Bien que reprenant toutes les caractéristiques du personnage, le Punisher de Jason Aaron ne nécessite aucune connaissance particulière pour s'y plonger, et apprécier l'aventure. La série intitulée PunisherMax en effet, possède une chronologie et une identité qui lui sont propres, et existe en dehors de la fameuse continuité Marvel. Il s'agit d'un parcours vécu à 100 à l'heure. Le Frank Castle avec qui nous faisons connaissance dans le premier épisode est un justicier fatigué; le poids des ans se fait sentir, sa motivation chancelle, et sa santé mentale n'est pas des plus claires. En ville, les choses évoluent avec l'arrivée d'un nouveau boss du crime qui prend le pouvoir sur toutes les grandes familles mafieuses. Wilson Fisk, alias le Caïd, transforme ce que tout le monde murmure comme une légende, en une triste réalité. C'est lui qui domine, et comme vous pouvez l'imaginer, le Punisher représente un obstacle sérieux sur son chemin.
Il va donc décidé de s'en débarrasser au plus vite, d'autant plus que son adversaire est diminué, et déjà bien malmené, par un certain Ménonite, qui lui en a fait voir de toutes les couleurs. Ce Frank Castle là passe son temps à se faire recoudre et recoller, mais il est toujours sur la brèche, et ça tombe bien car Fisk a fait appel à Bullseye, un tueur à gages sans pitié, qui ne rate jamais sa cible, et qui est complètement cinglé. Ultraviolent, désaxé, pervers à l'extrême, Bullseye n'a qu'une seule idée en tête, connaître à fond Frank Castle, pour l'anéantir une bonne fois pour toutes.
L'affrontement entre les deux antagonistes est vraiment sanglant! Une lutte sans merci, où tous les coups sont permis, comme on en a rarement vu. Et pourtant, Dieu sait si nous en avons vu, avec le Punisher! Aaron n'oublie pas d'alterner les scènes les plus gores et les plus crues, avec des flash-back qui nous permettent de mieux cerner la manière dont les personnages se sont construits. Vous avez aimé le run de Garth Ennis? Nous sommes ici dans le même genre, voire même par moments plus loin encore dans l'innommable et le caustique.
Wilson Fisk a ainsi été sodomisé dans sa cellule, alors qu'il était incarcéré durant ses premières années. Bullseye assassine des familles entières, juste pour reconstituer le drame fondateur qui a abouti à la création du Punisher. Quant à ce dernier, il malmène la police, et la vérité lui éclate au visage. Certes, il a perdu sa famille lors d'un pique-nique à Central Park, mais pour autant, était-il le père et l'époux idéal? Absolument pas, et lorsque l'évidence se fait jour, Castle ne peut rien face à ce constat désarmant.
Pour dessiner tout ceci, il fallait à la fois un spécialiste du Punisher, et quelqu'un qui est capable de représenter la violence la plus extrême de manière détachée, pour la rendre aussi drôle qu'acceptable visuellement. C'est la force de Steve Dillon. Si ce n'est pas un dessinateur des plus appliqués et extraordinaires en apparence, le regretté Dillon est capable de donner corps à tout un monde ultra glauque, tout en conservant une manière claire de raconter les scènes, et de garder un esprit satirique so british jusqu'à la dernière vignette. Le PunisherMax pousse le concept à l'extrême, et une fois relu dans sa totalité, se révèle être un récit prenant et fort, porté par une logique implacable de mort, vers laquelle le Punisher est lancé. Bref, un Marvel Icons chez Panini, que l'on peut déjà classé au chapitre des indispensables.
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