L’utopie NanoTotal, Vincent Ferrique
Editeur : AutoéditionNombre de pages : 232Résumé : Dans un futur proche, les peuples ne s’entredéchirent plus. Les famines sont reléguées aux oubliettes de l’histoire, ainsi que le chômage, la maladie ou la misère. NanoTotal, une archi-société de haute technologie, a réalisé l’impensable : pacifier la Terre. Mais quel prix a payé l’humanité pour cette utopie ? Un jeune homme qui échappe à l’emprise de NanoTotal le découvrira, bien malgré lui…
Un grand merci à Vincent Ferrique pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Dans un élan nano-contrôlé, elle lui annonça en lui sautant au cou qu'ils avaient emporté à la loterie un superbe cadeau : une croisière romantique pour deux à destination de la Lune, offerte par LunarVoyages - "Le rêve au bout de la fusée !". »
- Mon avis sur le livre -
C’est rigolo comment notre opinion sur un même roman peut varier entre les premières pages et les dernières phrases … Parfois, la première impression est celle qui nous suivra jusqu’à la fin, mais d’autres fois, tout bascule, en bien comme en mal. Un début prometteur qui nous déçoit par la suite, ou au contraire un début un petit peu laborieux qui cache une suite merveilleuse. C’est dans cette seconde catégorie que se situe ce roman : si j’étais quelque peu mitigée face aux cinquante premières pages - je vous explique pourquoi un peu plus tard -, je dois bien admettre que la suite m’a totalement réconciliée avec ce récit, au point que j’en oublierai presque ma perplexité première ! Voilà d’ailleurs une des raisons qui me poussent à ne presque jamais abandonner une lecture lorsque le début ne me passionne pas : j’ai bien trop peur de passer à côté d’une suite exceptionnelle !
Imaginez un monde sans chômage ni guerre, un monde sans criminalité ni misère. Imaginez un monde où l’on ne meurt plus de maladie, où le mot « cancer » n’existe plus que dans les manuels d’histoire, où tous les enfants ont accès à l’éducation et tous les adultes au travail, où chacun a un toit sur la tête et de quoi manger à sa faim. Imaginez un monde où tout le monde respecte tout le monde, et surtout un monde où chacun est heureux, radieux, joyeux. Ca fait rêver, n’est-ce pas ? Mais l’on s’en doute bien, derrière cette belle utopie se cache une réalité bien plus sombre. Dans ce monde idéal, l’organisme de chaque individu se voit envahi par une armée de nano-robots chargés d’éradiquer virus et bactéries, de traquer sans pitié la moindre cellule mutante … mais également de contrôler émotions et sentiments. Michellin, qui échappe progressivement à la nano-emprise, va découvrir l’envers du décor de cette société parfaite en apparence …
Comme je l’ai dit plus haut, entre L’utopie NanoTotal et moi, les débuts ont été légèrement difficiles. Au cours des premiers chapitres, afin de poser le contexte, l’auteur déverse énormément d’informations, l’objectif étant que le lecteur puisse comprendre les mécanismes du monde dans lequel prend place l’intrigue. Car on sent que cet univers a été murement construit, que l’auteur en maitrise les moindres rouages et qu’il a réfléchit au moindre petit détail … quoi de plus normal que de vouloir montrer au lecteur à quel point notre imagination a fait un excellent travail ? Le problème, c’est qu’il y avait tellement de renseignement à ingurgiter rapidement que j’en ai fait une overdose. Les rares éléments de narration ne servaient qu’à opérer une transition vers un nouvel ouragan d’informations, et l’histoire à proprement parler mettait un petit peu trop de temps à se lancer à mes yeux. Beaucoup d’explications et trop peu d’actions, voilà ce que je pouvais reprocher à ce début par conséquent un peu longuet.
Toutefois, à partir du moment où le contrôle des nano-robots sur l’esprit de notre protagoniste, Michellin, commence à s’effilocher, les choses deviennent bien plus intéressantes. Il ouvre les yeux sur son monde, sur sa vie, il commence à se poser des questions, à s’interroger sur le bien-fondé de tout ceci. Est-il moralement acceptable de placer ainsi toute l’humanité sous le contrôle d’une intelligence artificielle afin de pacifier la planète ? Vivre dans l’abondance matérielle et la sécurité physique, mais sans jamais connaitre la liberté, est-ce vraiment vivre ? Le bonheur, est-ce uniquement avoir la possibilité d’acheter et de faire tout ce que « l’on désire » (que ce désir soit dicté par une machine ou non d’ailleurs) ? Que de thématiques abordées par ce roman, que de réflexions à approfondir ! Même si, et c’est quelque chose que je regrette un petit peu, le lecteur est fortement influencé par la narration elle-même à s’insurger contre ce système … Un peu plus de neutralité aurait donné plus de force encore aux révélations auxquelles va faire face Michellin, qui sont de plus pour certaines assez prévisibles. Ici, dès le début, la narration est teintée de sarcasme et d’ironie qui ne laisse aucun doute quant à la condamnation de tout le système : il aurait été bienvenu que cette narration évolue au fur et à mesure que Michellin prend conscience de cette immense machination !
Il y a cependant une chose d’extraordinaire dans ce roman : c’est sa capacité à nous happer. Au fur et à mesure que l’histoire progressait, la tension dramatique se faisait de plus en plus intense. On sent que notre héros n’est pas sorti d’affaire, que NanoTotal va tout faire pour remédier à cette déficience dans son nano-contrôle, et que ses jours de liberté et de lucidité sont comptés. On se prend à croiser les doigts, à espérer de toutes nos forces qu’il va parvenir à échapper à ce sombre destin, on a des sueurs froides et le cœur qui s’emballe. On s’attache à ce pauvre Michellin, finalement, lui qui n’est qu’une victime parmi tant d’autres de ce grand mensonge collectif, de ce système qui lui ôte tout libre arbitre tout en lui garantissant une vie sans heurt, sans contrariété. On s’attache à ce jeune homme qui vient de gouter à la vie sans entrave et qui se sait condamné à une nouvelle perpétuité à vie. C’est un livre qui joue avec les nerfs du lecteur, qui lui fait ressentir énormément de frustration … et qui le laisse complétement vidé de toutes ses forces une fois la dernière page tournée. Et toute la tension accumulée redescend soudainement, brusquement. Et on est comme anesthésié par cette fin si définitive, si sèche.
En bref, une histoire qui met longtemps à se mettre en place mais qui, une fois lancée, captive le lecteur jusqu’à la dernière phrase. Comme beaucoup de romans d’anticipation, celui-ci nous invite finalement à réfléchir sur notre propre société … sans jamais la nommer bien évidemment ! Une narration efficace mais toutefois un peu maladroite par moment, en particulier en ce qui concerne les dialogues qui me paraissaient très artificiels et pas assez fluides … Un personnage principal attachant, un univers vraiment riche, une intrigue efficace, une tension dramatique incroyable … J’ai finalement énormément apprécié ce roman que j’ai dévoré en deux petits jours à peine tant il était passionnant et saisissant ! Avis aux amateurs de science-fiction et de dystopie : ce livre est fait pour vous !
Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons(plus d’explications sur cet article)