Metin Arditi – L’enfant qui mesurait le monde ***

Par Laure F. @LFolavril

Éditeur : Points – Date de parution : juin 2017 – 264 pages

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Nous sommes sur l’île grecque de Kamalaki. Yannis est un enfant autiste. Sa mère lui apprend à nager, jour après jour. Elle s’occupe du mieux qu’elle peut de ce fils différent, qui réclame toute son attention et son énergie. Yannis a besoin d’habitudes, de rituels, de repères. Le même dîner tous les soirs, dans la même assiette, de la même couleur. Chaque chose à sa place. Et surtout, il a besoin de mesurer, de compter ; cela le rassure et l’apaise. L’enfant qui ne parle presque pas entretient une relation unique avec les chiffres.

Pour survivre au désordre du monde, Yannis s’est fixé deux tâches : « mesurer l’ordre du monde » – en comptant les clients du café et les poissons lors de la pesée au retour des pêcheurs – et « rétablir l’ordre du monde » – grâce à ses pliages. Il a ainsi le sentiment de restaurer l’ordre du monde et de donner une forme au chaos.

Le jour où le grand-père meurt, c’est Eliot qui s’occupe de Yannis. Si l’enfant est au début méfiant, une indéfectible amitié se noue finalement entre eux. Eliot a la soixantaine, il ne s’est jamais remis du chagrin causé par la perte de sa fille unique dix ans auparavant. Architecte, il est fasciné par le Nombre d’Or. Pour Yannis, Eliot ne crée pas de désordre, au contraire du reste du monde. Il se sent rassuré à ses côtés. Chaque jour, l’architecte lui offre un dessin et lui raconte un épisode de la mythologie, pour l’aider à apprivoiser le monde et ses émotions.

Le fragile équilibre de l’île se trouve menacé par le projet de construction d’un complexe hôtelier ; une menace qui prend pour Yannis la forme d’une pieuvre emprisonnant l’île entre ses tentacules.

Un beau roman qui offre matière à réflexion sur les liens entre les êtres, l’amour et l’amitié. Une lecture sensible et poétique, mais à laquelle il m’a manqué un je ne sais quoi pour l’aimer vraiment… En fait, j’ai eu la même impression d’éparpillement qu’Hélène ! Il est dommage que l’auteur ait voulu aborder autant de thèmes dans un si court roman ; philosophie, autisme, tourisme, théâtre, religion… J’aurais aimé que le roman se concentre davantage sur la figure de Yannis, son amitié avec Eliot. De ce fait, le roman m’a légèrement glissé des mains par moments.