Le Dernier apprenti-sorcier T5 : Les disparues de Rushpool, de Ben Aaronovitch, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Benoît Domis, J’ai lu, 2016 (originale : 2014), 445 pages.
Version audio narrée par Kobna Holdbrook-Smith.
L’histoire
L’agent Peter Grant, dernier apprenti sorcier et brillant enquêteur de la Police Métropolitaine de Londres – la Métro, pour les intimes – quitte cette fois la capitale britannique pour se rendre dans une petite bourgade du Herefordshire où les forces de police locales échouent à enrayer la vague d’enlèvements d’enfants dont leur communauté est victime.
Assisté de Beverley Brook, Peter se retrouve bientôt embourbé jusqu’au cou dans une affaire pour le moins louche. Passe encore le danger omniprésent, la mauvaise humeur des flics du coin, la franche hostilité des dieux locaux… mais des boutiques qui ferment à 4 heures de l’après-midi ?! Quelle horreur !
Note : 5/5
Mon humble avis
Comme d’habitude pour mes chroniques de sagas, je ne spoilerai pas ce volume-ci mais je vais être obligée pour que ce soit un minimum intéressant de parler d’éléments d’intrigue des tomes précédents, particulièrement le quatrième (Le rêve de l’architecte), vous voilà prévenu·e·s !
Ce tome déroge un peu à la règle puisqu’il ne se déroule pas à Londres, mais en pleine campagne anglaise, dans le Herefordshire, dans le petit village fictionnel de Rushpool. En effet, des enfants disparaissent et c’est l’occasion pour Nightingale d’expliquer à Peter que les sorciers anglais s’étaient engagés à enquêter sur ce genre d’affaires puisqu’elles impliquaient bien souvent des sorciers malveillants.
Peter quitte donc la capitale, sans Lesley : depuis sa trahison dans le volume précédent, cette dernière a disparu. J’ai absolument adoré le traitement de cette trahison, on est tellement habitué·e·s aux scénarios où la personne trahie s’emplit de haine, de rancœur, renie tout ce qu’elle connaissait du ou de la traître·sse, que j’étais agréablement surprise de voir que ce n’était pas le cas. Attention, cela ne signifie pas que Peter soit ravi d’avoir été attaqué par Lesley afin de protéger l’Homme sans visage, mais il est suffisamment intelligent pour comprendre que Lesley ait été manipulée, qu’elle fasse tout son possible pour retrouver son visage d’antan, non défiguré. Finalement pour la majeure partie du roman, il n’est pas tant question des événements du Rêve de l’architecte, comme si Peter préférait ne pas y penser, ne pas s’y attarder. C’est Beverley qui le pousse dans ses retranchements, le pousse à réagir. Cette scène est d’ailleurs très forte, et très émouvante.
Les disparues de Rushpool nous présente donc un nouveau duo avec Beverley et Peter ; si on les avait déjà vu à l’œuvre, c’était de façon bien plus anecdotique qu’ici, sur tout le roman et toute une enquête. Et j’ai beaucoup apprécié leurs dynamiques, ainsi que le personnage de Beverley qui est clairement indépendante, n’a de comptes à rendre à personne (à part peut-être sa mère) et si elle semble insouciante, elle a des côtés très attachants. C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur les dieux, et ici plutôt les déesses des rivières, comment iels en viennent à exister et quels sont leurs pouvoirs.
La série continue ainsi à dévoiler son univers petit à petit, avec la rencontre d’un vieux sorcier, ancien camarade de Nightingale, mais aussi des personnes qui semblent avoir une fibre magique sans l’exploiter (ou de manière inconsciente) ou bien de nouvelles créatures magiques (potentiellement quadrupèdes et cornées).
Je l’avais remarqué dans les tomes précédents, mais cette chronique est l’occasion d’en parler : je suis en amour complet avec le fait que les descriptions des personnages mentionnent quand ces derniers sont blancs. D’ordinaire, et c’est affligeant, ce genre de description ne se retrouve que pour les personnages racisés, puisque par « défaut » ils sont considérés comme blancs. Je suis donc ravie de lire la plume d’auteur·rice·s qui décident de rétablir cet affreux travers.
Je vais continuer ma lecture de cette série avec grand plaisir ! À force d’enchaîner les tomes, ça va me faire drôle quand je vais atteindre le dernier publié et devoir attendre la suite…