Le cauchemar Edgar Poe de Polly Shulman, paru chez Bayard en 2016
Susannah, dit Sukie, n’a pas la vie facile depuis quelques temps. Une malédiction familiale tue à petit feu certains membres de sa famille depuis des années, et, dans sa génération, c’est sa sœur, Kitty, qui en a été victime. Depuis son décès, le fantôme de Kitty reste présent et protège Sukie. Mais cette aura mystérieuse qui plane autour de la jeune fille n’arrange pas ses relations sociales. Sukie est seule. D’autant plus depuis que ses parents ont perdu leur travail et se sont retrouvés dans l’obligation d’aller vivre au manoir Thorne chez la grand-tante Hepzibah. Pour aider ses parents, Sukie les suit dans les marchés aux puces où ils tentent de vendre quelques objets. C’est dans l’un de ces marchés qu’elle fait la connaissance d’Elisabeth et Andreas, employés au Dépôt d’Objets Empruntables de la Ville de New York. Ils ont l’air très intéressé par un balai quelconque que tient Sukie ainsi que par la capacité de cette dernière à détecter certaines « anomalies » dans des pièces rares. Sukie va se voir embarquer dans un monde fantastique, chapeautée par Elisabeth et Andreas, qu’elle ne soupçonnait pas : le manoir où elle vit est hanté, son balai vole et sa grand-tante Hepzibah n’a pas l’air étonné de tous ces éléments…
Après La malédiction Grimm et L’expédition H.G Wells, je ne pouvais pas faire autrement que de vous présenter le troisième tome de la saga : Le cauchemar Edgar Poe. Et je suis très agréablement surprise par ce tome, qui m’a moins rebutée sur sa fin comme l’ont fait les deux premiers.
J’ai beaucoup aimé retrouver l’univers qui m’était cher dans les deux tomes précédents, qui est ici pourtant abordé complètement différemment. On n’entre pas dans les rayonnages du Dépôt d’Objets comme dans les deux premiers tomes, on n’y fait que passer. Sukie ne deviendra pas magasinière là-bas comme les autres héros que nous avons déjà rencontré. En revanche, on découvre bien le Corpus Lovecraft, sous un angle particulier. On ne s’aventure pas vraiment dans le Corpus en lui-même, mais dans une de ses annexes, la Collection Poe : y sont regroupées des maisons hantées sorties des plus grandes fictions d’horreur de tous les temps. Et cette collection est tenue par Elisabeth Rew, l’héroïne de notre premier tome qui a maintenant bien évolué.
Ce sont donc deux points très agréables de ce récit. On retrouve un univers sympathique et plaisant, mais sous une autre forme, histoire de toujours tenir en haleine de lecteur et de lui offrir de la nouveauté. Et on retrouve également des personnages principaux, qui passent cette fois-ci au second plan pour laisser la lumière sur un nouveau héros. Encore une fois le lecteur ne peut donc pas se lasser ou ne pas aimer ce qu’est devenu notre héros, puisque c’est un nouveau.
Ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman ce sont toutes les références littéraires qui y sont glissées. Dans le premier tome, on avait plusieurs références à des contes. Dans le second à des histoires de science-fiction. Dans ce dernier, on se retrouve inévitablement devant des références de récits d’horreurs. Notamment Edgar Allan Poe dont est fan le jeune Andreas. C’est une vraie petite mine d’or pour les lecteurs passionnés. Et merci à l’autrice d’avoir précisé à la fin de son roman que toutes les références données sont réelles, à part celles de Laetitia Flint, autrice préférée (mais fictive pour nous) de Sukie dans le récit. J’aurai pu passer des heures à essayer de chercher sinon.
Edition anglaise
Tandis que dans les deux premiers tomes j’ai un peu tiqué sur la tournure des évènements vers la fin et une histoire d’amour un peu trop gnangnan à mon goût, je ne me suis pas retrouvée dans cette situation cette fois-ci. Un tout petit hic quand même pour le fameux Cole, qui fait partie des harceleurs de Sukie au début, mais fait un gros revirement et devient éperdue d’elle, sans que cela ne choque la jeune fille. Mais à part ça, le reste est mieux tourné. Les évènements se précipitent encore une fois vers la fin alors que l’on se promenait tranquillement au début, mais cela choque moins car suit plus le cours du récit. C’est mieux expliqué, détaillé et cela ne fait pas perdre la crédibilité du tout.
Le Dépôt d’Objet est composé de quatre Collections Spéciales et il nous en reste une à découvrir : la Chrestomathie de Gibson. J’aimerais beaucoup pouvoir aller y faire un tour, seulement je ne sais pas du tout si c’est prévu. Polly Shulman a sorti à environ 2-3 ans d’écart chacun de ses tomes. Le cauchemar Edgar Poe est paru en 2016 (version anglophone ou française). Peut-être aurons-nous bientôt le plaisir de découvrir une quatrième aventure dans les tréfonds de la bibliothèque spéciale de New-York ? Aucun indice sur la page de Bayard pour le moment…
Le récap’
Points positifs :
- Toujours autant de crédibilité donnée au récit grâce à la fluidité de la narration et des évènements.
- Retour dans un univers passionnant, mais sous un nouvel angle pour donner un coup de peps.
- De nouveaux personnages attachants et des anciens que l’on voit évoluer avec plaisir.
- On peut toujours lire les trois tomes dans un ordre indifférencié, gros bonus agréable.
Point négatif :
- Encore une histoire de sentiment un peu trop tirée par les cheveux pour moi.
Joyeuses lectures horrifiques les loulous !