Résumé :
Martin Servaz vient d’intégrer, en mai 1993, la police judiciaire (PJ) toulousaine. Pour sa première enquête, il doit découvrir qui a tué deux jeunes filles habillées en communiantes qui étaient fan d’un auteur qui a publié un roman éponyme… Alors que l’affaire connaît un dénouement surprenant celle-ci revient le hanter 25 ans plus tard. En effet, la femme de ce même auteur, Erik Lang, est retrouvée assassinée vêtue elle aussi en communiante. Se pourrait-il que le coupable de l’affaire de 1993 soit toujours en liberté ? Doit-il chercher à lier les deux enquêtes ?
L’intrigue :
Celle-ci débute en 1993 et à ma grande surprise, le lecteur n’a pas seulement un prologue qui se passe 25 ans avant comme dans la majorité des romans mais une partie du roman qui se déroule à cette époque-là. Ainsi, les 200 premières pages sont consacrées à la découverte des personnages du roman et à cette première enquête. Ce qui la rend si spéciale c’est qu’il s’agit de la première enquête du personnage principal et que nous le voyons évoluer sous nos yeux. On peut alors voir, entre autres, la stupéfaction d’un débutant dans la police, d’un « bleu » sur les méthodes employées par ses supérieurs lors des interrogatoires. Toute cette partie-là du livre est intéressante puisque nous voyons le personnage de Servaz sous un autre angle que celui que nous avons depuis le début de la saga. Il n’est plus expérimenté, connaissant les ficelles, le métier, mais nouveau avec pour seul atout son flair et tous les éléments qui semblent vouloir être contre lui. Puis la deuxième partie du livre vient sur l’assassinat de la femme d’Erik Lang et Bernard Minier s’aide alors de la première partie de son livre pour nous embrouiller encore plus et mêler toujours plus les pistes. Par ailleurs, on suit au fil de l’intrigue une sorte d’intrigue secondaire comme avec Marianne lors des romans précédents, mais il s’agit cette fois-ci de ses parents (je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la lecture ). Quand au dénouement, si on peut le penser classique durant un instant, on se rend vite compte que rien n’est fini et que le lecteur a encore une fois été berné tout au long du livre.
Les personnages :
Si la fin peut être surprenante, l’intérêt et le coup de maître de l’auteur dans ce roman se situe cette fois-ci dans les personnages et dans l’ambiance qu’ils installent. J’avais déjà parlé de Martin Servaz dans une chronique précédente je ne vais donc pas m’attarder sur son personnage pour ne pas trop alourdir la chronique. Parlons plutôt d’Erik Lang puisqu’il s’agit, selon moi, du personnage central de ce livre. Il s’agit d’un écrivain à succès avec comme style de livre des thrillers décrits comme très noirs dont des lectrices sont assassinées. Vous l’aurez compris, on peut y voir une mise en abyme vis-à-vis de Bernard Minier et de celui qui est en train de lire le livre. Sauf que si la comparaison s’arrêtait là, l’intérêt ne serait pas aussi grand. En effet, il est question tout au fil du livre de fans « bizarres » qui agissent de manières démesurées pour obtenir la reconnaissance de leur(e) idole. Ainsi, contrairement aux autres romans on ne s’identifie pas aux personnages dans le roman puisque le personnage auquel nous pouvons nous identifier est…nous même ! On est ce fan dérangeant qui va trop loin, on est une des deux victimes retrouvées assassinées dans la forêt. Bref, de quoi nous donner quelques frissons…
Petit plus :
Tout comme dans Je te vois de Clare Mackintosh on trouve des pages écrites en italiques où une personne inconnue pas très bien intentionnée parle de ses pensées ce qui permet d’augmenter le suspens. Ainsi, l’histoire nous tenant déjà fortement en haleine, ce petit plus permet de rajouter encore un peu de suspens dans le livre. Cependant, j’ai trouvé dommage que cela arrive si tard… J’aurai aimé pouvoir profiter de cela plus que deux ou trois fois dans tout le livre.
Même avec cette obscurité elle pouvait voir qu’il avait le visage empourpré. Il les dévisagea. Un large sourire sur sa face, ses yeux étincelants de convoitise et de cruauté.
Mon avis :
Comme vous l’auraient compris, j’ai adoré une nouvelle fois ce livre. Ceux qui nous lisent avec La Bouquineuse depuis le début savent que je suis fan de Bernard Minier. En ce qui concerne ce livre, la fin est loin d’être aussi surprenante et bien amenée que dans Une putain d’histoire mais pour moi l’intérêt de ce livre ne résidant pas là mais plus dans l’ambiance que l’auteur a construit au fil du livre. Ainsi, je recommande ce livre à tous ceux qui aiment les romans policiers tout en étant conscient que ce livre n’est pas à faire lire à tous puisque, une fois n’est pas coutume, l’ambiance est extrêmement sombre : je pense qu’il s’agit, pour moi, d’un de ses livres les plus sombres.
Titre : Soeurs
Auteur : Bernard Minier
Éditions : XO Editions
Année de parution : 2018
Genre : Thriller
Nombre de pages : 464
ISBN : 978-2-37448-034-3