Nadeem Aslam
Traduit de l’anglais par Claude et Jean Demanuelli
Le Seuil
Janvier 2018
362 pages
Un Américain tue des hommes au Pakistan, il se fait arrêter, mais les autorités pakistanaises demandent aux familles de lui pardonner en échange d’argent ou d’un visa américain. Le prix du sang. La femme de Massud ne voudra pas se laisser faire mais la possible révélation au grand jour de son secret pourrait la perdre…
Nadeem Aslam fait partie de mes valeurs sûres. Lorsque j’ai une panne de lecture, que la plupart des romans me tombent des mains, je sais qu’en prenant un roman du Pakistanais, je vais quitter, pour un temps, notre confortable monde occidental pour un monde oriental terrifiant. Et j’avoue que j’aime ça.
Ce roman est douloureux mais il nous éclaire sur la corruption au Pakistan, sur l’intolérance religieuse, aussi bien du côté des hindous (au Cachemire) que des musulmans, sur les relations diplomatiques mondiales qui font fi de l’humain.
Ce genre de lecture touche particulièrement le côté rebelle de mon cœur, je tourne les pages au gré de mes soupirs et de mes révoltes intérieures, je pose le livre, exaspérée par le comportement des hommes, je le reprends, avide de lire la suite…
La vie est difficile pour les chrétiens au Pakistan comme pour les musulmans au Cachemire… Les religions pourrissent vraiment les relations entre les hommes. Il y a de quoi devenir fou :
« Des non-musulmans se faisaient tuer parce qu’ils n’étaient pas musulmans. Et des musulmans parce qu’ils n’étaient pas de la bonne obédience. »
Mais même sans parler de religion, ces hommes avides de sang et fiers de leurs certitudes ne trouveraient-ils pas un autre terrain de mésentente ? Le Cachemire par exemple, étant écartelé entre l’Inde et le Pakistan… une histoire de bout de terre…
Je désespère de l’âme humaine.
La narration est parfaitement maîtrisée. L’art de créer du suspense en laissant le destin d’un personnage dans l’incertitude à la fin d’un chapitre, la volonté de retarder les informations, de les révéler au compte-gouttes jusqu’à la toute fin du livre, d’enchaîner les événements mais sans surcharge, révèlent que Nadeem Aslam est un grand romancier.