Les chroniques de Zi – Livre I : Phelan, de Jean-François Chabas, paru en janvier 2018 chez Nathan
L’avantage d’avoir repris des études dans le monde du livre cette année, c’est que je rencontre pas mal de personnes qui ont déjà eu une vie antérieure dans un milieu professionnel livresque. On papote, on échange, on discute donc pas mal autour du livre, notamment de jeunesse. Je suis une petite chanceuse, car une camarade de promo m’a fait découvrir le nouveau livre de Jean-François Chabas, ce que je n’aurais probablement pas fait de moi-même autrement. Non pas que je ne n’aime pas Chabas, mais je le connais beaucoup plus à travers ses albums et textes pour les plus jeunes, que par ses romans. J’ai toujours eu envie de me mettre à ses romans, mais ne savais pas par où commencer. Ce fut fait, il y a quelques mois avec Les filles de Cuchulainn, grâce à la box Le Ptit Colli. Et quoi de mieux finalement de poursuivre ma découverte de son univers avec sa dernière parution : le premier tome d’une nouvelle série, Les chroniques de Zi.
J’ai trouvé le résumé de quatrième de couverture un peu embrouillé, car il mélange les deux parties du livre sans qu’on ne les distingue vraiment, je ne vais donc pas vous le retranscrire ici, mais vous donner ma version.
Partie 1 : Une sorcière puissante règne sur le royaume des Mille Lacs depuis plusieurs siècles. Les habitants ne sont que rarement confrontés à elle, quand elle vient kidnapper des enfants pour s’en délecter. Elle ne fait d’habitude pas grand bruit sur ce pays. Mais quand elle décide de s’en prendre au bébé princier, tout le royaume se met à ses trousses. Sans succès. Le petit ange disparaît dans la forêt ensorcelée, le repère de la sorcière que nul ne peut franchir.
Partie 2 : Une quinzaine d’années plus tard, nous faisons la connaissance de Phelan et Turi, deux adolescents, meilleurs amis qui s’entendent comme chien et chat, et qui vivent dans le village de Cairnbaan, au pied du château des souverains du royaume des Mille Lacs. Il y a quelques jours, une jeune princesse venue du royaume des Trois Vagues est passée par chez eux. Phelan en est tombé sous le charme. Malheureusement, le cheval de la princesse, devenu fou, l’a emmenée dans le repaire de l’Ogre, dans les Monts Jaunes. Fou d’amour, Phelan part à sa recherche. Turi ne tardera pas à le rejoindre.
Les deux parties sont donc séparées par un bon nombre d’années, mais également par le fait que dans l’une et l’autre les personnages sont différents. On se doute qu’à un moment les protagonistes de chaque partie vont se rejoindre, mais ce n’est pas le cas pour l’instant.
Laquatrième de couv, pour comparer
Malgré le fait que je sois totalement envoutée par les albums jeunesse de Jean-François Chabas et que j’ai commencé ma lecture avec beaucoup d’enthousiasme, je ne peux pas vous cacher que je ressors de ma lecture mitigée. Mais un mitigé-positif.
L’univers de Chabas est intact. On retrouve sa plume, sa poésie, son style et des personnages au profil épique. La force d’écriture de l’auteur fait que l’on se plonge très vite et très facilement dans le nouveau monde qu’il vient de créer. Une carte en début de roman, aide bien évidemment à cette immersion. On peut d’autant mieux visualiser les déplacements de chacun. Les personnages fantastiques sont très bien dépeints, sans être trop exagéré, avec des traits caractéristiques de leur profil, mais avec tout de même un renouveau qui fait que l’on accroche. Le choix des noms est également essentiel et Jean-François Chabas excelle toujours dans cet art.
Cependant, ce qui m’a un peu rendue la lecture difficile est le lien d’amitié entre nos deux héros de la deuxième partie (beaucoup plus longue que la première). Tout le temps à se chamailler, mais s’aimant tout de même. Personnellement, ça ne m’a pas du tout permis de m’identifier et du coup a rendu mon immersion dans l’histoire incomplète. J’ai également eu un peu de mal avec le fait que j’arrivais à anticiper tout ce qui allait se passer. Tous les rebondissements et retournements de situations sont classiques, sans nouveautés. Je me disais « il va être sauvé grâce à ça » ou « maintenant je parie qu’il va arriver un truc comme ceci », et c’était à chaque fois le cas. Sachant que le roman est recommandé à partir de 13 ans, je pense que les lecteurs peuvent attendre un peu plus de surprise. En revanche, je ne peux nier l’originalité de certaines créations de scènes, comme la maison près des Monts Jaunes (je ne peux pas vous en dire plus) ou les créatures loufoques rencontrées sur le chemin.
J’ai aussi un peu tiqué sur le côté trop fleur bleue pour moi qui apparaît dès la deuxième partie. Phelan qui est épris d’amour pour la princesse Nara, d’une façon trop classique et poussée à mon goût, alors qu’il n’a fait que croiser son regard. Cela me fait peur pour la suite, pour leurs retrouvailles, qui j’espère ne seront pas dégoulinantes avec un fameux « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».
J’aurai également voulu que ce tome soit plus conséquent et aille plus loin, car je ne comprends pas le principe de faire deux parties avec des personnages différents et qu’à la fin du roman, les protagonistes de chacune ne se soient pas encore rencontrés. Je n’attendais que ça, la rencontre de la sorcière avec Phelan et Turi, d’autant plus que le résumé de quatrième de couverture donne l’impression que ça va être le cas, mais il n’en est rien. Je suis donc un peu déçue que cette rencontre ne se profile que pour le/les volume(s) suivant(s). Ça fait également un peu long pour savoir ce qui est arrivé au bébé princier enlevé dans la première partie.
Enfin, la dernière petite critique de ma part (après j’arrête de taper dessus, c’est promis) serait pour le titre de la série. Sans rien vous spoiler d’extraordinaire, Zi est un personnage que l’on ne rencontre dans ce roman que très succinctement et qui paraît sans conséquence pour le moment, mais à la vue du titre de la série, on se doute qu’on le retrouvera plus tard. Mais ce plus tard refroidit un peu trop à mon goût. Quand j’ai découvert qui était Zi et que j’ai donc enfin pu faire le rapprochement avec le titre, j’aurais aimé que cela s’approfondisse. Je me doute que cela va se développer de façon conséquente par la suite, mais du coup on reste sur sa fin pour un premier tome (comme pour la rencontre entre la sorcière et les deux adolescents).
Malgré toutes ses minis critiques de ma part, je ne lance absolument pas la pierre à cette série. J’ai même très envie de pouvoir en découvrir la suite (qui sortira cet été si je ne m’abuse). C’est juste que j’en ressors frustrée pour plein de détails que j’aurai voulu voir dès ce premier tome. C’est rare un roman qui me laisse autant sur ma faim, dès le premier volume. Cependant, je ne sais pas combien de tomes sont prévus par Jean-François Chabas, mais cela peut promettre une belle série épique si le tout est bien tourné. J’espère juste comprendre assez vite les liens qui me manquent pour apprécier pleinement cette saga.
Le récap’
Points positifs :
- La plume de l’auteur est toujours aussi efficace.
- Une poésie et une tendresse, entourée de fantastique et de terreur, pour un bon équilibre.
- Des personnages attachants.
Points négatifs :
- Une identification pas simple pour tous les lecteurs.
- Des scènes parfois un peu trop prévisibles, même si d’autres sont très créatives.
- Des détails pas encore révélés qui laissent un peu trop sur sa faim.
Joyeuses découvertes littéraires les loulous !