Détails :
Auteur : Marianne Vic
Nombre de pages : 260
Editions : Fayard
Genre : Contemporain
Résumé :
« Questionnaire de Proust : quel est le comble du malheur ?
- La solitude, répondait Yves Saint Laurent.
La solitude, c’est la souffrance partagée des enfants tristes, nés par accident. Nous passions notre temps à tenter d’intéresser nos mères, en vain. Seul mon oncle y est parvenu en devenant célèbre ; il habilla les femmes pour habiller sa mère. »
Chaque famille a ses drames et ses secrets. Dans celle d’Yves Saint Laurent, ce sont les femmes qui subissent et qui savent sans dire. Des mensonges devenus légendes, pour tenter de déguiser la honte sans jamais l’effacer.
C’est par la littérature que la narratrice conjurera le destin. Il faut revenir là où tout a commencé et traverser l’enfance, pour mettre à nu ces femmes que son oncle voulait tant rhabiller.
Depuis le sud misérable de l’Espagne du xixe siècle jusqu’au Paris des arts et de la couture, en passant par l’Algérie française, la narratrice raconte comment l’on s’extrait des mécaniques du drame. Un roman poignant des origines.
Mon avis :
S'il y a un milieu que je connais très très peu, c'est bien celui de la mode !
Pas encore assez proche de la réalité pour moi. C'est tout le problème de ne pas rentrer dans les normes...
Ceci dit ce n'est pas le propos originel du livre et donc de mon avis, juste pour préciser que je maîtrise un peu mieux la littérature que la mode ;) .
Et puis Marianne Vic n'est pas là pour nous raconter le faste et le majestueux de la vie de Yves Saint Laurent and co.
Marianne Vic, nièce et filleule du célèbre couturier, a plutôt besoin de poser pour nous ce qui a fait son parcours de vie, comment elle a vécu dans cette famille hors des standards imaginés. Mais lorsque les apparences, et en l'occurrence les robes, les masques et tout le reste tombent, que devons-nous en faire ?
Il reste un témoignage qui va creuser dans les failles de ce que chacun, ou plutôt chacune, a voulu enfouir au plus profond de l'histoire familiale. Comment la famille Saint Laurent aurait pu bâtir un petit empire sur une histoire remplie de drames !?
Mais je vous le mets dans le mille, l'époque décrite par Marianne n'a finalement rien à envier à la nôtre où le moindre geste déplacé est décrypté. Elle nous évoque des années d'un autre siècle en fait. Celui où finalement ce n'était pas si grave et parfois même c'était la faute de la femme si sa vie n'était pas comme elle aurait voulu... (c'est dur mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti à la fin du livre lors de l'échange avec son père).
Marianne Vic mentionne beaucoup de noms connus qui gravitent autour de leur famille et qui ont eu un lien marquant avec eux. C'est intéressant de voir comment certaines rencontres peuvent changer le cours de la vie.
J'ai trouvé certains chapitres bien plus profonds que d'autres. Comme si certains sentiments plus légers étaient facilement transposables à l'écrit et qu'ils pouvaient apporter peut-être un peu de légèreté au ton global de l'ouvrage.
Car si certains chapitres sont plus légers d'autres sont bien plus sombres et bien plus introspectifs. Ils révèlent à la face du monde les blessures secrètes et parfois tues par respect du "politiquement correct" j'imagine.
Ce livre montre donc, s'il en fallait une preuve supplémentaire, que le lien familial est celui qui est certainement le plus passionnant pour la médecine psychique mais le plus dur à explorer et vivre pour l'humain en général.
J'ai presque eu envie de comparer ce livre à un collier emmêlé. On essaie avec force et conviction de le dénouer jusqu'au moment où on lâche prise et on le met de côté avec un certain épuisement. Puis un jour, on le retrouve et rien à faire, il nous faudra trouver la solution pour le remettre en ordre et retrouver la prestance qui lui incombe. La famille c'est un peu ça...du nœud, du nœud, parfois on croit avoir compris et puis inlassablement, le nœud se reforme, jusqu'à l'explosion (au choix, joie ou colère bien sur) !
Un livre qui m'a paru parfois long car j'avais hâte d'en savoir plus sur la façon dont Marianne Vic s'est sortie de cet imbroglio familial mais les chapitres axés sur elle et sur ses sentiments, ce qu'elle en a fait pour ne pas retomber dans les travers de sa famille ont fait pencher la balance pour en conclure qu'il s'agit d'un livre à lire, très bien écrit, il n'y a qu'à voir la dernière phrase de cette photo "De l'importance de savoir d'où l'on vient pour tenter de devenir qui l'on est", juste magnifique !
Quelques infos sur l'auteur
Marianne Vic écrit et vit à Paris. Elle a également écrit un premier roman intitulé "Les mutilés".