La chorale des Dames de Chilbury, de Jennifer Ryan

Par Kloliane

It’s time to sing !

Chéri (se tournant vers moi et murmurant): Pourquoi je suis là, déjà ?
Moi (regardant devant moi, avec un sourire aux lèvres): Parce que tu m’aimes.
Catherine, collègue et amie (tirant sur une de mes tresses) Et moi ?
Moi (boudant): Tu me dois une après ton foutu prank…
Liam, autre collègue (poussant un soupir): C’est pour ça que Cath me ramène dans cette galère…
Moi (toute heureuse): Soyez tous contents de participer à la chorale de la ville. Ce sera l’un de nos plus beaux souvenirs… Maintenant, on se tait… The show must go on…

AUTEUR: Jennifer Ryan
TITRE: La chorale des Dames de Chilbury
ÉDITEUR, ANNÉE: Albin Michel, 2018
NOMBRE DE PAGES: 464 pages.

La première fois que j’ai participé à une chorale, cela remonte à l’école primaire. Je me rappelle encore l’impatience d’être le jeudi matin pour pouvoir chanter et de me sentir légère. C’était un moment qui me libérait de tous les soucis que j’avais. Un peu comme les personnages féminins du roman de Jennifer Ryan, « La chorale des dames de Chilbury« 

Résumé:
« 1940. Un paisible village anglais voit partir ses hommes au front. Restées seules, les femmes affrontent une autre bataille : sauver la chorale locale pour défier la guerre en chantant. Autour de Miss Primrose Trent, charismatique professeur de chant, se rassemble toute une communauté de femmes, saisie dans cet étrange moment de liberté : Mrs. Tilling, une veuve timide ; Venetia, la « tombeuse » du village ; Silvie, une jeune réfugiée juive; Edwina, une sage-femme  qui cherche à fuir un passé sordide. Potins, jalousies, peurs, amours secrètes… Entre rires et larmes, Jennifer Ryan, s’inspirant des récits de sa grand-mère qui a vécu le conflit depuis un petit village du Kent, sonde les âmes de ce choeur que vous n’êtes pas près d’oublier. »

Une chorale composée de femme… Est-ce possible ?

Plusieurs femmes sont réunies dans une salle de l’église, prêtes à faire revivre la chorale et cela, malgré la décision du pasteur. Moments d’union et salutaire, ces instants de chants leur permettent d’oublier le spectre de la guerre qui plane sur toute l’Europe et les hommes qui sont partis au front. On pourrait penser que ce roman ne tourne autour que ces petites réunions, mais la vie de ce petit village ne reste pas moins très active, pleine de péripéties,  cachant de lourds secrets, avec quelques émois amoureux, des sentiments vénales… Bref ! Bienvenue à Chilbury !

Dans ce roman, la guerre est aux portes du pays. La crainte de revoir les horreurs de la précédente est encore dans les mémoires. C’est dans cette atmosphère tendue que nous suivons ce groupe de femmes. Et quels personnages ! Elles apportent toutes un souffle au récit par leurs caractères et les événements qui découlent de leurs actes. On peut, d’autant plus, apprécier la personnalité de chacune, à travers une narration épistolaire. Nous apprenons à connaître Mrs Tilling dont le fils vient de partir au front; Venetia au charme ravageur; sa petite sœur Kitty qui apporte une certaine touche d’innocence; Silvie, ayant subi les premiers chocs de la guerre et séparée de sa famille etc… Statuts, âges, origines, nous avons une belle galerie de personnages féminins vraiment riche et diversifiée. Il est juste dommage que le style  d’écriture de chacune, à travers leurs lettres et journaux intimes, soit la même (le vocabulaire est bien trop soutenue pour le personnage de Kitty qui a 13 ans).

Côté récit, avec la guerre comme cadre et les réunions pour la chorale comme ligne directrice, plusieurs fils d’intrigue se tissent au sein du village. Bien sûr, la question de l’espionnage va se poser, mais il y’a aussi l’amour, des rires, des disputes, de la malveillance, de l’espoir… De quoi rendre vivant Chilbury et s’attacher à ses habitants. Tous les éléments pour nous offrir un roman Feel Good, en somme.

Pour ma part, tant que les autrices/auteurs ne tirent pas sur la corde sensible, cela me va et c’est parfaitement le cas  pour « La chorale des dames de Chilbury ». Mais j’avais une attente sur un point en particulier qui n’est pas assez exploité à mon goût: la participation des femmes à l’effort de guerre. Certes, se déroulant en 1940, nous sommes qu’au début des affrontements, mais c’était une occasion de mettre en valeur le rôle qu’elles ont joué.

Pour conclure:

Certes, le récit a un petit côté prévisible et les habitants semblent bien plus prises par les mélodrames se jouant au sein de leur communauté que par la menace de la guerre, mais, il y’a de fortes chances que vous passez un bon moment de lecture en leur compagnie.

Au fil des lettres et des extraits de journaux intimes, on se laisse emporter par l’histoire de ce petit village des côtes anglaises, avec ses personnages féminins forts et variés qui affrontent un quotidien aux prises d’une guerre qui s’annonce et rappelant qu’il y’a toujours de l’espoir dans les heures les plus sombres.

( Image à la une de Blumina)