Des vacances d’été pas comme les autres

Des vacances d’été pas comme les autres

L’été fantôme (Elizabeth Holleville – Editions Glénat)

Comme chaque été, Louison et sa grande sœur Lydie passent les vacances d’été chez leur grand-mère, dans une vieille demeure aux murs épais. Une maison imposante avec un grand jardin, idéalement située à quelques minutes du bord de mer. Le rêve pour tout enfant. D’autant plus que la grand-mère a un chien rigolo qui s’appelle Rodin. A 10 ans, Louison est à cette période de la vie où on sort tout doucement de l’enfance, sans être encore tout à fait dans l’adolescence. D’ailleurs, sa soeur lui reproche de trimbaler en permanence une poupée de troll. « T’es un peu grande pour ce genre de jouet », lui dit-elle. Mais Louison n’en a cure: encore très jouette, elle attend avec impatience l’arrivée de ses grandes cousines pour aller s’amuser avec elles sur la plage. Elle se réjouit déjà de construire des châteaux de sable ou de creuser des trous super profonds, comme elles ont l’habitude de le faire. Hélas pour elle, Louison va vite déchanter. Car ses cousines et sa grande soeur ont désormais d’autres préoccupations. Lorsqu’elles vont sur la plage, les trois adolescentes pensent avant tout à repérer des beaux gosses, comme ce garçon au look de surfeur par exemple. Et le soir, elles préfèrent aller boire des verres que de jouer à des jeux de société. Du coup, Louison n’a pas d’autre choix que de rester toute seule dans le jardin de sa grand-mère. C’est là qu’elle fait un jour la rencontre de la mystérieuse Lise, une jeune fille de son âge. Mais est-ce qu’elle existe vraiment, cette fille au look plutôt rétro? Et si cette Lise était en réalité le fantôme de sa grand-tante, morte soixante ans plus tôt dans ce même jardin?

Des vacances d’été pas comme les autres

Difficile de ne pas penser à l’excellent « Ces jours qui disparaissent », de Timothé Le Boucher, en découvrant « L’été fantôme ». Pas seulement parce qu’il est publié dans la même collection « 1000 Feuilles » aux éditions Glénat, mais parce que les deux livres et les deux auteurs ont de nombreux points communs. Tout comme « Ces jours qui disparaissent », « L’été fantôme » est un roman graphique volumineux et ambitieux (plus de 250 pages!) avec une dimension fantastique évidente mais aussi d’autres niveaux de lecture, en particulier une description très fine du passage de l’enfance à l’adolescence. Tout comme Timothé Le Boucher, Elizabeth Holleville est née en 1988 et a été formée à l’Ecole européenne supérieure de l’image à Angoulême. Tout comme lui, elle signe à la fois le scénario, les dessins et les couleurs de son album. Et puis surtout, tout comme lui, elle est une jeune autrice à suivre de très près, qui réussit des débuts fracassants dans le monde de la BD. Car « L’été fantôme » est un roman graphique à la fois réussi et original, grâce surtout à une identité visuelle particulière et une galerie de personnages féminins très convaincants. Inspiré de sa propre enfance (« de mes 9 à 13 ans, j’ai passé plusieurs étés dans la maison d’une amie de mes grands-parents, une maison très ancienne, plongée dans l’obscurité à cause de la chaleur du Midi, et remplie d’objets et de photos du passé chargés en souvenirs », raconte-t-elle), ce roman graphique parvient à merveille à restituer l’atmosphère tellement particulière des vacances d’été lorsqu’on est enfant et qu’on s’ennuie. En prenant son temps pour raconter son histoire et en se focalisant sur des petits détails, Elizabeth Holleville nous fait ressentir ces journées estivales comme si on y était. Souvent, on a même l’impression que le temps s’arrête. En attendant les grandes vacances, « L’été fantôme » s’impose d’ores et déjà comme l’un des romans graphiques incontournables à embarquer dans ses valises cet été.