ET ILS MEURENT TOUS LES DEUX À LA FIN, Adam Silvera


ET ILS MEURENT TOUS LES DEUX À LA FIN, Adam Silvera
« Nous sommes au regret de vous informer que vous allez être frappé par une mort prématurée dans les prochaines vingt-quatre heures. Toute l’équipe de Death-Cast est sincèrement désolée de vous perdre. Vivez pleinement cette journée, ok ? »
▬  ET ILS MEURENT TOUS LES DEUX À LA FINADAM SILVERACOLLECTION R24 MAI 2018414 PAGESMORT, JEUNESSE, DYSTOPIE ▬ 
ET ILS MEURENT TOUS LES DEUX À LA FIN, Adam Silvera
Encore une histoire de couverture ? Non. Cette fois-ci, c’est le titre qui m’étonne, m’interpelle quand je croise plusieurs fois ce livre sur instagram, ou twitter. De nombreuses chroniques fleurissent déjà et j’attends, un peu curieuse, mais surtout débordée par mes lectures. 
La mort est devenue un enjeu, une application, une responsabilité que l’humain prend en charge. Des dieux et autres annonciateurs de la faucheuse, ils ont été remplacés par Death-Cast. Entité téléphonique. Nouvelle déité. On sent presque un croisement d’inspirations, entre Black Mirror et American Gods. Ce qui n’est pas pour me déplaire, bien au contraire. Est-ce que la mort est devenue un business ? Est-ce que l’annonce se fait sur le coup d’une loterie hasardeuse ou mathématique ? Aucune réponse à ce sujet, et c’est peut-être le seul point négatif du roman. Cette absence de réponse, cette absence d’explications vis à vis de ce monde qu’on découvre et qu’on peine peut être à imaginer dans sa totalité. Difficile de percevoir les nouveautés, de s’imprégner réellement dans le décorum, au travers de la ville parcourue par deux garçons. 
Deux personnages. Mateo et Rufus. Ils sont l’opposition parfaite, l’envers et le revers du miroir. De l’un qui n’avait de sécurité qu’entre les murs de sa chambre, et de l’autre qui passait son temps à gambader au dehors - petit malfrat. Leur rencontre est dûe à une application, à celle qui permet de se trouver un Dernier Ami pour ses dernières heures. De là naissent des défis, une volonté d’aller de l’avant, d’affronter une vie qui s'essouffle. Vivre ses derniers instants, avoir quelqu’un à ses côtés. Le roman insiste peut être trop durement sur cette question ; avoir toujours un autre sur qui compter, quelqu’un pour nous pousser au delà des retranchements. Une bonne idée pour sortir les adolescents (et tous les autres, tout le monde) de leur carapace mais la répétition devient quelque peu lourde au fil des chapitres.  
Ainsi, le sujet est donné, la fin également dès les premières pages, et devrait-on dire, dès le titre. Est-ce donc intéressant de lire un livre où la fin est déclamée au début ? Après tout, ce roman n’est pas le seul, il ne fait que reprendre une tradition des tragédies au théâtre. Connaître la fin au commencement peut être déroutant, cependant, l’auteur parvient à nous faire oublier par instant, tout comme il rappelle parfois, insidieusement, que la faucheuse marche dans l’ombre des personnages. Avoir connaissance de la finalité permet avant tout de lier les événements, de voir ces petits grains semés qui mènent aux derniers mots, à l’attente de ce qui emportera les deux garçons. 
Les chapitres sont courts, s'enchaînent et ne semblent pas laisser de répit au lecteur, comme un rappel que la mort est là, à chaque coin de rue, derrière soi. Une technique efficace pour se laisser happer par le roman et ne jamais laisser tomber les deux personnages. 
Un univers où la mort est devenue pactole de la société. Il n’existe plus d’imprévu à la vie, pas même la mort que l’on connaît un jour à l’avance. Une fable intéressante, un récit qui force à prendre sa vie en main et à ne plus la laisser filer. 
ET ILS MEURENT TOUS LES DEUX À LA FIN, Adam Silvera
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