Les secrets d’Amélie Antoine

Les secrets d’Amélie AntoineLes secrets

Amélie Antoine

Michel Lafon

Mars 2018

391 pages

Un couple est en attente. En attente d’enfant.  Six ans qu’ils attendent. Qu’ils en crèvent.

Un autre couple a un enfant non désiré. Lui est jeune et ne se sent pas concerné, elle est jeune et veut le garder. L’enfant, pas le mec. Puisque lui, il fuit, il n’en veut pas, il n’est pas amoureux.

Mathilde, Adrien, Elodie, Yascha. Quatre personnages qui vont se croiser et même plus, si affinités.

Luocine, ce livre pourrait être pour toi, il commence par la fin ! Si, si, vraiment ! Par la page 391 ! L’originalité de ce roman est sa construction. On remonte le temps, pour éclairer le propos. L’histoire est racontée à rebours. On connaît la chute (ou presque parce qu’il faut compter sur Amélie Antoine pour nous réserver une petite surprise de dernière minute) et on enfourche la machine à remonter le temps en faisant des bonds de six mois en six mois jusqu’à la source, pour comprendre comment on en est arrivé là. C’est le cheminement qui intéresse l’auteure, non le résultat.

Des secrets ou des mensonges ? La frontière est mince entre les deux. Mathilde aime jouer avec la vérité, s’inventer un monde, une vie différente. Et surtout que ne ferait-elle pas pour tomber enceinte ? La première révélation arrive rapidement, on la devine même avant qu’elle n’arrive, parce que l’accent n’est pas mis sur les révélations mais sur les non-dits, les faux-semblants, le mal-être des personnages. Amélie Antoine nous emmène dans la descente aux enfers d’une femme en mal d’enfant, entraînant son mari avec elle dans sa chute, mari d’une patience infinie et qui souffre aussi de ce désir d’enfant non comblé.

C’est en cela que la couverture est trompeuse et aguicheuse.  Le roman est présenté comme un thriller. Or, il n’en est pas un, il est construit comme tel mais il n’y a pas de multiples rebondissements, la tension n’est pas dans l’action mais dans le combat que mènent les personnages pour avoir un enfant. Tout sonne juste, tout sonne vrai. Mais on est loin de la formule d’accroche : « Il sait tout d’elle… Sauf la vérité » qui nous éclate au visage dès qu’on prend le livre en main.

Même si j’ai préféré Quand on n’a que l’humour, même si j’aurais aimé un peu plus de noirceur,  je reconnais à Amélie Antoine, qui m’a gentiment envoyé son roman, une grande finesse dans l’analyse des sentiments.