Aujourd’hui, c’est avec un avis très mitigé que je viens t’écrire, tu sais que j’adore les fictions historiques, la quatrième de couverture me promettait beaucoup hélas j’ai trouvé cette lecture longue, lente et décousue.
Si le début m’a bien plu, j’avais l’impression de lire un peu les quatre filles du docteur March, avec cette famille d’artistes, cette fratrie unie et notre héroïne principale amoureuse de son ami de toujours, et voisin Charlie, la suite m’a bien paru fade. Tout d’abord, ce qui m’a agacé c’est les lamentations de Ginny pour son amour perdu qui a demandé une autre qu’elle en mariage ; ensuite, elle rencontre John, un ami de son jumeau Franck. John réunit chez lui toutes sortes d’artistes, poètes, musiciens, écrivains, sculpteur, qu’ils soient hommes ou femmes, ils sont les bienvenus. Virginia ou Ginny rêve d’être un jour reconnue comme autrice. Elle envoie bien quelques nouvelles à un journal, mais c’est publier un roman qui l’intéresse. John va l’aider, la conseiller, lui faire côtoyer d’autres auteurs et autrices. Au fur et à mesure de leurs rencontres hebdomadaires lors de ces réunions John se rapproche d’elle. Pendant des pages et des pages on lit Ginny hésiter entre John et Charlie, hésiter sur ses sentiments, hésiter sur le fait qu’une fois mariée elle pourra continuer à écrire ou non. Puis d’un coup au 3/4 du roman une nouvelle intrigue se met en place, une intrigue pas dénuée d’intérêt, mais amenée brusquement. La fin ne m’a plus convaincu que le reste du roman.Ce qui m’a le plus dérangé dans ce roman c’est le manque de profondeur et de réalisme des personnages.J’espérais en apprendre plus sur chacun d’eux au fil de ma lecture, car tous ont un potentiel artistique ou une passion. Alevia est pianiste, Bess fabrique des chapeaux, Franck est peintre portraitiste, Maé enseignante. Mais voilà tout ce que l’on saura.Oui, on apprendra que Alevia refuse de se marier par peur de ne plus pouvoir jouer du piano, Bess veut épouser un beau parti, Mae travaille dans un orphelinat et Ginny écrit sur son amour perdu, Franck gagne bien sa vie pouvant subvenir aux besoins de toute sa famille. Voilà, pas plus, pas moins. Le seul point commun entre eux et qui m’a aussi agacé même s’il est normal de vouloir se marier c’est que quasiment tous au même moment trouvent chaussure à leur pied et ensuite quasiment tous vont voir leurs espoirs ruinés.
Je m’attendais à lire le New York du 19e, j’en ai eu que peu d’aperçu. À part les quartiers du Bronx et Manhattan qui sont cités puisque c’est là que vivent les familles du roman c’est tout. Oui, on voit là très grande différence entre les nantis et les ouvriers, mais même ce point est survolé.
Je ne comprenais pas pourquoi l’autrice avait pris ce parti de se braquer sur une seule famille, pourquoi elle n’avait pas mis plus de rebondissements et de descriptions jusqu’à ce que je lise ses remerciement. Elle écrit un livre sur ses ancêtres. Si la démarche est louable et intéressante, je ne pense pas que chacun des membres de sa famille n’ait eu le moindre défaut, quand elle écrit sur eux, s’ils ont des défauts même si c’est un gros défaut, s’ils commettent une grosse faute ce n’est jamais grave et il est pardonné.
Je ne crois pas non plus que les mœurs aient été si libérales à l’époque surtout pour des femmes. Les relations entre homme et femmes avant le mariage étaient réprouvées, or ici elles sont sues, elles ont lieu et personne n’y trouve à redire même les personnes les plus âgées. Je ne suis pas du tout pudique, mais j’aime que, même si c’est une fiction, la réalité historique soit respectée en grande partie.
Le seul point que j’ai plus ou moins apprécié c’est que l’autrice montre à quel point le monde à cette époque était masculin, les femmes n’avaient pas droit à aspirer à une carrière, espérer continuer à pratiquer un art, quel qu’il soit, après le mariage était rare. Et encore pour cet aspect Joe Callaway se contredit plus d’une fois en narrant son histoire.
On croise des personnages célèbres, mais ils ne sont pas intégrés à l’intrigue. Bref, vraiment une grosse déception, c’est rare à ce point, mais ça arrive, honnêteté toujours envers toi, cher lecteur je me devais de ne pas te cacher mon ressenti. Peut-être en attendais-je trop ? Sûrement qu’il plaira à d’autres que moi je t’engage à lire d’autres avis, ce n’est que mon ressenti personnel.
À lire si on veut un roman où des drames se produisent, mais finissent bien, à lire si vous aimez voir des femmes dites artistes, mais qui songent avant tout au mariage ; contradiction totale avec ce qui était écrit plus tôt. L’écriture manque de subtilité, de finesse, d’exploitation. Elle avait tout en main pour en faire un roman riche sur la condition féminine de l’époque, sur New York, j’ai eu cela, mais juste une très petite ébauche. Ginny qui me plaisait beaucoup au début du livre m’a agacée au final. Je pense que tu as compris que je ne te recommande pas ce roman...
Les virtuoses de la cinquième avenue de Joy Callaway — roman historique — 510 pages, 18,20 € — Édition Milady, en librairie le 18 avril 2018