On peut raisonnablement se poser des questions sur ce qui se passe dans la tête des amateurs de comics, quand un des personnages préférés et récurrents du Marvel Universe n'est autre que Thanos, nihiliste fervent adorateur de la Mort, pour laquelle il est allé jusqu'à souhaiter faire disparaître la moitié de toutes créatures vivantes du cosmos. Thanos, c'est bien entendu, comme le démontrent les épisodes du Silver Surfer dessiné par Ron Lim, et le chapitre initial de Infinity Gauntlet, présents dans cette première anthologie totalement "super vilain", le méchant cosmique qui recherche le pouvoir absolu. Après avoir tenté de mettre la main sur le Cube Cosmique, et avoir été corrigé par les Avengers, celui qu'on surnomme le Titan Fou a ensuite compris que le meilleur moyen de parvenir à ses fins est de s'emparer de six gemmes , dont les effets combinés donnent à leur possesseur le statut absolu de Dieu, souverain du temps, de l'espace, de la réalité, de l'âme, du pouvoir ou de l'esprit. Une saga "énorme" qui laisse des traces dans les cerveaux de ceux qui la lisent, et qui est sur le point d'être développée dans une version cinématographique remaniée, qui va être l'événement comics du printemps.Pour autant Thanos est aussi capable de faire preuve de moments intimistes surprenant, de monter en première ligne pour défendre l'univers, à sa façon, pourvu qu'il en tire un bénéfice, ou qu'il traverse une de ses phases pseudo mystiques, pendant négatif et fascinant à Adam Warlock, l'être dont la carrière christique lui a valu bien des déboires et des oppositions, et bien de grands moments pour les lecteurs!
C'est bien entendu Jim Starlin qui est le grand architecte de la carrière de Thanos, qui est pourtant loin d'avoir tous les atouts de son coté, quand il s'oppose à Iron Man, avec les Frères de Sang comme poulains de seconde zone. L'occasion tout de même de mettre Drax dans la balance, lui qui va avoir comme unique raison de vivre celle de mettre fin aux turpitudes du Titan. Le problème avec Thanos est probablement une surexploitation, ces temps derniers, qui finit par aboutir à des épisodes de mauvais goûts, où les motivations, et la force de nuisance du bonhomme, ne sont pas toujours bien amenées, comme les aventures de Avengers Assemble ici présentés, dans le cadre d'une série qui a été bien vite oubliée. Thanos n'est jamais aussi pertinent que lorsque son obsession se double d'une vision pervertie, mais réelle, de ce que doit être l'ordre dans l'univers, le rapport qui unit la vie et la mort, avec la prédominance de cette dernière, dont l'existence et la fonction sont indispensables à la grande tapisserie de l'existence. Un Thanos qui transcende le statut de personnage Marvel classique, pour accéder à celui d'arbitre dévoyé de grands conflits galactiques, capables de terrasser des entités cosmiques, d'aller s'imposer sur les plus lointaines planètes, comme de revenir sur Terre pour aller corriger son propre fils, Thane, qui n'est pas une si grande intuition narrative, par ailleurs. Le mal fascine, depuis toujours, et le mal s'incarne, avec Thanos, dans ce qu'on aime le plus détester, à savoir une noirceur totale et inéluctable, mais qui d'une manière ou l'autre finit toujours par perdre, se jugeant même indigne d'accéder à la plus enviée des réussites, lorsque le pouvoir divin est à portée de gant. Sacré Thanos, on pourrait lui conseiller un psy, mais un bon.