Pour ce deuxième rendez-vous Sur l’oreiller avec..., j’ai demandé à Rachel, alias @cunegondedelahaute, de bien vouloir répondre à mes questions. J’ai découvert son compte Instagram il y a peu de temps. Immédiatement, ses goûts littéraires m’ont attirée. Aussi passionnée que moi par la littérature nord-américaine, c’était certain que ça allait cliquer! J’en avais long à lui demander!
Que représente la lecture pour toi? Un besoin? Un divertissement? Une évasion?
Lire est pour moi un plaisir, une douceur, une sucrerie. On est seul avec une histoire, l’imaginaire peut partir en voyage sans aucun stress, pas de bagages à préparer, pas de réservations à effectuer… le bonheur. Ces moments de lecture sont donc devenus au fil du temps un vrai besoin, je suis accro!Quel livre t’a donné la piqure de la lecture?
Je pense que c’est Le lion de Kessel vers l’âge de 10 ans. Ce livre a été la découverte de l’aventure intérieure possible, mais avant ça, ma mère nous racontait beaucoup d’histoires avant le coucher. Ensuite, j’ai commencé à lire de plus en plus en piochant un peu partout. Les souvenirs d’enfance de Pagnol m’ont aussi beaucoup marquée, j’avais l’impression de voir, de sentir la garrigue, d’être là à coté de cet enfant. C’est magique.Comment organises-tu tes lectures?Je crois qu’il faut que j’arrête d’organiser mes lectures car je ne me tiens pas du tout à ma pile à lire prévue. En fait, j’aime choisir dans l’instant ma prochaine lecture. C’est pour cela que j’ai toujours une cinquantaine de «nouveautés» en stock afin de faire mon choix quand je cherche ma prochaine lecture, comme une petite librairie. Et comme j’aime aussi relire, le choix est vaste! Une fois ma lecture terminée, je note sur la première page la date, puis je pose le livre sur la pile des livres lus dans le mois.Où lis-tu le plus souvent?Plus ou moins allongée dans mon canapé en écoutant des disques, c’est vraiment mon endroit préféré, surtout si la pluie tombe. Dans mon lit aussi, mais là j’ai tendance à m’endormir trop vite. Et puis un peu partout dès que je m’ennuie. J’ai quasiment toujours un livre avec moi, on ne sait jamais.Comment choisis-tu tes prochaines lectures?En fonction des nouveautés qui sortent en librairie, de mes découvertes, des conseils de certains blogueurs, instagrammers qui ont des goûts proches des miens (toi, par exemple…) et des conseils de quelques libraires. L’actualité peut aussi influencer mes décisions. Et si j’ai aimé un auteur, je cherche à lire toute son œuvre, donc j’achète ses nouveaux ouvrages et les anciens. J’ai aussi une grande confiance en quelques éditeurs comme François Guériff et Oliver Gallmeister, je sais que l’écriture sera toujours de qualité, même si je n’accroche pas toujours à l’histoire.Ton plus récent coup de cœur?L’origine des autres de Toni Morrison publié aux éditions Christian Bourgeois. C’est une série de conférences qu’elle a donné à Harvard sur le racisme. Je trouve cette femme tellement fine, intelligente, sans concession et son écriture est belle, complexe, mais tellement juste. Toute son œuvre me plaît, elle fait partie de ces écrivains qui deviendront des classiques.Où achètes-tu tes livres?
En librairie indépendante ou non. Si je passe devant une librairie, je rentre et je ressorts 2 fois sur 3 avec un ouvrage ou plus… À Bruxelles, j’aime bien la Librairie Flagey qui est spécialisée en BD mais qui a un excellent choix de romans américain et de science fiction. Je vais aussi beaucoup dans les bouquineries. Et pendant mes vacances dans les Pyrénées, je passe dans l’excellente librairie Kairn à Arras-en-Lavedan qui a ouvert il a peu de temps. Le choix est formidable, la déco aussi, la propriétaire connaît ses livres et on peut boire un verre et manger un morceau. Pour les livres d’occasion, un libraire devenu un ami vend de superbes ouvrages sur le marché d’Argeles-Gazost. Il m’arrive d'aller à la Fnac… mais jamais sur Amazon!En un mot, comment qualifierais-tu ta bibliothèque?Elle est carrément pas mal! J’aime beaucoup la regarder bêtement. Elle me donne de la joie. Voir tous ces livres dans lesquels je peux piocher des histoires, des savoirs, des souvenirs, c’est un grand bonheur. Année après année, je vois ma bibliothèque USA/Canada devenir de plus en plus intéressante, pointue et passionnante. En plus, je suis amoureuse de l’objet livre, je trouve que voir des livres, les différentes couvertures, les différents formats permet de rendre un espace plus chaleureux, plus cosy.Termines-tu un livre qui t’ennuie?Non, pas toujours, mais ça me fait mal au coeur, j’ai l’impression de trahir l’auteur. Donc quand j’abandonne, c’est que l’auteur me prend pour une imbécile.As-tu déjà eu une panne de lecture? Si oui, quel est ton truc pour y remédier?C’est rare, mais dans ces cas là, je lis un Balzac ou un Jim Harrison et ça repart très vite!D’où vient cette affection pour la littérature américaine?Une amie m’a un jour prêtée Dalva de Jim Harrison, je ne l’ai plus jamais quitté. Et évidemment, je