l’on prononce au creux de l’oreille d’un être aimé (atteint de la maladie d’Alzheimer) pour l’inciter à quitter ce monde, afin de trouver, enfin, la tranquillité.
Un bémol cependant, j’ai un peu moins aimé la fin, trop « feel good » à mon gré, trop attendue mais globalement j’ai été charmée par ce roman sensible.
« Pour lui, l’histoire de sa propre vie ressemblait désormais à un manuscrit non broché, mal édité. Certaines pages étaient en désordre, certaines déchirées, certaines récrites ou carrément disparues. La version originale était à jamais perdue. »
Et il sort de ma PAL, c’est donc une nouvelle participation au challenge d’Antigone.