Pour services rendus
Iain Levison
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fanchita Gonzales Batlle
Publié chez Liana Levi
5 avril 2018
219 pages
Les mensonges ! Comment fabriquer de vrais témoignages et de fausses preuves (quitte à aller très loin) pour faire perdre son adversaire aux élections sénatoriales ? Tel est le thème de ce dernier roman de Iain Levison, court, mais efficace et très bien construit.
1969. Vietnam. Drake est sous les ordres de Fremantle.
2016. Etats-Unis. Drake est sénateur et se représente aux élections. Fremantle est directeur de la police d’une petite ville du Michigan. Le second devra aider le premier à gagner les élections, de témoignage en témoignage, de petit mensonge en gros mensonge.
Iain Levison démonte méticuleusement l’engrenage des manœuvres politiciennes, dans une satire qui fait frémir parce qu’on sait que, dans la vraie vie, les mécanismes de l’accession au pouvoir sont les mêmes.
J’ai aimé la mise en parallèle de l’absurdité de la guerre au Vietnam et de l’absurdité d’une campagne électorale où tous les coups bas sont permis, tout ça pour élire un type avide de pouvoir. La mauvaise foi, apanage des politiciens, les discrédite à longueur de temps mais elle leur colle à la peau, et ils n’envisagent jamais de faire sans. La mauvaise foi des militaires est la même, ils donnent des ordres, sans être convaincus de leur bien-fondé, quitte à envoyer leurs hommes au carnage.
J’ai aimé le dernier chapitre qui explique le pourquoi du comment, qui éclaire tout à fait le lecteur sur les vraies raisons de l’acceptation de témoigner… et qui clôt le roman de manière tout à fait inattendue mais parfaite, qui boucle la boucle de façon magistrale.
Comme Jérôme, j’ai juste regretté une toute petite chose (mais c’est une peccadille) : l’humour si présent dans Un petit boulot, et quelque peu absent de ce dernier roman. Mais heureusement, le cynisme est toujours là et bien là et je me suis régalée !