Louise a onze ans. Boulotte mais bonne élève, curieuse et déterminée, elle n’a qu’un an de moins que son frère Joseph qu’elle exaspère souvent.
Récemment, elle a surpris un échange sur l’ordinateur de Joseph, et a réussi à convaincre ce dernier de l’emmener à une réunion du « clan », en échange d’un devoir de français… Dans une vieille cabane au fond d’un bois, ils rejoignent Martin, Florian et Bérénice, pas du tout contents que la petite fille les rejoigne. Car ils préparent une expédition chez « l’Ortie », et cela promet d’être très dangereux !
Joseph parvient finalement à faire accepter sa soeur, et ils se retrouvent un jour devant une grande propriété. Tandis que les 4 grands revêtent un masque, Louise est chargée de faire le guet. Au signal, les enfants courent vers le potager chiper fruits et légumes croquants, tandis que Louise surveille si la propriétaire des lieux, une vieille dame qu’on dit sorcière ou folle, ne les surprend pas. C’est alors qu’une main se pose sur son épaule…
Quelques mots échangés, la vision d’une main aux ongles soignés, et l’Ortie a disparu, faisant douter Louise de cette apparition.
Les enfants sortent du jardin sans encombres, avec leur butin, mais Louise ne peut s’empêcher de penser à la vieille dame, qui ne lui a pas paru méchante… Elle en parle à sa mère qui lui dit que c’est une femme seule et triste. Alors en cachette, Louise retourne se poster devant la propriété, fixe la grande bâtisse, puis revient faire ses devoirs dans l’herbe au pied d’un grand cèdre, s’approche de la vieille dame dans son potager… jusqu’à ce que celle-ci, enfin, lui adresse la parole et l’invite à boire un verre de citronnade.
Louise découvre petit à petit l’histoire de cette dame, qui a perdu sa fille quand celle-ci avait 10 ans, et ne s’en est jamais remise. Elle en apprend plus sur ses parents aussi, en même temps qu’elle se met au jardinage, et commence à perdre du poids…
Le temps passe, les enfants grandissent, Louise s’attache à Jeanne (l’Ortie), elles sont devenues des amies, et Louise est désormais incollable en jardinage. Mais Jeanne est une vieille dame au coeur fatigué. Un jour où Louise lui rend visite, elle la trouve allongée dans son jardin, elle a fait un malaise. Appelant les secours, elle lui sauve la vie, mais Jeanne est désormais à l’hôpital, où elle s’étiole loin de sa maison, de sa nature, de ses souvenirs.
Sans dévoiler la fin, on passe d’une lecture distrayante, enlevée, à de beaux moments d’émotion.
Ce roman commence par des chamailleries entre frères et soeurs, des portraits d’enfants un peu blagueurs, qui aiment se faire peur et se montrer courageux devant les autres. Louise, la petite, se montre différente, très volontaire, peu effrayée, curieuse surtout et sensible à voir la réalité au-delà des apparences et au-delà d’un groupe, un peu moralisatrice parfois aussi.
Le livre se transforme peu à peu en une belle histoire d’amitié entre Louise et Jeanne , fait la part belle aux notions de tolérance, de bienveillance, et évoque aussi le fait de grandir en s’acceptant et en acceptant l’autre. Plus qu’un roman d’aventures, c’est aussi un livre un peu initiatique, qui fera réfléchir petits et grands à différents sujets comme l’identité, l’acceptation de soi, l’amitié, l’amour, et même la mort (attention aux lecteurs les plus sensibles)…
Un joli roman facile à lire et intéressant pour les pré-ados, avec des sujets de réflexion adaptés à leur âge, légers comme graves.
Alexandre Chardin est un auteur français de livres pour la jeunesse.
Le goût sucré de la peur a été publié chez Magnard jeunesse en février 2016 (11,90€).
Ce livre fait partie de la très belle sélection CM2-6èmes du Prix des incorruptibles 2017-2018. N’hésitez pas à consulter mes autres comptes-rendus de lecture.
Morceaux choisis :
« Une fraise prise dans un jardin qui n’est pas le tien n’a pas le même goût que celle qui vient d’un grand magasin, tu ne trouves pas ? »
« C’est drôle comme il faut souvent les pousser, les garçons, pour qu’ils deviennent courageux alors qu’ils disent tout le temps que les filles sont des froussardes. Par exemple, sans Ariane, pas de Thésée ! Sans Pénélope, sans Circé, sans Athéna, pas d’Ulysse ! Eh oui ! Si ces hommes n’avaient pas été un pu chatouillés par des femmes, ils ne seraient jamais devenus des héros ! »
« Jusqu’à présent, les grandes vacances, c’était toujours pareil : un énorme plat de spaghettis. Au début, affamé, on se jette dessus et on se dit qu’on n’en aura jamais assez, et puis, très vite, on n’en peut plus. »