Il y a eu
Sale boulot dépeint une condition humaine sapée par la guerre. Par la voix de ses deux éclopés, Larry Brown lève le voile sur les ravages de la guerre qui transforme les hommes en épaves, sur le suicide assisté, sur la solitude, la détresse et l’abandon. Sur la compassion et la tendresse, aussi. Il est un fin observateur de l’âme humaine, de ses failles et de ses misères.
La vitalité des voix, le verbe raboteux et balafré, l’humour noir s’élèvent au-dessus des murs de la chambres d’hôpital. Les monologues et les dialogues alternent, les flashbacks apportent un poids au présent. Chaque personnage est plus vrai que nature, bien étoffé. Walter et Braiden, bien sûr, mais aussi les personnages secondaires qui gravitent autour d’eux. Diva, l’infirmière au grand coeur, m’a bouleversée.Il y a de ces blessures qui ne cicatriseront jamais… Un huis clos éprouvant, parfaitement huilé, empreint d’une humanité qui prend aux tripes. Grandiose...
Père et fils.
C’est avec ce roman sidérant que j’ai découvert Larry Brown. J’ai remis ça avec Sale boulot et je ne m’en suis pas encore remise. L’intrigue ne paie pas de mine. Elle peut se résumer en une phrase: deux vétérans du Vietnam, l’un blanc, l’autre noir, se retrouvent le temps d’une journée dans une chambre d’hôpital. Tout le génie de Larry Brown vient de ce qu’il tisse serré la toile de son intrigue, agrippe son lecteur par le cou et ne lui laisse ni répit ni échappatoire.Ça fait une vingtaine d’années que la guerre du Vietnam est terminée. Walter James s
’est échoué dans un lit d’hôpital, sans trop savoir comment il s’est retrouvé là. Défiguré par des éclats d’obus, il a vraiment une sale gueule. Et il tombe souvent dans les pommes, aussi. Mais il y a pire que lui. Tellement pire. À côté de Walter se trouve Braiden Chaney. Lui, ça fait vingt-deux ans qu’il est cloué au lit. «Il avait pas de bras, pas de jambes, rien que des moignons. Comme dans Johnny s’en va-t-en guerre.» Il a tout perdu dans les tranchées. Tout ce qu’il a, c’est l’évasion que lui offre son imagination.Durant cette longue journée, les deux hommes se jaugent. Une glacière remplie de bières délie les langues. À travers la fumée de cigarettes,
les cœurs s’ouvrent et les voix s’élèvent dans la pièce. Le passé refait surface: l’enfance dans les champs de coton du Mississippi, les bagarres dans la cour d’école, l’amour pour une fille mordue par un chien, le champ de bataille. Si les jours de Walter à l’hôpital sont comptés, ce n’est pas le cas pour Braiden. À moins que...· · · · · · · · ·
La claque que je me suis prise! Non, plutôt un gros coup de poing. Sale boulot est le premier roman de Larry Brown. Ce chef-d’œuvre (je pèse mes mots) figurera en bonne place dans mon top 10 de 2018.Sale boulot dépeint une condition humaine sapée par la guerre. Par la voix de ses deux éclopés, Larry Brown lève le voile sur les ravages de la guerre qui transforme les hommes en épaves, sur le suicide assisté, sur la solitude, la détresse et l’abandon. Sur la compassion et la tendresse, aussi. Il est un fin observateur de l’âme humaine, de ses failles et de ses misères.
La vitalité des voix, le verbe raboteux et balafré, l’humour noir s’élèvent au-dessus des murs de la chambres d’hôpital. Les monologues et les dialogues alternent, les flashbacks apportent un poids au présent. Chaque personnage est plus vrai que nature, bien étoffé. Walter et Braiden, bien sûr, mais aussi les personnages secondaires qui gravitent autour d’eux. Diva, l’infirmière au grand coeur, m’a bouleversée.Il y a de ces blessures qui ne cicatriseront jamais… Un huis clos éprouvant, parfaitement huilé, empreint d’une humanité qui prend aux tripes. Grandiose...
Larry Brown est mort (beaucoup trop jeune) d
’une crise cardiaque en 2004, à l’age de cinquante-trois ans. Heureusement, il a laissé derrière lui une oeuvre substantielle que Gallmeister a eu l’excellente idée d’ajouter à son catalogue depuis que les versions publiées chez Gallimard était devenues difficiles à trouver. Histoire(s) à suivre...Sale boulot,
Larry Brown, trad. Francis Kerline, Gallmeister, «Totem», 208 pages, 2018. [1989 pour l’édition originale]★★★★★J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge: 50 États en 50 romans (État du Mississippi).