Jean-Luc Seigle
Flammarion
Août 2017
239 pages
« Tout finit dans l’absence et le silence absolu du monde. »
J’ai eu peur ! J’ai beaucoup aimé les deux précédents romans de l’auteur, ma rencontre avec lui dans une petite bibliothèque de campagne, et je partais donc confiante pour aborder ce troisième roman.
Seulement voilà, les premières pages me laissaient de marbre, j’assistais, pétrifiée, à la description d’une femme malheureuse, au bout du rouleau, tellement au bout qu’elle avait pensé tuer ses enfants et se suicider ensuite, et moi, inerte, imperturbable, à lire des phrases brèves, presque cliniques, sans qu’elles ne produisent aucune émotion en moi.
Heureusement, cela n’a pas duré. Dès que l’auteur a commencé à évoquer les ancêtres de Reine, j’ai retrouvé l’écriture que j’apprécie tant et puis surtout, dès que le ciel s’est ouvert pour elle, que le bleu a éclaté, que la vie est revenue avec ses espoirs, j’ai réussi à naviguer entre les mots, entre les phrases, les images sont venues en force, et l’histoire m’a touchée en plein cœur.
J’avais encore une légère crainte, celle d’une fin heureuse, genre bonbon collant, mais c’était sans compter sur le talent de l’auteur pour dépeindre une société en crise qui oublie ses « exclus », et les laisse s’enfoncer toujours davantage sans même leur tendre la perche dont ils ont besoin.
Un beau moment de lecture, comme toujours avec cet auteur.
Ce tableau de Rembrandt à découvrir derrière les mots de Jean-Luc Seigle :
L’avis d’Eve qui a beaucoup aimé.