Je viens vous parler d’Apprendre à danser sous la pluie, le second livre de Margaux Gilquin.
Margaux, c’est une histoire — une femme magnifique et qui me touche infiniment. Je l’ai croisée après avoir lu son très fort premier roman, Le Dernier Salaire, où elle évoque son expérience du chômage. Son courage, son caractère, sa profonde humanité m’avaient laissé une forte impression, et je l’avais exprimé dans un commentaire et une chronique.
Margaux m’a répondu, et nous sommes en contact depuis. Je la suis dans ses écrits comme dans ses luttes, son engagement pour les précaires et les seniors laissés en marge du monde du travail ; j’admire sa solidité et savoure sa douceur et sa générosité à chacun de nos échanges. Du coup, j’attendais avec impatience de découvrir son nouveau bébé.
Ce livre m’a d’autant plus bouleversée qu’il mêle fiction et réalité, reprenant a minima le parcours de Margaux après son premier livre, le tourbillon du succès et l’exigence de l’engagement. Bien que le personnage de Laure ne se confonde pas à l’auteur, j’ai retrouvé chez elle la même humanité, la franchise, la force et la fragilité, la complexité et le goût de l’essentiel. Tout ce qui vous émeut chez une personne.
Cette âme à fleur de peau, cette densité humaine se retrouvent aussi chez tous ses personnages. Là encore, on ne sait tout à fait ce qui naît de la création et ce qui tient de la déclaration d’amour envers ses proches. On ne cherche pas à trop analyser : on sourit, on frissonne, on vibre avec eux, auprès d’eux. Ce sont des gens qu’on pourrait croiser tous les jours, simples et à la fois complexes, drôles, tendres, chargés de leur histoire. Vivants. On sent la puissance de ces relations, la façon dont chacun à sa manière, ils ancrent Laure et lui donnent envie d’avancer ; sans eux, elle serait perdue. La profondeur de ce lien est bouleversante, comme le regard qu’elle porte sur eux. L’évasif François, si secret et isolé par ses propres douleurs, Arnaud le thérapeute à l’enveloppante sérénité, les délicieuses Nade et Martine, et surtout Tante Marthe, le plus précieux des repères… On voudrait tous les connaître.
L’amitié, c’est le lieu de la vie, cette vie parfois si douloureuse, cette vie à laquelle on peut simplement refuser de faire face. Cette histoire est aussi celle d’une reconstruction — un voyage en soi-même, pour faire face à un lourd passé, l’apprivoiser. Pas tant s’en libérer que se libérer de la peur qu’il inspire, pour enfin se donner le droit de vivre… Laure a passé des années à porter ce fardeau, le mal muet d’une tragédie d’enfance. Progressivement, nous la voyons avancer sur ce chemin douloureux, mais salvateur. Parce qu’elle n’est pas seule et plus si déracinée, parce qu’il est temps, enfin, de s’accorder le droit de respirer. De lâcher prise, et d’avancer vers d’autres lendemains.
Laure réapprend ce que c’est que le bonheur, le vrai, et nous l’apprenons avec elle. Le bonheur, c’est cet instant unique, précieux, suspendu, seul ou auprès d’un être aimé. C’est un rayon de lumière, un ciel d’été ou d’hiver, un moment partagé, un rire. C’est la nature. C’est la vie. C’est ce présent qu’on oublie si souvent, qu’on ne saisit pas, ne considère pas à sa juste valeur.
Lire ce livre m’a donné envie de vivre, d’être auprès de gens que j’aime, de réaliser le cadeau qu’est l’existence. Un petit miracle dans chaque respiration.
Merci, Margaux, pour cette émotion pure, toute simple, toute vraie, limpide… Merci pour une histoire simplement humaine. C’est toi, c’est nous, c’est la vie. Inestimable.
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