Brutus de Bernard Clavel

Brutus de Bernard ClavelIl se passe beaucoup de choses depuis quelques temps. On pense que c’est trop lent, que c’est encore imperceptible, mais le changement est là, durablement ancré malgré la résistance pathétique de l’adversaire… Je le vois dans le nombre croissant de végans ou de végétariens que je rencontre, y compris dans ma zone rurale, je le vois dans l’indignation d’un grand nombre, soulevée par une maltraitance sur un animal, un tir de corbeaux, une chasse à courre ou… une corrida. Comme quelques manifestations sont prévues courant mai, je me suis demandée comment je pouvais apporter ma petite pierre à l’édifice avec mon blog.  Et je me suis souvenue de Brutus…

Ce beau roman nous entraîne sous le règne de Marc-Aurèle, au temps des splendeurs de l’empire romain. Bernard Clavel en profite pour nous remettre en mémoire, avec un grand souci du détail, les tortures raffinées que les Romains faisaient subir aux chrétiens. La splendeur est donc toute relative…
Mais le contexte historique est juste une toile de fond. C’est avant tout une belle histoire d’amitié, entre des hommes, mais surtout entre le jeune mousse Florent et le beau taureau camarguais, Brutus.
L’essentiel du récit se passe sur le Rhône, personnage central du roman (et aux descriptions, on sent combien Clavel aimait ce fleuve) et à Lungdanum, où se situent les arènes qui accueilleront Brutus.
car le taureau, hélas, est destiné aux jeux romains où les chrétiens sont livrés aux bêtes fauves.

On y croise des personnages au grand coeur, difficiles à oublier, Vitalis, le patron de la barge, et son second, Novellis, et puis le colosse, Verpati. Un petit groupe d’hommes et de femmes soudés, véritablement emmenés par ce magnifique taureau qui n’aspire qu’à retrouver la liberté et les vertes prairies. Mais l’histoire n’est pas bien gaie tout de même.

Roman de la foi, dans lequel Clavel rend hommage aux martyrs chrétiens, aux bêtes, aux mariniers et au fleuve Rhône, Brutus constitue un beau croisement entre Quo Vadis et les romans du terroir.
D’une écriture simple et émouvante, l’écrivain raconte la cruauté et la haine, qui poussent les hommes et les bêtes à s’entretuer, mais aussi l’amitié et la fraternité. J’ai beaucoup aimé ce livre,et j’en garde un souvenir ému même si les scènes de torture sont assez difficiles à lire.

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