suis allée vers des auteurs proche de son univers, McGuane, Stegner, Erdrich, puis d’autres comme Morrison, Fante, Welch… J’ai enfin l’impression d’avoir trouver ma littérature.Elle est si jeune, pleine d’énergie, mais violente aussi car c’est une société qui s’est construite dans la violence. Et contrairement à la littérature contemporaine française, il n’y a pas de pathos. Étrangement, les Américains ne se regardent pas le nombril (sauf les écrivains new-yorkais que je n’apprécie pas particulièrement). Il y a une recherche constante d’identité mais pas au travers d’une personne, mais d’un groupe (les Afros-Américains, les Amérindiens, les petits Blancs pauvres de l’Amérique profonde...). Le groupe est très présent dans la littérature américaine. Leur double citoyenneté (Citoyens de l’État fédéré et de l’État fédéral) est très étonnante. Et puis, un écrivain des Appalaches est tellement différent d’un écrivain californien. Ils sont profondément ancrés dans un territoire, la nature est aussi très présente, un véritable personnage. Il y a des mondes à découvrir dans la littérature américaine. Et les auteurs américains n’ont pas peur de montrer l’envers du décor, la réalité est loin de correspondre au mythe du rêve américain. Il y a une vraie critique sociale, même dans les romans noirs et les polars.Tu participes au challenge Mai en nouvelles. Que représente ce genre littéraire pour toi? J’aime beaucoup les nouvelles et j’en ai une assez belle collection. Les nouvelles sont pour moi de véritables petits romans. Une bonne nouvelle doit être fulgurante et me laisser pensive. Si je lis un bon recueil de nouvelles, j’ai l’impression d’avoir lu 10 romans. Et puis, c’est souvent par ce biais que l’on peut donner une voix à un jeune auteur. Encore une fois, les Américains et les Canadiens sont excellents dans ce genre littéraire. Peut être tout simplement parce qu’ils ne méprisent pas les nouvelles et qu’ils les publient dans des revues d’excellente qualité; même des magazines de chasse ou masculins publient des nouvelles formidables.Quel est ton rapport avec les réseaux sociaux?Je suis à l’aise avec car ils constituent une partie de mon métier. Mais c’est très récemment que j’ai ouvert mon compte perso IG. Je trouve que ce réseau social est parfait pour partager des centres d’intérêt. Et je trouve cet échange enrichissant. Je n’ai pas peur des réseaux sociaux car j’estime que l’on doit assumer nos prises de position et je suis capable de faire des pauses. Je vais sur les réseaux sociaux quasi quotidiennement mais je m’en passe de temps en temps. Il faut aussi faire attention à être avec les siens et profiter de la réalité sans faire de photos.Et avec les blogues littéraires (le tien et ceux des autres)?J’en lis peu, mais ceux que je lis sont de qualité (Hop! sous la couette, évidemment, Encore du noir et Tombée du ciel entre autres...). J’aime que les critiques littéraires soient bonnes sans pour autant chercher la petite phrase, la critique à tout prix ou le passage de la brosse à reluire. Et puis évidemment, j’aime beaucoup quand ils parlent de littérature américaine ou que le blogueur fait de l’analyse de classiques de la littérature française. Je suis toujours bluffée de voir le travail réalisé par les blogueurs, et je suis une flemmarde...Tu n’as rien publié sur ton blogue depuis le 6 mars. Qu’est-ce qui se passe? Un petit coup de mou?!Non, mais le temps passé à écrire une critique est du temps perdu pour la lecture! Et puis, je crois que je préfère une critique courte et directe que de longs résumés accompagnés de tartines indigestes. Instagram me correspond plus. En plus, je n’ai pas le sens de la formule et je trouve mon écriture plate. Mais il faudrait effectivement que je fasse un petit effort pour le mettre à jour.À part la lecture, tu as une autre passion?Oui, plusieurs. J’adore cuisiner, bricoler et j’ai une passion pour la montagne. Je randonne beaucoup dans les Pyrénées, mais je pratique aussi l’escalade 2 ou 3 fois par semaine en salle ou en falaise avec mon mari. C’est important de vivre des moments intenses, surtout en pleine nature.Fais-tu toujours ton lit le matin?Toujours! J’ai horreur de me coucher dans un lit défait. En plus, j’adore ma chambre et rien que pour la déco, c’est plus beau quand le lit est fait! Je collectionne les draps anciens brodés et j’aime me glisser dedans, le problème reste le repassage... que je ne fais pas.En quoi as-tu mauvais caractère?Je suis capable de devenir une machine à argumenter pour défendre un point de vue ou remettre quelqu’un en place. J’ai une personnalité assez forte et je peux hausser la voix très facilement... Heureusement, mes enfants et mon mari sont habitués et donc, pas trop traumatisés…Quel est ton plus beau coin de Bruxelles?Côté nature, j’aime beaucoup me promener au parc Tournay-Solvay, et coté ville, le quartier du Sablon et des Marolles a ma préférence. Mais, mon coeur reste à Paris...Ché pas pour toi, mais moi, j’adore ce rendez-vous!